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sur 210 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
V. a fui la Gaspésie dès qu'elle a pu, laissant derrière la maison, la mère, les femmes de sa vie. Mais un appel vient la chercher au coeur de la ville. Sa mère est morte, elle est partie. Alors V. revient. Un départ pour un autre, le dernier pour l'une, le nécessaire pour l'autre. Pour que la vague vienne, il faut que l'eau qui la compose se replie. Alors retour au nid, ni chaud ni douillet. Retour à l'enfance. Mais ça étourdit, ça engourdit, ça creuse le trou en dedans. Et au creux des murs, le long de la galerie, à travers les fenêtres qu'on laissent ouvertes, le vent s'engouffre, le froid avec. Plus de protection. Mise à nu. V. se découvre. de l'origine de son monde.

Sa mère est morte, sirène échouée, et son chant lui crie aux oreilles. Alors V. se recroqueville dans les carnets de sa grand-mère. Elle la lit, l'apprend. Cette grand-mère jamais connue se dessine et les femmes de sa vie prennent corps tandis que V. se souvient de son enfance, courue, au long des voyages incessants, imposés. Odeurs des villes, des paysages. Crises de mère. Partir encore. Fuite en avant. Courir le monde. Croiser les amants éphé-mères. Alors, petit à petit, tandis que les fils tissent, le voyage se profile. Des rives du Saint-Laurent à l'Islande. Suivre les traces. Elle qui était restée pour les effacer, ranger, nettoyer, les laisse finalement la guider. Venue pour faire le vide, elle fait le plein.

Ainsi, au pied des côtes hautes et abruptes, il y a le fleuve et parfois la mère, mais c'est dessus qu'il faut aller pour la trouver, et sentir son vide en-dessous. Nous avons tous nos falaises, nos blocs de roches érodées par le sel et le vent, par nos vies et ce qui les a construites. Nous les grimpons ou restons en bas à les regarder. Les falaises, créatrices d'écho quand on y crie, mères de vertiges si l'on regarde en bas, bâtisseuses d'horizons nouveaux si l'on regarde au loin. Et, sous la plume forte et poétique de Virginie DeChamplain, un peu tout ça, mais surtout un magnifique roman à lire absolument. Pour la beauté brute de son paysage, l'oralité à fleur de peau de son verbe, le souffle nouveau entre ses lignes. Et le voyage, par-delà les mères.
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Hello à tous, hier soir j'ai terminé Les Falaises de Virginie Dechamplain. J'ai lu ce livre dans le cadre du prix du jury Harper Collins poche.
J'ai un sentiment bizarre avec ce livre, j'ai aimé, pas de coup de coeur mais j'ai quand même vachement bien aimé. Et à la fois, j'ai trouvé le roman spécial.
A savoir que c'est mon premier roman québécois, heureusement j'avais les références de certaines expressions ou mots qui je pense vont en perdre quelques uns.
C'est un récit très court avec des chapitres très court entre lettres et poèmes.
On y retranscrit la vie de femmes, de mères, de personne déboussolés par la vie je dirai. V. va faire une quête d'elle même après avoir appris le décès de sa mère.
Ce roman a réussi à me toucher.
Ma chronique est complètement décousu, ce roman est pas facile à raconter si je puis dire. Allez je vous laisse le résumé et vous vous ferez votre propre idée :
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Résumé :

V. vient d'apprendre que l'on a retrouvé le corps sans vie de sa mère, rejeté par le Saint-Laurent sur une plage de la Gaspésie, l'équivalent "du bout du monde". Elle regagne là-bas, brusquement, sa maison natale, et se confectionne une "île" au milieu du salon venteux, lieu désigné pour découvrir et mieux effacer - ou la ramener - l'histoire des femmes de sa lignée à travers les journaux manuscrits de sa grand-mère. V. se voit prise dans sa lecture, incapable de s'en détacher. Sa seule échappatoire réside derrière le comptoir d'un bar au village, dans une chevelure rousse aérienne, et s'appelle Chloé.


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Chère lectrice, Cher lecteur,

J'ai décidé de lire Les falaises de Virginie DeChamplain, car j'ai lu une chronique sur ce bouquin (je ne me souviens plus où) et je me suis dit qu'il me fallait découvrir cette histoire et par le fait même, la plume de l'autrice qui avait 26 ans au moment de la publication de son livre.

Que raconte ce récit?

V. se retrouve en Gaspésie pour aller vider la maison de sa mère morte. Cette dernière s'est jetée du haut d'une falaise et son corps a été retrouvé sur la batture. de retour dans la maison de sa mère, qui a aussi appartenu à sa grand-mère, V. entreprend une réflexion sur ses origines, sur ces «femmes-fleuve» dont elle est issue. L'une est une voyageuse, sa grand-mère, l'autre est fugueuse, sa mère. D'ailleurs, elle découvre des cahiers ayant appartenu à sa grand-mère, une femme éprise de liberté. Ces cahiers vont lui permettre d'en apprendre davantage sur ses ancêtres, mais aussi sur elle.

Dans la maison où elle sent roder les fantômes, V. ira à la rencontre de sa colère, celle qui l'empêche d'avancer, celle qu'elle doit dompter, pour laisser place à la nouveauté comme laisser entrer dans son coeur une belle renarde rousse, propriétaire d'un bar dans le village.

Pour ce faire, elle devra elle aussi partir. Partir loin. En Islande, sur les traces de sa grand-mère pour dégoter la falaise qui lui permettra de retrouver son équilibre et de prendre son envol malgré le vertige qui l'habite, afin de ne plus ressentir ce «trou dans le ventre», comme ses ancêtres.

Ce que je pense des Falaises?

Je suis entrée dans le livre un peu perturbée par le merveilleux incipit qui m'a donné le goût de lire ce roman. Je le partage avec vous.

«JE PENSE QUE JE SUIS BRISÉE.

J'ai l'automne à l'envers. En dedans au lieu d'en dehors. Humide, tiède dans le creux des joues. du vent qui craque dans la cage thoracique.

C'est octobre.

Ma mère est morte et je n'ai pas encore pleuré.»
J'aime bien ces personnages brisés qui cherchent un moyen de se reconstruire. C'est cette envolée au pays de la douleur à laquelle nous convie l'autrice. Une douleur qu'il faut libérer intérieurement et extérieurement. Parfois, il faut pleurer, parfois il faut crier. Mais, toujours avancer… c'est ce qui est présenté dans ce livre composé de courts chapitres, de poèmes et d'extraits de journaux intimes. La plume de l'autrice est à l'image des paysages gaspésiens, elle est marine, salée, puissante, sauvage. Une bien belle lecture sur le deuil et sur la filiation.

Mais encore, la figure de la mère trône dans ce roman. En allant à la rencontre de ses ancêtres féminines, V. s'occupe de ses morts pour mieux prendre soin de ses vivants. Comme le mentionne la narratrice :

« Ma mère était rentrée à la maison pour lui dire qu'elle était enceinte de moi. À la place, elle l'a trouvée morte sur la galerie. On aura partagé ça. La mort et la vie. Quelques mois à exister en même temps. Faut croire qu'on est de même, les femmes de la famille. On arrive pas à être ensemble ». (p. 73)

La mère s'avère un personnage marquant en littérature québécoise. Chaque époque possède ses mamans et il importe de les mettre en lumière dans les récits et de raconter leurs histoires. Elles sont belles et fortes les mères québécoises, comme le fleuve, comme les marées, comme les ressacs.

J'ai bien aimé ma lecture et je crois que je vais garder un oeil sur cette autrice québécoise qui n'a certainement pas fini de proposer des histoires fascinantes à son lectorat.
https://madamelit.ca/2021/03/30/madame-lit-les-falaises-de-virginie-dechamplain/
Lien : https://madamelit.ca/2021/03..
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Après le décès de sa mère une jeune femme quitte Montréal pour rejoindre ses soeurs et vider la maison familiale, en Gaspésie, là où le Saint-Laurent se jette dans l'océan. Au milieu de ses souvenirs d'enfance , elle découvre les cahiers de sa grand-mère. A travers leur lecture, c'est le destin de trois générations de femmes qu'on découvre. Une fois passé l'obstacle des termes québécois qu'on peine parfois à comprendre, on plonge dans une écriture envoûtante, au rythme lent et doux. La mer, est toujours présente avec les vagues, le ressac, les embruns, les rochers… Parfois inquiétante, parfois caressante, elle apporte une dimension supplémentaire au récit et Il faut se laisser emporter par le flot des mots pour en apprécier toute la grâce, toute la poésie et la musicalité.
Un roman court mais dense qui se lit d'une traite
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J'ai beaucoup aimé la composition de ce roman. On a la narration de ce qui ce passe maintenant, les souvenirs et la convocation de l'image de la mère, femme atypique, ainsi que les journaux intimes de la grand-mère qui s'adresse à sa fille, il y a des petits « interludes poétiques » qui ponctue les différents récits. Et enfin, la forme brève de chaque chapitres contribue a donner un certain rythme. Cela donne ensemble singulier. L'utilisation du « je » pour la narratrice et la voie de sa grand-mère, crée un lien entre ses deux femmes qui ne se sont pas rencontrée, ni connues.

Toutes ces différentes façons d'aborder les sujets de la maternité, de la famille, l'alcoolisme et la maladie, du deuil et de la transmission stimule le lecteur qui doit lui aussi jongler avec ces exercices de style. le lecteur entre dans l'intimité de cette jeune femme et à ses pensées, ses souvenirs et ses fantasmes.

On voit comment la narratrice va changer entre le moment où elle quitte la grande ville et son travail ultra moderne pour retourner aux sources et à se racines. On ressent bien comme c'est déstabilisant pour elle, comme une renaissance.

La nature est omniprésente et contribue à créer une ambiance particulière. Les éléments jouent aussi un rôle. C'est comme si cela répondait à ce que ressent la narratrice physiquement et mentalement. Tous les sens sont en éveil.

On ressent comment la grand-mère aussi est en lien avec les éléments et son environnement. Ces différentes vies, montre des femmes à la sensualité et les émotions à fleur de peau. Il y a de très beaux passage mais un en particulier me revient en mémoire, la grand-mère raconte comment le premier jour où se enfants partent à l'école avec le mari, elle dépose ses vêtements de mère au sol et redevient une femme nue avec le vent qui la caresse et elle fond en larme.

Je vous laisse découvrir ce voyage dans le passé et l'intime.[blog]
Lien : https://latelierderamettes.w..
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Une écriture magique, alternance de parler québecois et de poésie islandaise ouvre les portes au lecteur d'un monde époustouflant dans lesquels les personnages évoluent entre déraison et folie, entre amour et rejet, entre rencontres et départ précipités, entre passé et avenir, entre la vie et la mort. La découverte du corps de sa maman rejeté par le fleuve Saint Laurent est le point de départ d'une quête des origines familiales pour V., une exploration des tréfonds de sa douleur de jeune fille orpheline. L'ambiance de ce roman est profonde, les émotions puissantes, troublantes et on s'imprègne au rythme des tempêtes et des ressacs lointains, de la vie de cette famille de marins toujours absents et de femmes déracinées.
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Un récit poétique qui nous compte l'histoire de V, dont la mère est retrouvée morte dans le fleuve, son corps ramené par les vagues et la houle.

Sa mère de qui elle s'est éloignée, depuis trop longtemps, sans vraiment savoir pourquoi.

Un voyage commence à quelques pas de Montréal, pour se retrouver en Gaspésie, se retrouver avec cette soeur qui lui manque pourtant, et cette tante qui a toujours été présente, comme une seconde mère.

Une découverte de cahiers, dans lesquels V va découvrir un tas de choses sur cette grand-mère qu'elle n'a jamais connue. Où elle va trouver des choses qui résonnent en elle, elle qui a l'air de suffoquer dans son existence et certains points...

Un voyage qui l'amènera jusqu'aux terres natales de son aïeule, en Islande, là où tout est calme et où les aurores boréales vous coupent le souffle.


J'ai beaucoup aimé l'écriture de Virginie deChamplain. de la poésie disséminée ici et là, du franc parler le plus simple aux phrases énigmatiques qui viennent parsemer le récit d'une vie sur un fond de nostalgie. Elle prend le temps de se poser les bonnes questions, peut-être avant qu'il ne soit trop tard et qu'elle reproduise elle-même le schéma familial...

Ça se lit tout seul, ça nous embarque dans une bulle privilégiée et un peu triste aussi, tant on peut être frustré.e de ne pas avoir connu nous-même cette mère ayant souffert toute sa vie de troubles. Qu'ils soient psychiques ou psychologiques, cette mère qui avait besoin de parcourir le monde, ne trouvant jamais réellement un endroit où elle se sente réellement chez elle. Cette mère qu'on découvre un peu, simplement en découvrant sa propre mère, qui avait l'air de souffrir aussi depuis toute jeune d'un mal. Un mal mis en sommeil et supporté grâce à ses grossesses, qui l'ont tenue un temps...

Bref, il y a pas mal de niveau de lecture je pense, pas mal de choses auxquelles ont arrive facilement à s'identifier. J'ai vraiment passé un bon moment, même si le sujet était un peu triste.
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Que faire de ce que nous a laissé une mère défunte? Trier et ranger des souvenirs mène parfois à la découverte de secret mais souvent à la découverte de soi.
De mère en fille, l'absence du père se fait sentir.
Peut-on se construire ainsi?
Un beau roman sur la difficulté des relations mère-fille
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