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Critique de Bigmammy


Comme titre aguicheur, on aurait pu trouver mieux. C'est en réalité la raison sociale d'une fabrique prospère de papiers peints, produit très en vogue en ce début de Second empire et à forte demande des chantiers du baron Haussmann.
Une usine située dans le quartier du Marais avec sa grande cheminée, ses ateliers et l'hôtel particulier des patrons, et de quelques familles d'employés, serrés dans les combles …

Guillaume et Franz Risler sont frères. Franz prépare l'Ecole Centrale, Guillaume est dessinateur. Il a un grand projet : celui d'une machine révolutionnaire qui permettrait de produire bien mieux, plus vite et à meilleur coût. Il y travaille jour et nuit.

Comme le caissier Planus, les Risler ont gardé de leur Suisse natale un fort accent, l'ardeur au travail et l'honnêteté chevillée au corps. Georges Fromont est soudain l'héritier de la fabrique à la mort de son oncle qui lui enjoint de s'associer avec Guillaume Risler et lui donne sa fille en mariage. Mais c'est un être faible et influençable.

Car il y a aussi les femmes : Claire, la petite-fille du fondateur, épouse délaissée, Désirée, légèrement boiteuse mais si bonne, et surtout Sidonie, acharnée à sortir de sa condition de demoiselle de magasin, belle et perverse, un rien vulgaire malgré les conseils que lui prodigue son amie Claire, et sans aucun scrupule. Elle pratique l'égoïsme absolu comme d'autres sont dotés de l'oreille absolue. C'est le principal personnage de cette histoire.

Ce deuxième roman d'Alphonse Daudet est paru en feuilleton en 1874 puis chez Charpentier en 1876. C'est aussi celui qui lui apporte la consécration littéraire. Après deux échecs au théâtre, dont L'Arlésienne, il se remet au roman, dans le cadre parisien cette fois.

On retrouve dans ce drame social des thèmes déjà bordés dans le petit Chose : une fratrie à la solidarité indéfectible, la faillite industrielle – Daudet L a connue dans sa famille - le suicide, la condition des théâtreux et la faiblesse (en général) des hommes, les taquineries de l'habitat commun où tout se sait, les rivalités entre femmes pour qui les castes subsistent toujours …

L'intrigue est axée sur le contraste entre la droiture de Risler aîné, sa naïveté, son sens de l'honneur commercial démesuré et la frivolité de son épouse Sidonie, qui s'étourdit de luxe tapageur, sans aucun remords et en toute mauvaise foi, au point de ruiner l'entreprise familiale.

Les décors des salons parisiens, des cafés-concerts et des villégiatures de campagne, les toilettes froufroutantes des dames et des cocottes, font irrésistiblement penser aux tableaux des impressionnistes … 1874, c'est aussi la date de leur première exposition ...

froment jeune affiche

Quand je pense à certaines séries britanniques « en costumes », j'imagine que ce roman pourrait servir de trame à un grand feuilleton à succès. Mais on aura bien du mai à dénicher le texte de base – en dehors des éditions des oeuvres complètes de l'auteur – car de ce titre, personne ne parle jamais.

Un film fut tourné en 1941 (on recherchait alors des scénarii compatibles avec la censure de l'occupant) par Léon Mathot, avec Mireille Balin dans le rôle de la femme infidèle, Jean Servais (Froment jeune) et Pierre Larquey dans celui du caissier … Cette oeuvre cinématographique n'a pas laissé grande trace …
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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