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Critique de ClaireG


A bout de souffle !
A plus de 8000 m d'altitude, c'est assez normal. En lisant le dialogue entre la grande sportive, Nives Meroi, et l'écrivain Erri de Luca, alpiniste à ses heures, il y a de quoi être soufflé aussi.

Partis pour une expédition himalayenne, les deux Italiens vivent une nuit d'insomnie sous la tente et en profitent pour échanger récits d'exploits pour l'une et souvenirs d'une vie ouvrière et engagée pour l'autre.

Arriver à ces sommets de plus de 8000 m (il en existe 14 dans le monde et Nives et son mari en ont accompli 12 à ce jour), suppose des essais manqués, des conditions météorologiques inattendues et des demi-tours forcés, avec le même esprit de bataille pour monter que pour renoncer à l'ascension.

L'auteur fait souvent référence à l'Ecriture sainte en ce qui concerne la montagne "ce poste frontière où la divinité descend et où l'homme monte". A quoi sert l'alpinisme, demande-t-il. A rien, il n'a aucune obligation d'être utile. Il faut le voir comme une ascèse dans le sens d'exercice, de pratique, comme une voie d'humilité mais aussi de courage et d'endurance, du corps et de l'esprit.

Quelques beaux passages sur le vent, personne despotique et maître du temps ainsi que des paroles de gratitude pour la solidarité et le dévouement des sherpas et de très émouvants mots d'amour à l'adresse de son mari, Romano Benet, qui toujours l'accompagne dans ces hautes altitudes, "véritable laboratoire de l'amour". Au-delà du camp de base, ils grimpent avec leur "maison" sur le dos, provisions et matériel, sans outils satellitaires car ils privilégient l'effort complet et la confiance absolue. Arrivés au sommet, une minute d'arrêt, pas davantage, pour ne pas refroidir la machine et puis c'est la descente, parfois bien plus périlleuse parce que chaque pas permet de mieux respirer et que l'envie d'un bon repas donne des fourmis dans les jambes.

Nives ne veut pas laisser de traces, Erri veut marcher dans les siennes. Parfois leurs avis s'opposent, l'une étant pragmatique, l'autre poète et philosophe mais aucune pensée n'est à bout d'oxygène. Ils vont l'un et l'autre à leur essentiel.

L'humilité et la simplicité sont partout présentes dans ce petit livre lumineux, décrites avec la sincérité de l'engagement total de ceux qui osent côtoyer le danger et la nature indomptable.

Un grand merci à Nastie 92 dont le billet m'a beaucoup impressionnée. Je ne m'attendais pas à (presque) toucher les étoiles sans passer par les paliers d'adaptation à l'altitude.

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