Dantec est mort il y a quelques mois, et tout le monde s'accorde désormais pour prétendre que c'était un authentique génie, incompris par ses pairs (tant qu'il était vivant, c'était par contre un auteur réactionnaire à éviter, et sans doute à censurer). Pour le connaître un peu mieux, ce petit pavé semblait idéal. Sorte de « journal intime public », Dantec commente l'actualité au fil des pages : guerres, géopolitique, littérature et philosophie.
Si la toute première partie est assez rafraîchissante par son franc-parler, on s'ennuie toutefois rapidement. Dantec aborde de nombreux domaines, mais on sent bien qu'il est loin d'être un spécialiste des thèmes qu'il aborde. Ça ne doit évidemment pas l'empêcher d'avoir une opinion sur ceux-ci, mais on peut se demander s'il était vraiment pertinent de nous les livrer. Ses réflexions sur la littérature et l'éducation sont par contre nettement plus intéressants, et quelques éclairs de lucidité viennent sauver l'ouvrage. On croise aussi d'étranges lubies : l'auteur souscrit par exemple à la thèse que des extra-terrestres surveillent la Terre de plus près depuis que l'humanité possède la technologie du nucléaire, et que les USA ont caché une soucoupe volante dans la célèbre zone 51 (tout en reconnaissant que 99 % des écrits et photos sur le sujet sont des fumisteries)
On pourrait résumer ce drôle de livre en citant son auteur : « Je pensais que ces écrits me vaudraient de nombreuses critiques et des levées de bouclier, mais je suis bien forcé de reconnaître qu'en réalité, tout le monde s'en fout. »
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Après quelques polars reconnus en général dérangeants mais bien ficelés, Maurice Dantec passe à l'essai et théorise via une trilogie pour le moins controversée : « le théâtre des opérations », « Laboratoire de catastrophe générale » et « American black box ».
« le théâtre des opérations » et « Laboratoire de catastrophe générale » sont des journaux d'une lecture malaisée. Le texte d'abord, parfois plus qu'abscons ; les idées, ensuite, parfois fumeuses en matière de géopolitique et de géostratégie : l'auteur casse du Serbe à la pelle… dénonce "la bonne conscience de gauche" , "l'hypocrisie jésuitique antiraciste" (rien de moins) et « la démocratie totalitaire de l'ONU »...
Une vision noire et baroque de notre société, une métaphysique hallucinée ou triomphent les extrémismes de tout poil, le politiquement correct et les marchands du temple, voilà la chose. Malgré tout, si on parvient à nettoyer le propos de ses boursouflures digressives, la matière sèche mérite d'y regarder d'un peu plus près…
Pour ma part, je me suis payé les deux premiers tomes à une époque où de nombreux déplacements professionnels en train, m'obligeaient à une lecture fractionnable et pourquoi pas introductive à la douce somnolance. Soporifique… ? Non, tout de même ;.. (quoique ?) Quant au troisième tome… On verra.
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Ce livre m'a été offert et chaudement recommandé. Je suis restée sur ma faim, peut être était ce parce que c'etait le premier journal d'un écrivain que je lisais....
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Il y a deux manières de combattre la liberté de pensée : sa suppression pure et simple et le droit donné aux abrutis de la recouvrir de leurs bavardages.
Par nature, l'homme est en guerre. Si toute culture se fonde sur un principe antinaturel, alors toute culture se devrait d'être absolument pacifique. Or il n'en est rien. Au contraire, ce retournement spécifique peut être décrit comme un état de guerre de la culture contre la nature, mais surtout contre elle-même.
Regarder votre enfant s'ébattre dans la lumière de l'après-midi et, stupéfait, se rendre compte que votre propre mort n'a plus aucune valeur face à cette vie qui va au-devant de tous les dangers.
Entre le droit de s'exprimer et la pertinence de le faire, la distance réside dans le talent, c'est-à-dire dans la plus totale injustice.
Il y a deux manières de combattre la liberté de pensée: sa suppression pure et simple et le droit donné aux abrutis de la recouvrir de leur bavardages.
Vidéo de Maurice G. Dantec