Un meurtre c’est fait pour que quelque chose s’arrête. Est-ce que c’est possible que les choses s’arrêtent, que ce ne soit pas toujours le même aplat de tout, sur le même ton, à la même vitesse qui vous avale, irrespirable, le souffle court, ne plus avoir d’oxygène au cerveau à force, est-ce que c’est possible que tout le monde se taise, que le bébé se taise, que sa mère se taise, que le dealer se taise, que les flics se taisent, que les juges se taisent, que tous ils se taisent. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent de lui, il leur donne son corps, mais qu’il puisse se taire, qu’ils le laissent ne plus répondre.
L'État est moderne, la justice est profane, la justice est humaine, elle croit qu'elle l'est. Ne reste que cette parodie obscène, celle de ses fonctionnaires en robe de prêtres.
On ne sort de l'innocence que par le péché, on ne sort de l'innocence que par la chute, tout le monde sait ça, que tout commence toujours par un crime.
Si c'était sacré la vie on sentirait à quoi ça oblige. Ca obligerait tous les hommes tout le temps, le sacré, si la vie l'était comme ils prétendent. Sans réfléchir à ceux qu'ils disent.
Nous tous, sage comme des images, à bien tenir notre rôle, à travailler quand on peut, à ramasser vos poubelles à nettoyer vos bureaux ou à remplir vos hyper, acheter vos produits, à remplir vos prisons, à justifier vos lois bien courbé dessous qu'on est, la loi du marché ou la loi du code, c'est la même. Quand est-ce que vous nous applaudirez.
Vous pouvez bien me juger, me condamner, me mettre à l'écart, moi et ceux qui sont comme moi, me mettre toujours plus à l'écart, vous racontez que le mal c'est moi, mais le mal c'est vous pas moins que moi.
Contrairement à ce qu'il prétend le capitalisme ne rémunère pas le risque. C'est pour ça qu'il le délègue, le délègue à ceux qui sont perdants avant d'être vaincus. Le dealer délègue le risque à la nourrice, comme le patron à l'ouvrier, comme le général aux bidasses.. Le système délègue le risque à celui dont la perte ne changera rien.
Il a tué la vieille comme il aurait pu tuer n'importe qui comme il aurait craché au visage de n'importe qui. Comme n'importe quel visage mérite une injure un crachat une violence. Il faut bien un sacrifice. Que quelque chose d'insupportable soit purger. Un homme doit payer pour tous les hommes. Ça ne résout rien parce qu'il n'y a pas de solution mais ça doit advenir, on y peut rien, ni celui qui tue ni celui qui est né.
Tout est abîmé. Tout est abîmé dès la naissance ensuite ça ne fait qu'empirer. Les choses les êtres tout est laid il faut que vous le sachiez.
Il faut que vous le sachiez si vous avez oublié.
Il peut avoir une opinion. Après tout c'est son procès ce n'est pas donné à tout le monde. Ce n'est pas non plus si fréquent qu'on s'intéresse à lui, dans un tel apparat en plus. C'est un événement presque un privilège. On pourrait voir les choses sous cet angle. Alors il se dit qu'il pourrait en attendre quelque chose. Quelque chose pour lui. Autre chose que du mépris. Eux pour lui et fatalement lui pour eux. Fatalement oui, vu comme ils font leur travail. Ils ne sont pas sérieux, c'est ça qui frappe, le manque de sérieux qui gâche tout. On dirait qu'ils n'ont pas compris qu'il est le premier à vouloir être jugé, que c'est lui d'abord qui en voudrait de leur justice, qui n'a jamais voulu que ça.