Découvrir des territoires inconnus, des créatures disparues, se lancer dans une aventure afin de panser ses blessures, afin de grandir aux yeux de ses proches, afin de trouver une raison de continuer.
Comme ce jour (…) où il avait découvert l'article consacré aux os monstrueux : ce jour-là la pensée de tout ce qu'il ne connaissait pas lui avait donné le vertige, et il avait compris qu'il ne pouvait rester chez lui. Il avait été totalement incapable d'expliquer cela à quiconque (…). A présent, il se demandait si cela était dû à la possibilité qu'à travers ces animaux géants, une porte s'ouvre soudain sur le mystère du monde. (…) Il lui arrivait (…) de contempler le ciel (….) et de se demander ce qu'il pouvait bien y avoir là-haut – ce qu'il découvrirait s'il trouvait le moyen de s'y rendre pour jeter un oeil. (p80)
XIXème siècle, John Cyrius Bellman, 35 ans, père d'une fillette de 10 ans, Bess, va se lancer dans la traversée d'Est en Ouest du continent américain pour trouver des traces de créatures dont des ossements ont été retrouvés. Tel Donc Quichotte (auquel j'ai beaucoup pensé pendant cette lecture) il se lance dans un voyage périlleux, n'emportant que quelques traces et objets de sa vie passée, pour un voyage d'un an ou ……. deux peut-être, confiant sa fille à sa soeur Julie, femme sévère et revêche.
Se lancer dans un voyage dans l'inconnu afin de soigner ses blessures, de donner un sens à sa vie et renaître aux yeux des autres
On voit qu'il est encore en colère à cause du passé, mais ambitieux pour l'avenir. Impossible de savoir laquelle de ces deux impulsions finira par l'emporter, ou si ces deux élans sont tout simplement liés l'un à l'autre, inséparables ; s'ils forment l'essence de ce qu'il est. (p140)
Il va trouver en un jeune amérindien, Vielle femme de loin, un compagnon et un guide silencieux car aucun des deux ne connaît la langue de l'autre. Grâce à lui, il apprendra la nature, la chasse et la confiance en l'autre.
Ce récit est à la fois un récit d'aventure et un récit « philosophique » sur la quête de soi, la découverte de l'autre, les rêves, les espoirs mais aussi une quête de reconnaissance. Il jette aussi un regard sur l'humanité, abordant les thèmes de la différence, des âmes humaines humaines : leur beauté pour certaines, leur noirceur pour d'autres.
L'inconnu n'est pas le plus dangereux, l'inconnu n'est pas éloigné….
On avance dans ce premier roman au rythme du pas du cheval et des pensées de John Cyrius, au fil des jours, des mois, des années, des saisons, de ses rencontres, des territoires traversés, du partage du quotidien avec Vielle femme de loin, de leur solidarité indispensable à leurs survies et des pensées de Bess, qui attend ses lettres, qui le suit grâce aux livres et qui compte les jours avant le retour de son père : un an ou ….. deux !
J'ai lu ce récit à la manière d'un conte, une fable, une épopée. j'ai accompagné cet homme dans sa quête, j'ai espéré qu'il trouverait ce qu'il cherche, j'ai tremblé pour Bess, j'ai aimé Vieille femme de loin, son humanité, sa logique, son honnêteté.
L'écriture est limpide, à la manière d'une narration orale, cadencée, simple mais empreinte de lucidité, des phrases courtes, rythmées, efficaces.
Caryes Davis a précédemment écrit deux recueils de nouvelles et l'on retrouve dans la construction et la sobriété de ce premier roman les caractéristiques de cette écriture : installation rapide du contexte, du langage, de l'univers où nous entraîne l'autrice.
C'est un voyage vers l'inconnu, on en revient avec des images, des sensations même si certains personnages et situations sont attendus et sans surprise, on prend plaisir à s'embarquer dans cette chevauchée à travers un continent, à la recherche d'un trésor, on le lit comme un de ces récits d'aventures qui nous font voyager, oublier et rêver.
Une chose vous semblait essentielle jusqu'à ce qu'une autre apparaisse, plus importante. (p144)
Traduction de
David Fauquemberg
Merci à Babelio Masse Critique et aux Editions Seuil pour cette lecture
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