Sacrées sorcières

C'est avec un sentiment en demie-teinte que je termine ma lecture : Roald Dahl offre comme à l'accoutumée un imaginaire prolifique et fantaisiste au moyen d'une écriture fluide et très accessible du fait de son genre à destination d'un public jeune. Si les illustrations de Quentin Blake ne m'ont pas séduites de par leur aspect brouillon, l'auteur régale néanmoins petits et grands, à travers un récit en relief et rythmé à l'intérieur duquel il met en scène des personnages attachants, pourvus d'une malice et vivacité d'esprit soutenues, du moins du côté des protagonistes bienveillants. C'est à ce sujet que la critique peut être alors tempérée et laisser le·a lecteur·rice sinon perplexe, quelque peu embarrassé·e : les personnages malintentionnés sont selon moi exagérés et certains propos, ouvertement sexistes, mettent en doute le bien-fondé du roman. Roald Dahl se révèlent ainsi un peu trop manichéen et sans la moindre pondération qu'il est toutefois nécéssaire de posséder lorsqu'un auteur s'adresse à un jeune lectorat. S'il convient bien évidemment de recontextualiser cette oeuvre, l'on peut tout de même s'interroger sur sa légitimité actuelle, en particulier lorsqu'il est question de la diabolisation de la femme, issue d'un patriarcat religieux dominant et dont l'histoire, sordide, s'assoit sur des siècle de délation et de massacre des figures païennes -pour la majorité féminines- ainsi que d'ostracisme de croyances différentes.