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Critique de cuisineetlectures


Le prologue plonge immédiatement le lecteur dans la tragédie, Thomas, l'ami de toujours, s'est suicidé. Thomas était brillant, intelligent, charmeur, cultivé, mais tout au long de sa courte existence, il a sabordé sa carrière professionnelle et sa vie amoureuse. Il fut l'amant, puis le meilleur ami de Catherine Cusset qui remonte le temps, non pour le conjurer mais pour mieux l'incruster dans sa mémoire et tenter de mieux comprendre son ami disparu…
C'est un long compte à rebours qui donne beaucoup d'intensité à tous les évènements. Elle reconstitue de la manière la plus minutieuse possible la vie de Thomas, égrenant les différents épisodes de sa vie de façon assez factuelle, s'adressant à lui tout au long du livre. C'est un procédé assez déroutant et même agaçant au départ, mais il faut se laisser porter…
C'est au final un portrait sans concessions de Thomas, évitant toute emphase ou embellissement, Thomas apparait dans toute sa complexité, son charme et ses failles. C'est également une passionnante plongée dans la vie universitaire américaine et le microcosme intellectuel parisien dans lequel évoluait son ami qui n'a jamais réussi à publier un ouvrage sur son sujet de prédilection, Proust, omniprésent dans ce récit vibrant, dont la citation en exergue de L'autre qu'on adorait, éclaire tout le livre :
« Une personne n'est pas comme je j'avais cru, claire et immobile devant nous avec ses qualités, ses défauts, ses projets, ses intentions à notre égard (comme un jardin qu'on regard, avec toutes ses plates-bandes, à travers une grille), mais est une ombre où ne pouvons jamais pénétrer, pour laquelle il n'existe pas de connaissance directe, au sujet de quoi nous faisons des croyances nombreuses à l'aide de paroles et même d'actions, lesquelles les unes et les autres ne nous donnent que des renseignements insuffisants et d'ailleurs contradictoires, un ombre où nous pouvons tour à tour imaginer avec autant de vraisemblance que brillent la haine et l'amour. »
Catherine Cusset porte un regard aigu sur l'amitié, la vie intellectuelle, les dernières pages de L'autre qu'on adorait donnent tout leur souffle à son témoignage, Thomas n'est pas complètement mort, grâce à ce livre intense et fort.
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