Diagnostiquée autiste Asperger à 27 ans,
Julie Dachez enseigne la sociologie à l'université et termine sa thèse au moment où elle écrit cet ouvrage. En s'appuyant sur son cas personnel et sur les expériences d'autres personnes autistes qu'elle a interrogées, elle présente sa vision de l'autisme et de la place des autistes dans notre société.
On distingue traditionnellement autisme lourd, non verbal, avec déficit intellectuel et autisme léger, Asperger, sans déficit intellectuel.
Julie Dachez préfère parler d'autisme visible ou invisible. Pour elle les tests de QI actuels ne sont pas adaptés pour mesurer les particularités cognitives des autistes. Etre autiste c'est avoir une façon différente de penser. L'absence de déficience intellectuelle serait le cas général chez les autistes mais en les enfermant dans des institutions médicalisées on les empêche de développer leur intelligence. La réalité est moins binaire et plus complexe, il est plus juste de parler de troubles du spectre autistique et les personnes peuvent évoluer et se positionner différemment sur un continuum en fonction de leur environnement et des périodes de leur vie.
Julie Dachez déplore que notre société soit trop normative et n'accepte pas des différences qui pourraient être un enrichissement. Elle fait le parallèle avec les sourds dont on a cru jusqu'au 18° siècle qu'ils étaient des débiles. En leur donnant un langage, l'abbé de l'Epée a prouvé qu'il n'en était rien. On peut faire un autre parallèle entre le fait que les autorités françaises ont longtemps tenté d'empêcher les sourds d'utiliser la langue des signes de même que la France est un des pays développé qui scolarise le moins les autistes.
Les autistes n'étant pas les seuls à être traités comme différents dans notre société,
Julie Dachez fait aussi le lien avec d'autres discriminations : sexisme, homophobie, racisme ; montre les points communs qu'on y trouve et plaide pour la non-mixité comme outil de lutte crucial. En parallèle il est question aussi du capitalisme qui opprime et du travail qui aliène. En somme, nous dit
Julie Dachez, autiste ou non autiste, il faut militer pour changer la société.
J'ai apprécié cet ouvrage, écrit dans un style vivant et très accessible. L'autrice s'adresse directement à son lecteur, l'interpelle en le tutoyant. Elle raconte des histoires de vie mais s'appuie aussi sur des sources scientifiques qui sont citées (sans nous encombrer non plus de références inutiles).
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