L'amour est trop important pour qu'on ne lui consacre pas une vie
Celui qui doit faire face aux tragédies n'a pas le temps de penser combien il est triste ou désespéré et cesse donc de l'être
"Vous ne savez pas lire ! Vous ne savez pas lire du tout ! Ni les anciennes runes ni la langue courante ! "
Silence. L'homme haussa les épaules. La femme acquiesça. C'était terrible. Le petit elfe éprouva de la pitié pour ces deux pauvres hères égarés dans un monde où il n'était pas possible de conserver les mots. Il se rappela qu'il devait être patient avec eux, poli et patient, car ils étaient égarés dans un monde où les mots étaient perdus dans le temps et ne persistaient que dans la mémoire
Ils considérèrent tous, plus ou moins, la lecture comme une sorte de... comment dire?... de magie!
Un pouvoir impénétrable, inexplicable et que l'on ne pouvait acquérir, qui divisait le monde entre ceux qui le connaissaient, des êtres en quelque sorte supérieurs, et ceux qui, comme eux, l'ignoraient et l'ignoreraient toujours,
-Comment t’appelle tu ?
-Yorshkrunsquarkljolnerstrink.
-Tu peux répéter ? demanda la femme.
-Oui, bien sûr, moi pouvoir, confirma le petit d’un ton complaisant.
La femme soupira une nouvelle fois. Elle devait vraiment être malade.
-Répète, dit-elle.
-Yorshkrunsquarkljolnerstrink
-Tu as un surnom ?
-Oui, moi avoir.
Une pause et une nouvelle respiration bizarre de la femme. Converser avec un humain était un véritable supplice : sa grand-mère l’avait prévenu.
-Et quel est ce diminutif ?
-Yorshkrunsquarkljolnerstri.
-Mais bien sûr, dit la femme qui parut brusquement très éprouvée.
Le chasseur était de plus en plus perplexe et hagard. Toute cette conversation que le petit trouvait normale, après plusieurs jours d'absurdité, lui paraissait plutôt étrange.
Tandis que les épis de maïs rôtissaient sur le feu, le petit elfe creusa un trou et enterra les morceaux de jambon. Il les recouvrit et, en l'absence de fleurs, décora le tout d'un bouquet de baies rouges. Pendant toute cette opération, le chasseur n'avait pas quitté le jambon des yeux, affichant le visage de celui qui assiste à l'enterrement d'un parent proche. Il avait peut-être connu le cochon et était ému à son souvenir... Il n'était somme toute pas si méchant.
« A mon père qui m'a indiqué le chemin, même s'il avait perdu le sien »
Quand tout te fais peur, tu as plus besoin de rêver que de manger.
- Donne-lui le feu, dit-elle. Eh, c'est à toi que je parle. Donne-lui le feu. Mais où l'as-tu mis ?
- Je l'ai mis là-bas, dit le petit.
- Vraiment ? dit la femme. Eh bien, bonne idée. Où l'as-tu caché exactement ?
- Là, dans les marécages, sous l'eau, comme ça personne ne peut le voir, dit le petit, d'un air satisfait.
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Notre destin est celui que nous voulons, pas celui qui a été gravé dans la pierre, et notre vie n’est ps le rêve d’un autre