Cet essai de
Marie Darrieussecq sur le plagiat (dont elle a eu à souffrir des accusation par deux fois) est passionnant, bien écrit, certes à charge mais avec élégance.
Pour
Marie Darrieussecq, il n'est pas de plagiat mais d'inspiration, pas de copie mais d'intertextualité. Elle cite des vers de
Celan semblables selon les accusateurs à ceux de Goll. le rapprochement des deux est véritablement troublant, pourtant à y regarder de près, un vers de Lorca est lui aussi très ressemblant aux deux premiers. On peut aussi déceler des similitudes chez
Maupassant et Steinbeck, comme chez tant d'autres.
C'est une accusation très violente que celle du plagiat qui nie l'autre dans sa qualité d'écrivain et tente de le faire taire. La censure soviétique savait d'ailleurs très bien en accuser, ou en plutôt faire accuser, les écrivains dérangeants.
Refuser que l'autre s'inspire de soi, voir le plagiat dans ce qui n'est qu'innutrition, c'est vouloir se poser en fondateur, être créateur ex nihilo de son oeuvre. Or
Marie Darrieussecq explique, que la lecture est un moteur pour qui veut écrire, qu'elle est l'Autre dans cette conversation lente qu'est l'activité d'écrivain.
Au XVIe siècle, il était de bon ton de reprendre les anciens.
Voltaire, plus tard, commit des tragédies qui singeaient les classiques. Les poèmes
De La Renaissance nous sont parvenus, pas les tragédies de l'impertinent Arouet. En matière d'inspiration et de reprise de motifs, ils se valaient pourtant. Qu'est-ce qui fait que, sur des motifs éculés, certains textes sont immortels, d'autres pas ? le talent peut-être, et c'est sans doute lui qui rend les "plagiomniaques" enragés.