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Critique de enjie77


A la bibliothèque de mon village, en lectures partagées, nous sommes invités à découvrir les auteurs Italiens.
Encouragée par les nombreuses critiques positives postées sur Babelio, mon choix s'est porté sur Erri de Luca dont je ne connaissais pas les ouvrages.
Dès les premières lignes de « La Nature exposée » j'ai été surprise par son style d'écriture qui contrastait avec mes auteurs de prédilection : je découvrais un style extrêmement dépouillé voire minimaliste. Moi qui suis une grande admiratrice de Marcel Proust, quel chemin étais je entrain d'emprunter ?
Je ne sais toujours pas ce qui s'est produit entre cet auteur et moi-même. L'alchimie a fonctionné au point de susciter chez moi tant de l'apaisement que de grands émois : un grand besoin de méditation. J'ai beau essayé de chercher, d'envisager des hypothèses, je suis conquise et abasourdie.
La puissance des mots d'Erri de Luca parle à notre coeur, il touche notre sensibilité la plus profonde, peut-être n'est il pas de ce monde comme le sont les grands artistes qui nous permettent d'approcher, d'entrevoir, la véritable beauté, l'inaccessible puisque celle-ci est la signature de Dieu : Charles Kingsley.
Notre narrateur, artisan sculpteur, montagnard, aide des réfugiés à passer la frontière gratuitement ce qui va lui apporter quelques ennuis de la part des autres guides qui se font rémunérer. Il va donc quitter sa montagne et se rapprocher de la mer. Il va se voir confier par un curé la restauration d'un Christ en croix, oeuvre d'un sculpteur disparu, afin de lui redonner son apparence originelle que l'Eglise avait modifiée en son temps en mettant un drapé pour cacher le sexe du supplicié – La nature exposée.
C'est ce travail qui sert de trame à Erri de Luca pour aborder les thèmes de l'histoire du monde d'aujourd'hui comme son questionnement sur le sacré, le profane, la spiritualité, la créativité, l'Art. le mot « traversée » revient très souvent. de quelle traversée s'agit-il ?
Ce livre rassemble dans un mouvement de va et vient les trois religions du Livre qui aideront l'artisan par leur contribution à terminer son chef d'oeuvre : c'est un beau clin d'oeil pour la Paix!
Ce qui émeut aussi beaucoup, c'est cette identification physique entre l'artisan, le sculpteur, les soldats suppliciés de 14/18, ce désir de perfection poussé à l'extrême afin d'être au plus près de la Vérité lorsque la Vie et la Mort se livre le combat ultime.
Page 42, il y a cette réflexion si belle devant la statue que je trouve représentative de la pensée d'Erri de Luca :
« Cet élan d'affection vient directement de la nature exposée. La nudité fait vibrer les fibres les plus anciennes de la compassion. Vêtir ceux qui sont nus est-il prescrit dans une des oeuvres de la miséricorde étudiées au catéchisme. Qu'est-ce donc la miséricorde que j'éprouve devant cette figure ?
C'est une poussée soudaine dans mon sang. Cette miséricorde ne vient d'aucune requête. Ce n'est pas la charité d'une aumône tombée dans une main ouverte. La statue ne me demande rien, elle ne s'avance pas vers moi.
C'est mon impulsion qui me fait franchir ma distance de spectateur et me permet d'approcher ».
Ces dernières lignes m'ont envoyée au Vatican où je me suis vue émue aux larmes devant la Piéta de Michel-Ange.

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