Et je sais qui se cache derrière ce pieux mensonge. Vaughn. Qu'a-t-il pu raconter à son fils? Qu'il existe des écoles de futures épouses, ou les jeunes femmes vouent leur enfance à apprendre à satisfaire un homme? Qu'il nous sauve ainsi d'un orphelinat misérable? C'est peut-être vrai pour Cecily. Mais même elle n'est absolument pas prête à affronter ce qui va se passer quand leur enfant naîtra.
Je pourrais tout lui dire maintenant. Lui révéler que les soeurs de Jenna ont été éxécutées dans cette camionnettes, et que je n'ai jamais voulu devenir une épouse. Me croirait-il seulement?
Et si c'était le cas, me laisserait-il partir pour autant?
«Il dit m'aimer, mais comment est-ce possible, alors que nous en savons si peu l'un sur l'autre ? J'admets qu'il est facile de succomber à l'illusion. Qu'être assise ici, face à cette pleine lune magnifique, dans la chaleur de son étreinte, ressemble à de l'amour. Un peu. Peut-être.»
Dans ces ténèbres, se taire, c’est comme disparaître.
C'est un lieu superbe mais dangereux, aussi vénéneux qu'un laurier-rose immaculé. Ce jardin luxuriant est conçu comme une prison.
C'est partie. Les deux autres élues avancent devant moi ; je suis la dernière à monter dans la limousine. une vitre teintée nous sépare du chauffeur. Juste avant que quelqu'un referme la portière, j'entends un bruit en provenance de la camionnette ou sont enfermées les autres filles.
C'est le premier coup de feu. Je sais qu'il y en aura une dizaine d'autres.
Deux factions sont en guerre ouverte : les proscience, qui privilégient la recherche génétique et la quête d’un antidote, et les Pronature, convaincus qu’il est trop tard, que le fait d’engendrer des enfants pour qu’ils servent de cobayes va à l’encontre de toute éthique. En résumé : qu’il est dans l’ordre des choses de laisser l’humanité disparaître.
Si j’étais réellement une orpheline, comme le croit Linden, et si j’avais grandi dans une école pour futures épouses, j’applaudirais certainement à la vie qui s’offre à moi. Je comprends qu’une jeune femme se perde dans ce conte de fées.
" Il entrelace ses doigts avec les miens, et je l'y autorise; je sens la moiteur de sa paume contre la mienne. Chaude. Vivante. Je finis pars comprendre que je m'agrippe à lui tout autant qu'il s'agrippe à moi. Nous voici tels qu'en nous mêmes, deux petites choses mourantes, dans un monde finissant comme tombent les feuilles à l'automne. "
« J’ouvre la bouche pour, je ne sais pas, m’excuser de nouveau, peut-être. Mais il prend mon visage dans ses mains et appuie son front contre le mien. Il est si près que je sens la chaleur de son souffle court, et je ne souhaite qu’une chose, être aspirée en lui la prochaine fois qu’il inspirera.
Nos lèvres se frôlent, de façon pratiquement imperceptible. Puis le baiser se fait plus appuyé, et nos lèvres reculent, pour entre de nouveau en contact. Une vague de chaleur inonde mon corps brisé et vient occulter toute douleur. J’enroule mes bras autour de son cou et m’accroche à lui. Je m’accroche, craignant qu’on me l’enlève, car dans cette maison on ne sait jamais quand ce qui nous arrive de bien va nous être retiré. »
Qu'importe l'amour que lui porte sa mère; l'amour ne suffit pas à nous maintenir en vie.