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Lorraine Darrow (Traducteur)
EAN : 978B08KSG459F
146 pages
Éditions Futuropolis (04/11/2020)
4.36/5   7 notes
Résumé :
Après un deuxième volume quasi muet qui laissait la part à la prouesse graphique, avec son long plan séquence de plus de 40 pages, le Shaolin Cowboy se dirige vers Palinbush, sans savoir que l'y attendent de vieux ennemis, Hog Kong et le Crabe Royal. Hog Kong est un cochon géant, venu du fin fond de l'Iowa (état où le cochon est roi). Après avoir vu le massacre de sa fratrie et de sa mère, il a été élevé par un ninja, qui en a fait un champion des arts martiaux. De ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à The shaolin cowboy, tome 2 : Buffet à volonté (2013/2014) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant pour la compréhension, mais ce serait se priver d'un tel monument. Cette histoire est d'abord parue sous la forme de 4 épisodes, initialement publiés en 2017, écrits, dessinés et encrés par Geoff Darrow. La mise en couleurs a été réalisée par Dave Stewart, et le lettrage par Nate Piekos.

Trois vautours sont en train de planer au-dessus d'une zone désertique du Nevada. Ils évoquent le cadavre de raton-laveur dont l'un d'eux s'est délecté, et le charnier qu'ils voient sous eux : un festin international, avec des cadavres d'italiens, de français, de mexicains, d'allemands et peut-être même un lituanien. Ils repèrent également le cadavre d'un chinois, ou peut-être d'un japonais. L'un d'eux se dirige vers celui-ci pour y goûter. Bien qu'il soit dans un piteux état, grièvement blessé, Shaolin Cowboy trouve la force de prendre le vautour à la gorge et de serrer assez fort pour que ses yeux soient projetés en dehors de leur orbite et atteigne chacun un vautour, transperçant leur crâne. Toujours à demi conscient, allongé au sol, Shaolin Cowboy a la vision de son maître Shaolin lui indiquant qu'il a en lui la force de se remettre, puis celle d'un cowboy urbain lui indiquant qu'il faut qu'il se relève. Même son âne lui apparaît pour lui intimer de se relever. Tant bien que mal, Shaolin Cowboy se relève en vacillant. Il revoit son maître lui enseignant la guérison par l'acupuncture et les points de pression, le cowboy qui lui indique que lui boit du café pour se remettre en selle, et l'âne qui lui dit qu'il faut faire quelque chose sinon il va décliner. Shaolin Cowboy s'applique lui-même 12 points de pression : Shaoyin, Shaoyang, Sahoyang Sanjiao, Ren Mai, du Mai, Chong Mai, Dai Mai, Yin Wei Mai, Yeng Wei Mai, Yin Quiao Mai, Yang Qioa Mai.

Même si ses mains sont encore ensanglantées et qu'il n'est pas bien vaillant, il se met à marcher en titubant et en crachant du sang. Il arrive au bord d'une nationale inter-état. Les voitures et les camions défilent, mais personne ne s'arrête. Shaolin Cowboy finit par s'asseoir en tailleur au milieu d'une des files de circulation. Une voiture arrive dans sa direction à quelques centaines de mètres. L'attention de Shaolin Cowboy est entièrement focalisée sur l'apparition spectrale de Duyu, le démon qui vient réclamer son âme pour l'emmener aux Enfers. La discussion s'engage entre Shaolin Cowboy et Duyu : le premier indique au second qu'il y a vice de forme et que du coup il n'a pas à le suivre. le combat entre spectre et corps astral s'engage, invisible pour l'automobiliste qui arrive droit sur Shaolin Cowboy. le conducteur ne le voit pas car son attention est partagée entre la conversation vidéo qu'il a sur son téléphone, et le soda qu'il est en train de boire. Shaolin Cowboy a mis un terme à son combat contre Duyu. le pick-up à suspension rehaussée lui passe au-dessus, alors qu'il s'est allongé. Il en profite pour s'y agripper et s'installer sur le plateau arrière pour continuer à récupérer. Un drone a filmé toute la scène qui est remarquée par un des membres du gang de King Crab. Il l'en averti et King Crab décide qu'il est temps d'aller exterminer Shaolin Cowboy.

Oui, il est possible de lire ce tome sans avoir lu les 2 précédents, mais ce serait vraiment y perdre beaucoup. Qu'il découvre Shaolin Cowboy, ou qu'il ait déjà lu les autres tomes, le lecteur n'est pas préparé à l'intensité visuelle de ce qu'il va lire. L'histoire est très simple et très linéaire : Shaolin Cowboy récupère progressivement, mais il va devoir se battre contre un cochon géant doté de conscience, puis contre King Crab lui-même. L'histoire se conclut avec ce tome, ayant apporté une résolution satisfaisante, permettant de réaliser une suite pour un autre cycle si l'auteur en a envie. En cours de route, il répond même à la question relative au satellite entrevu dans le tome précédent. le ton de la narration charrie toujours des éléments loufoques : Shoalin Cowboy qui revoit le maître Shaolin et le cowboy en train de lui parler (et même son âne), un démon des enfers qui s'adresse à lui, un bernard-l'hermite géant doté de conscience et de parole qui trimbale une Coccinelle VW sur son dos avec des passagers, une truie géante (Kong) de deux mètres de haut avec des piercings aux mamelles qui papote avec un chien (Dooley), tous les deux dotés de conscience et de la parole, etc. En plus la truie King se bat en utilisant des techniques de ninja. D'un côté, c'est farfelu et fantasque avec une touche trash ; de l'autre c'est un monde d'une grande cohérence avec sa propre logique interne.

Comme dans les tomes précédents (et dans toutes les bandes dessinées de cet artiste), le lecteur découvre des cases d'une rare densité en informations visuelles. Geoff Darrow estime que tant qu'à oeuvrer dans un registre descriptif, il faut tout représenter. Dave Stewart accomplit un incroyable travail de mise en couleurs pour faciliter la lisibilité de chaque case. Lui aussi utilise une approche de type naturaliste, avec un ou deux passages différents quand il applique une couleur principale déclinée en nuances pour les séquences de souvenir par exemple. Il est impossible de rendre compte du degré de détail de chaque case. Même quand les personnages sont en train de se battre en plein sauts dans les airs, l'artiste continue de dessiner en mode obsessionnel : les Converse de Shaolin Cowboy avec les lacets et la pastille de la marque, son jean avec ses poches, la ceinture et les passants, sa chemise avec ses boutons en décalé sur le côté comme une forme de plastron, son foulard jaune, sans oublier son bracelet en cuir au poignet droit. Face à lui, il montre la peau rêche de Kong (la truie géante) ainsi que les objets qu'elle a en pendentif aux lobes de l'oreille : couteau, pistolet, saï. Bien évidemment, Darrow représente les décors avec une grande régularité, et le lecteur peut s'abîmer dans chaque case pour passer en revue chaque enseigne, chaque déchet, chaque graffiti, et même en milieu naturel, il peut regarder les formations rocheuses, l'implantation de la végétation, le relief, etc. Pour essayer de se rendre compte du degré d'investissement de Darrow, il est possible d'évoquer les cadavres de zombies tous différents autour de Shaolin Cowboy (page 6), les animaux aux alentours de la station-service (chiens errants, cochons en liberté, cadavre de raton-laveur (page 24), les différents cadavres de bouteilles voletant autour de Shaolin Cowboy (page 34, 19 dont 10 différents, le reste étant des canettes de Coca),les lignes électriques aériennes et leur intrication au niveau des poteaux (page 59), les différents morceaux de véhicules et de moteurs qui volent de partout lors d'un carambolage brutal et spectaculaire (pages 72 & 73), etc.

Geoff Darrow passe autant de temps à représenter les personnages, les principaux (Shaolin Cowboy, King Crab & Shelley, Kong & Dooley) que les personnages secondaires. Pages 28 et 29, le lecteur peut passer cinq minutes à détailler tous les membres du gang de King Crab, dans un dessin occupant les deux tiers de la double page, leur accoutrement, leurs accessoires, leur visage. Lors du combat de Shaolin Cowboy contre Kong, puis contre King Crab, l'artiste croque des passants pas piqués des hannetons dans les rues de la ville, qui valent eux aussi largement le temps que le lecteur les regarde dans le détail. Les combats sont bien évidemment épiques puisque Shaolin Cowboy maître des techniques d'arts martiaux lui permettant de bondir dans les airs, et porter des coups spectaculaires. Ses deux principaux ennemis ne sont pas en reste puisque Kong a étudié avec un maître ninja et que King Crab maîtrise lui aussi de nombreuses techniques de combat asiatiques. Geoff Darrow ne réitère pas le combat de 44 pages de Shemp Buffet (tome 2) : il y a un premier affrontement qui dure 18 pages, et le second 8 pages. C'est tout aussi spectaculaire, cohérent dans les déplacements et les mouvements, et loufoque que ce lui contre les zombies, encore plus avec cette histoire de cochon géant ninja. C'est brutal et monstrueux, violent et sanglant, impossible et défoulatoire, énorme et drôle, primaire et vital. Au bout de quelques cases, le lecteur ne s'interroge plus sur les techniques, encore moins sur la plausibilité, il se laisse entraîner par la beauté du spectacle, combat premier degré avec enchaînements fluide dans des prises de vue impeccables, dimension caricaturale second degré.

Oui, ça fait énormément plaisir de retrouver Geoff Darrow dans une narration graphique toujours aussi démesurée et maniaque dans les détails, et son humour personnel fait mouche. Au fur et à mesure, le lecteur constate également que les personnages de passage et que les images brossent un portrait peu reluisant de l'humanité. Chaque fois que des êtres humains sont présents ou sont passés, ils laissent des détritus à n'en plus finir, les jetant à même le sol, un constat sans concession de l'hyperconsommation, du tout jetable, de l'absence de conscience de son environnement. le fourmillement de détails dans les dessins devient un symptôme de cette société d'omni-abondance. Les comportements irresponsables se voient également dans la conduite de voiture, en regardant son téléphone plutôt que la route, dans les remarques soit bêtes soit dépourvues de toute empathie pour les autres, dans le réflexe de privilégier les réseaux sociaux. Il faut voir la dame à la pompe faire le plein et ignorer totalement Shaolin Cowboy en continuant à parler à son copain par vidéo sur son téléphone. Pire encore, un jeune homme envoie la photographie de la main tranchée de son ami à ses côtés, et s'extasie sur le nombre sans cesse croissant de Like, sans aucun geste pour aider son copain, dénué de toute commisération. Ce degré d'égocentrisme se retrouve également quand King Crab laisse chacun de ses hommes de main exprimer à Shaolin Cowboy en quoi il l'a lésé. C'est une collection de mesquineries et bassesses déblatérées par des individus immatures se délectant d'une culture de la victimisation et de la vantardise. L'auteur est sans pitié avec ces comportements, et en filigrane il est possible de remarquer que Trump en est l'incarnation la plus laide.

Ce troisième tome est fort heureusement plus de la même chose que les 2 premiers : plus de cases hallucinantes de détails, plus de combats délirants mais cohérents, plus de violence. À nouveau, le scénario est linéaire et simple, avec plus d'éléments d'intrigue que le tome précédent. Complètement repu par cette débauche graphique, le lecteur termine ce tome avec le sourire aux lèvres, grâce au ton discrètement sarcastique, et une vision de l'humanité peu flatteuse.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
J'sais pas ce que ton bouddha a voulu dire, fiston, mais entre se faire TIRER dessus et se faire DESCENDRE, j'préfère la première option.
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