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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Et voila, j'aurai passé les trois quarts de l'été (mais j'étais pas mal occupé par le travail universitaire) sur le roman qualifié partout sur la toile d'"illisible" de Maurice G. Dantec... Et ben, s'il y a bien un adjectif faux à propos de Villa Vortex, c'est celui-là! Inintéressant et lassant par endroits, certes, mais pas illisible, surtout que Dantec, à partir de celui-là, a un énorme défaut, il se répète beaucoup. Donc si vous avez pas compris un concept, une métaphore, une idée, aussi psychédélique et délirante soit-elle, pas d'inquiétude, il la rebalancera en scansion 15 fois.

Ce qui pèche dans Villa Vortex, c'est qu'à partir de là dans son oeuvre, la fiction est peau de chagrin. Elle est pur prétexte à l'essai géopolitique, métaphysique, théologique et historique. L'enquête policière et l'intrigue sont totalement accessoires et secondaires, et parce que l'auteur s'en désintéresse, cela se ressent et on ne s'en passionne pas. Restent alors les digressions métaphysiques du personnage, double transparent de Dantec encore plus que ne l'étaient Toorop et Darquandier, qui sont plus ou moins intéressantes.

Ce qui vaut un 4/5 à ce roman est l'écriture, ainsi que l'expérience de lecture pour le moins unique. Dantec adore Céline et Joyce, et dès le début du roman, il s'amuse à tenter de les singer, et c'est dans des chapitres comme "La Préfecture" ou "Le Mur de Berlin" qu'on se rend compte de l'étendue de son talent, et à quel point il est dommage qu'il le gaspille en s'éloignant de la construction d'une fiction pour de l'essai romancé. Le comble est que le roman traite justement de l'élaboration de la fiction dans sa dernière partie. En effet, tour de passe-passe, Dantec y apparaît en démiurge narratif, réincarne son personnage décédé en un autre et le parachute dans un nouvel univers, version futuriste/nécrotique du précédent, et là on passe du roman noir de droite pas très passionnant mais très bien écrit par moments, à une SF délirante. La voix de Dantec nous montre alors à quel point il est facile, avec sa pâte à modeler littéraire, de créer des personnages et de recycler encore et encore, puisque l'on croisera à nouveau plein de figures et symboles de la vie des 600 premières pages, mais c'est bien ça le problème : sa fiction n'en est pas vraiment, elle n'est que bouts de ficelles au service de son propos qui reste le même, son protagoniste est toujours un double idéologique de lui, il n'y a jamais de voix de l'opposition (ou alors chez les criminels et pas très bavards).

L'intrigue policière qui a cours dans les 600 premières pages est pourtant originale et avait du potentiel : un tueur en série qui se prend pour Edison dans L'Ève future, et qui laisse ses victimes en état de mi-humain mi-robot... Les passages de fusillades vers la fin du "Troisième Monde" sont excellents, avec les exercices de style de "Thermodynamique des chambres à coucher", et il y a d'autres moments inoubliables grâce à l'écriture de Dantec, comme le trip à la Méthédrine de "Bunker Methedrine", la description de Roissy dans "Anthropologie de la nécropole", ou la lecture du Livre des Morts envoyé par Nitzos, qui crée une parenthèse salutaire dans l'écriture, à un moment où elle lassait.

Voila, si l'on doit résumer, ce roman est tout sauf illisible. Souvent inintéressant et pénible tant il se répète et parce que les obsessions de Dantec (Mur de Berlin, D-Day, 11 septembre, Islamisation de l'Europe, théologie, Kabbale...) ne sont pas forcément les nôtres, mais elles sont longuement expliquées et rabachées... S'il y a certes des phrases mystiques qui n'ont aucun sens de temps en temps, juste après un raisonnement construit, elles sont juste là pour susciter cet effet, pas besoin de s'y arrêter.

Bon, après ces 843 pages tout de même très éprouvantes, je vais bien attendre sans doute un an avant de réouvrir un de ses romans!
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La moitié de ce roman constitue un vrai chef-d'oeuvre policier : des enfants utilisés pour des expériences, un flic qui souffre de son impuissance face à l'horreur.
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