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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Je tente la métaphore mécanique, inspirée par la célèbre silhouette qui figure sur la couverture. Telle l'ascension (pedibus, bien sûr) de la Tour ne laissant voir, au cours de l'effort, qu'un entrelacs de poutres et de rivets, la lecture de ce Cercle des douze laisse une sensation d'avancée un peu laborieuse avant d'en arriver au dénouement, à la résolution de l'énigme, sauf que, dans mon cas, la vue panoramique promise est restée quelque peu brumeuse.
Le point fort de ce livre est sans nul doute le contexte qu'il puise dans l'Exposition universelle de 1889, devenue culte grâce à sa création emblématique, la Tour Eiffel. Construction incroyable et singulière, elle exerce un pouvoir d'attraction qui n'a pas échappé à la maison d'édition et a motivé le choix de la couverture. Si l'on ajoute qu'il s'agit d'une histoire de détectives donc d'énigmes, les ingrédients sont réunis pour intéresser le lecteur. Sauf que le lecteur a intérêt à être motivé pour aller jusqu'au dénouement. Il doit déjà supporter une première partie assez longue où d'emblée il faudrait croire que les détectives (du XIXème siècle) exercent de part le monde une forme de fascination au point de susciter la publication de revues, lues avec empressement par des sortes de fans. Cet enthousiasme plaqué m'a semblé quelque peu artificiel. L'histoire qui débute à Buenos Aires (l'auteur est argentin) nous est présentée par Sigmundo Salvatrio, grand admirateur des détectives, qui trouve une occasion en or de s'approcher du plus célèbre enquêteur privé de son pays, Renato Craig lorsque celui-ci, rompant ses habitudes de solitaire, lance une académie où il se propose d'enseigner son savoir et par là même, choisir enfin un assistant. Si le lecteur doit être motivé pour poursuivre sa lecture, ce n'est pas tant en raison du propos qui nous est proposé (après tout, il est courant d'avoir une impression d'artificialité au début d'un livre quand l'empathie avec les personnages n'est pas établie, quand le liant n'a pas encore pris) mais en raison du style, bien trop pesant (trop de phrases avec un groupe nominal suivi de deux points, utilisation des "il y a", "il y avait"...). Je ne sais pas si c'est une question de traduction car je suis perplexe quant à la capacité (ou le droit..) d'un traducteur à transcender un texte au point de lui donner une finesse littéraire si, initialement, celui-ci en est dépourvu. Heureusement, la qualité du style va en s'améliorant au cours de la lecture.
Sigmundo est envoyé pour représenter Craig, compromis dans une affaire, à la réunion du Cercle des douze dans le cadre de l'Exposition universelle. En effet, l'art de la déduction se doit d'être représenté au même titre que les autres arts et métiers. Chacun des détectives présents y va de son interprétation du métier. Certaines exégèses sont un peu embrouillées mais elles ont l'avantage d'être illustrées par une sorte de "digest" d'énigmes emblématiques dont chacune pourrait servir de source d'inspiration à un roman policier.
Alors que la conférence bat son plein, l'orgueil de ces fins limiers est provoqué par l'assassinat de l'un d'entre eux. Darbon, détective de Paris qui enquêtait sur les ennemis de la Tour Eiffel a basculé, à grands renforts d'huile, dans le vide depuis le deuxième étage. C'est l'un des aspects les plus intéressants du livre. On apprend ou on réapprend que la Tour, loin d'avoir suscité l'unanimité, a eu des détracteurs féroces (et pourtant, elle devait être démontée !). Au passage, l'auteur rétablit un peu la paternité de Koechlin, l'assistant d'Eiffel, dans la silhouette si particulière qui caractérise l'édifice. Ce livre, c'est la revanche des gens de l'ombre, des assistants...
Arzaky, l'autre détective parisien s'empare de l'enquête, aidé par Sigmundo. Leurs pas les mènent dans le milieu d'une secte d'hermétistes (mais plusieurs autres noms sont employés) qui considèrent comme un outrage ce symbole triomphant du positivisme (si j'ai bien compris...). Puis, nous les suivons dans l'intéressante Galerie des machines, l'autre grande attraction de cette exposition. Au cours de cette enquête, le jeune Sigmundo apprend, fait ses armes et éprouve à plusieurs reprises sa loyauté. Les ressorts compliqués de l'énigme rendent ce parcours initiatique cependant moins saillant qu'il ne le mérite, ce qui est regrettable car il est assez finement mené.
Un livre qui aurait gagné selon moi à faire quelques choix. Déjà servi par un contexte historique prégnant, il n'avait peut-être pas besoin d'être étoffé encore par autant d'idées, de rebondissements et de personnages (on est quasiment à la vingtaine...). Je l'aurais davantage apprécié un peu éclairci, gracieux comme la Tour Eiffel...

Lien : http://leschroniquesdepetite..
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Moi, Hercule Poirot, ça me détend. Je trouve cela reposant. Cette quête rassurante d'un mobile inévitable. Non ce n'est pas la future victime que l'on aperçoit, elle est déjà morte et c'est son meurtrier grimé qui tente de feinter Poirot. L'inconscient.
Avec son monde bien ordonné, de napperons bien rangés et de théières symétriques, il ferait une sacrée tronche de nos jours, l'Hercule. Il serait bien désemparé devant un Hannibal Lecter ou un Charles Manson. Il se tortillerait la moustache en grommelant que ce monde n'est pas pour lui...
Toute une époque. Celle des grands détectives, qui fort de leur puissance de déductions se passaient fort bien de test ADN et de preuves matérielles.
C'est à cette littérature que rend hommage l'auteur argentin Pablo de Santis dans son court roman LE CERCLE DES DOUZE. Un pastiche astucieux, nostalgique, sur un monde qui meurt, où les Grands Détectives seront balayés par les tueries de masses des guerres mondiales, remplacés par les progrès de la science...

"La science n'est plus un ensemble de réponses, mais la mise à mort des questions."

... Désarmés face à une violence sauvage, inexpliquée et sans but.
LE CERCLE DES DOUZE est un ouvrage délicieux, parsemés de petites énigmes malicieuses, de meurtres en pièce close etc.
D'une écriture mélancolique et précise, sous le patronage hautement recommandable d'une Agatha Christie pour l'enquête improbable, d'Eugène Sue pour le feuilletonesque parisien et de Doyle pour la faconde de ces détectives arrogants, DeSantis nous file entre les mains un livre irrésistible.
Il met surtout à l'honneur les assistants des Grands Hommes, les soutiers, les Watson Hastings and co ; le lumpen prolétarien de la chasse aux criminels. Riche idée !
Bien évidemment le crime sera résolu, mais la solution compte finalement moins que cette peinture de ce Paris fin de siècle, de cette Tour Eiffel inaboutie, de cette lutte entre Spirites et Scientistes.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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