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EAN : 9782081515932
192 pages
Flammarion (02/02/2022)
3.41/5   390 notes
Résumé :
"J'ai un programme politique. Je suis pour la suppression de l'héritage, de l'obligation alimentaire entre ascendants et descendants, je suis pour la suppression de l'autorité parentale, je suis pour l'abolition du mariage, je suis pour que les enfants soient éloignés de leurs parents au plus jeune âge, je suis pour l'abolition de la filiation, je suis pour l'abolition du nom de famille, je suis contre la tutelle, la minorité, je suis contre le patrimoine, je suis c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
3,41

sur 390 notes
D'un côté le conformisme, de l'autre Constance Debré. Jusqu'à quel point, elle a le courage de se construire hors ses héritages patrimoniaux, familiaux, culturels, historiques même pour notre écrivaine ; se construire en rejetant l'ordre social et les artifices qui font les liens humains ; jusqu'à renier ce "nom". Elle réagit ici autour de la mort de son père, ses parents plus largement, drogués à l'opium, à l'héroïne, pour finir par l'alcoolisme. C'est toujours difficile de donner son point de vue sur un livre intense : les mots et les expressions sont durs. C. Debré est radicale et engagée : ça ne plaira pas à tout le monde. Au début, c'est tellement jubilatoire ce qu'elle rejette de ce conformisme qui annihile l'individu, de cette bien-pensance bourgeoise, de la décrépitude de cette aristocratie, de ces "vies lamentables". On lit et relit certaines phrases pas politiquement correctes du tout. Sur la fin, je suis content que ça s'arrête quand même, pour respirer enfin.
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Mort du père. Infirmière, médecin pompes funèbre. La soeur et son mari. Et Constance « Je mets ma main dans sa main froide, je tire le bras bloqué, je pense à Rigidité Cadavérique, j'enlève le pyjama, je mets la chemise, je repose mon père contre l'oreiller ». Ensuite, Constance ira à la piscine. « Je nage tous les jours, je nage. »
Voilà. le ton est donné. Une autopsie précise et sans concession de cette famille de la grande bourgeoisie et de ses hommes politiques. Un constat sans affect. Glacial.
Ses parents, fumeurs d'opium et marginaux par rapport à leur milieu, avaient déjà tracé le chemin de la rupture. La transmission, nom et héritage, ce n'est pas pour Constance Debré qui prône le dépouillement. Elle a tourné le dos à son métier d'avocat, pris ses distances avec son fils et l'idée même de la maternité et vit dans des chambres de bonne ou bien s'invite chez les uns et les autres.
« Pas d'argent, pas de maison, pas d'héritage. C'est conforme à ma philosophie de ne rien transmettre. Pas même le nom. »
Mais on est loin du concept de « sobriété heureuse », forgé par Pierre Rabhi, et de cet épanouissement promis en limitant nos besoins. Ici, on a l'impression d'un oubli de soi, d'une négation majuscule. Ce rejet de tout, famille, situation sociale, nom, héritage et jusqu'au rejet des livres, est une déconstruction au bulldozer dont il ne reste pas grand-chose : des séances de natation et quelques filles qui traversent sa vie (ne jamais dire le mot amour)
Même son corps subit cet effacement programmé
« Comme toutes les semaines, je me rase les cheveux à la tondeuse, j suis torse nu, ma pâleur ma minceur, je regarde mon corps, ma gueule mes tatouages, il me semble que je ne tiendrais pas sans tout ça. »,
C'est un récit autobiographique qui met le lecteur à mal, jusqu'au malaise. C'est déclamé avec une insistance qui finit par lasser. Pourtant, il m'a semblé, derrière cette destruction autoproclamée, déceler une certaine souffrance.
Je reste dubitative. Marteler les mêmes propos tout au long de ces 170 pages, est peut-être une manière pour l'autrice de se convaincre elle-même ?


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La présentation de l'éditeur, qui reprend un passage du livre, cogne fort : Constance Debré vomit le monde bourgeois dont elle est issue, elle vomit aussi l'enfance et l'attachement aux parents ; elle a coupé tous les liens et s'est engendrée elle-même et le nom de son titre est un non à toute filiation.
Comme j''aime bien les gens en colère (je les aime bien, c'est-à-dire que je les admire et les respecte, hein, mais que je ne vivrais certainement pas avec eux), que j'aime beaucoup aussi ceux qui tirent contre leur camp et que j'ai beaucoup d'affection pour Jacques Vingtras, héros d'un livre dédié
À TOUS CEUX
QUI CREVÈRENT D'ENNUI AU COLLÈGE
OU
QU'ON FIT PLEURER DANS LA FAMILLE
QUI, PENDANT LEUR ENFANCE,
FURENT TYRANNISÉS PAR LEURS MAÎTRES
OU
ROSSÉS PAR LEURS PARENTS.
Pour toutes ces raisons, donc, j'ai ouvert le livre de Clémence Debré.
Oui, bon, il y a des formules qui claquent et une rage qui n'est pas feinte mais pour ce qui est de sa révolte, elle sent sacrément le réchauffé.
Car Constance est la fille du fils indigne. « Par son indifférence, sans un mot, mon père est celui qui dénonce leur système ».
Quand elle affirme : « Je trahis l'origine par principe, comme point de départ de tout, parce que l'origine doit toujours être trahie, parce qu'accepter l'origine est le premier renoncement qui entraîne tous les autres », elle écrit un beau texte mais surtout elle se ment à elle-même. En reniant les Debré, Constance fait tout comme papa : fait du sport comme lui se droguait, délaisse son fils comme lui l'a ignorée, refuse les biens matériels comme lui s'est ruiné, raconte une histoire d'amour comme lui a follement aimé sa mère.
Bref, c'est un cri d'amour et non de révolte et si vous ne savez pas quoi offrir pour la fête des pères, ce livre peut faire l'affaire.
Je précise que je n'ai rien contre les filles qui aiment leur père mais j'ai un peu de mal à admettre qu'on me vende ça comme un must de punkitude.
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Abolir le nom de famille avec une persévérance liée peut-être à son prénom, c'est le travail de démolition que poursuit Constance Debré dans son nouveau livre. Un bon coup de massue sur nos existences ordinaires.
Après son coming out lesbien raconté dans "Play boy", après s'être dépouillée d'une carrière, d'une vie bourgeoise et interrogé l'amour maternel dans "Love me tender", Constance Debré nous invite à réexaminer nos idées sur la famille, siège de la folie, avec l'enfance et l'héritage.
Qu'on ne s'y trompe pas et quand bien même il est écrit à la première personne, "Nom" n'est pas un livre sur l'auteur, sur ses proches ou sur la famille Debré dont le patronyme peut vite prendre la lumière. Évidemment, Constance Debré y puise la matière de son livre, elle utilise les siens qui ont leur part de romanesque, mais elle évite justement la facilité d'en faire trop avec la célébrité, la politique, l'aristocratie ou la drogue. Ce n'est pas le sujet et elle annonce clairement la couleur en disant qu'elle aurait écrit le même livre « avec n'importe quels parents », « avec n'importe quelle enfance », « avec n'importe quel nom. »
Le sujet, ce n'est pas non plus de régler ses comptes avec des proches, de faire le procès des Debré ou de critiquer la bourgeoisie même si elle ne lui fait pas de cadeaux, le sujet c'est : « Se barrer. Aller de plus en plus loin. Géographiquement ou sans bouger. Être de plus en plus seul. Aller vers la solitude. » Avec une colère froide et tranchante, elle s'attaque aux piliers sacrés de l'ordre social dans la position de quelqu'un que la vie ordinaire de ses semblables n'intéresse plus. « Il y a un moment où on est allé si loin dans le dégoût qu'on n'en a plus rien à foutre de rien. Qu'on s'en fout des autres. Que la douleur du monde on s'en fout. Que les pauvres on s'en fout. Que les gens qu'on aime on s'en fout. » Bien sûr, l'Histoire n'a pas attendu l'auteur pour apporter sa contribution à ces idées qui ne sont pas nouvelles, mais elle affirme son code d'honneur avec une telle détermination que les quelques facilités d'écriture trouvées ici ou là disparaissent derrière l'admiration. D'autant plus qu'on aurait tort de penser qu'elle est indifférente à ses contemporains ou aux événements. Constance Debré écrit tout le contraire : « J'ai dit que je me foutais de tout mais ce n'est pas vrai. La vérité c'est que je suis le contraire de quelqu'un qui s'en fout. Tout ce que je fais c'est parce que je ne m'en fous pas. » Elle développe ensuite en expliquant que ce qui la gouverne, c'est la recherche de vérité, la lutte contre le mensonge, la nécessité d'être sérieux avec soi-même, le besoin impérieux d'écrire pour raconter la vie lamentable des gens quand bien même il faut leur « cracher à la gueule ».
Le livre est construit en miroir autour du récit froid et clinique de la mort du père de la narratrice pour souligner l'importance du personnage et éventuellement préparer le lecteur aux pages qui suivent, un manuel de destruction méthodique de la famille et de sa folie. Écrit à la première personne du singulier, Constance Debré met son corps dans la page pour parler de l'enfance, de l'origine, de l'identité, pas pour célébrer ce qui est lié au déterminisme du passé ou aux choses qui ne sont pas choisies, mais pour illustrer une autre possibilité d'être, une vie libre pour exister ailleurs et autrement dans un mouvement plus heureux et plus vital. Cette voie implique arrachement, séparation, distance, solitude, férocité, colère, rage, toute une série de sentiments qui peinent à s'exprimer dans l'existence, mais qui trouvent leur place dans la littérature.
Il en est ainsi dans "Nom", une écriture incarnée qui découle d'une impression d'écoeurement, d'impasse dans l'existence, dans la vie ou même dans le langage, une écriture portée par la colère ou le dégoût face à la bêtise ou l'hypocrisie, face à la vie lamentable, mais sans prétention révolutionnaire. Juste pour soi, pour changer ses habitudes, changer son rapport au monde, être sérieux et discipliné avec soi-même, perdre du pouvoir pour retrouver sa liberté, ne pas s'apitoyer sur son enfance, refuser l'héritage familial, se délester des biens matériels, dépouiller son intérieur, prendre de la distance, faire le vide… pour faire le plein.
J'ai beaucoup aimé cette radicalité dans l'écriture de Constance Debré, cette détermination et cette efficacité, un pavé bien venu et courageux dans la marre de la littérature française contemporaine. le style anaphorique renforce le ton incisif, provoquant un effet de transe littéraire dans certains passages. Constance Debré habite chacune des phrases qu'elle écrit, des phrases résolues, sèches et austères. Des phrases peu fleuries dont pourtant il se dégage une beauté saisissante, ascétique. Il lui semble plus aisé d'exprimer littérairement des sentiments durs tels la rage ou le dégoût, plus facile que des sentiments comme la tendresse ou l'amour. Néanmoins, j'ai trouvé des pages touchantes d'où émanait une forme de douceur en particulier lorsqu'elle écrit sur sa relation avec Camille, « on a dormi, elle était contre moi, elle prenait ma main, c'est ça qui m'a le plus étonnée, sa façon de dormir contre moi, des mois plus tard ça continue de me fasciner. »
J'ai finalement été frappé dans ce livre par le mélange de froideur et de recherche de sens, par la combinaison de brutalité et de transcendance. Car derrière l'histoire de la femme qui se sauve coûte que coûte pour ne pas devenir folle se dessine celle d'un être qui cherche un sens à l'existence, qui a un rapport religieux au monde. « Si je vis comme je vis, ce n'est pas pour mon petit confort personnel, c'est par rapport à l'ordre des choses, c'est parce que je dois faire ce que je fais, sinon le monde serait fou, voilà ce que je pense, que je sauve le sens du monde avec ma vie. »
Dans "Nom", Constance Debré explore son rapport au monde dans une littérature qui certes malmène, mais élève également. J'ai beaucoup aimé.
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Pour plagier un titre très en vogue en ce moment, je qualifierais ce livre de Constance Debré de « livre que je ne devais pas aimer ». Je n'avais pas envie de me plonger dans cette auto fiction, d'aller à la rencontre de cette femme dérangeante qui a tout balancé derrière elle (sa famille, son fils unique, son hétérosexualité, son aisance matérielle). Cette femme presque devenue homme s'est délestée de tout. Elle n'a gardé que son nom « Debré », nom qui la relie à une famille bourgeoise célèbre pour ses grands commis de l'Etat, professeur de médecine. « Nom » est d'ailleurs le titre de ce livre, plutôt récit que roman.

Dans ses interviews, Constance Debré dégage à la fois de la force et de la fragilité, on la sent à fleur de peau, révoltée et dissidente.

Ce livre étant bien en vue dans ma bibliothèque de quartier, la curiosité l'a emporté sur la peur de lire un ouvrage qui ne devait pas me plaire a priori. Et ce livre m'a plu, beaucoup plu même. Je l'ai presque lu d'une traite, annotant maints passages.

Constance Debré, dans un texte brutal, sans concessions, alterne le récit de ses douloureux souvenirs familiaux et celui de sa nouvelle vie.

Pour ce qui est des souvenirs, rien ne nous est épargné : le conformisme bourgeois de cette grande famille célèbre, le couple parental en marge du reste de la famille, les disputes, la folie, les suicides, la mort brutale de la mère, la longue déchéance du père.

Le personnage de la mère, morte alors que Constance Debré n'avait que 16 ans, est particulièrement marquant. Cette femme excessivement belle, alcoolique, insaisissable et un peu vénéneuse n'est vraiment pas une mère comme les autres. le père, journaliste, homme élégant mais « déglingué », accroc à l'opium ramené de ses lointains voyages, plutôt distant, violent avec la mère, semble inadapté socialement. Constance Debré a donc grandi auprès de « parents terribles », un couple peu rassurant, hors norme, s'adonnant à la drogue et à l'alcool, se disputant constamment sans jamais pouvoir se séparer.


Pour ce qui est d'aujourd'hui, Constance Debré surprend le lecteur en lui dévoilant son existence en rupture complète avec sa vie d'avant où elle était féminine, mariée, mère de famille, avocate, vivant dans une aisance matérielle en adéquation avec ses études et surtout son milieu. Au terme d'une métamorphose mentale mais aussi physique, la voilà masculine, seule dans une chambre de bonne, dans un grand dénuement matériel choisi et non subi, coupée de son fils unique, vivant des relations amoureuses lesbiennes nombreuses et éphémères, s'efforçant de nager chaque jour dans la piscine la plus proche du lieu où elle se trouve. Nager, c'est presque sa drogue à elle, sa discipline de vie.

Ce livre sans pitié est un cri de rage contre la famille et les origines, contre les normes établies, contre la justice « de classe », contre le matérialisme, contre la littérature trop lisse, contre les attachements qui nous lient (nous étouffent), contre « la vie lamentable ». La charge est violente mais ce livre de la radicalité n'est pas exempt d'une certaine douceur car l'héroïne vise à l'épure, au détachement. J'y vois aussi un hymne courageux à la liberté, à la solitude, à l'anticonformisme.

Il est difficile de résumer un tel livre qui n'a rien de gratuit car il fait réfléchir le lecteur sur sa propre vie. C'est un récit bouleversant qui ne peut plaire à tout le monde car il remet tout en cause y compris l'essentiel. Moi, je l'ai acheté, annoté et je le relirai pour y piocher de la force.
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critiques presse (13)
LePoint
27 février 2023
Apres avoir réglé ses comptes avec sa famille, l'ancienne avocate pénaliste devenue écrivaine nous plonge dans un territoire social peu explore.
Lire la critique sur le site : LePoint
LeMonde
13 septembre 2022
Ce dépouillement a sa grandeur individuelle, mais lorsqu’il est asséné comme une leçon de vie sans précédent, on a juste envie de dire : « File dans ta chambre et relis tes classiques. »
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
22 avril 2022
Dans “Nom”, l’écrivaine appelle à se débarrasser de la filiation, du nom de famille, de l’état civil. Et, surtout, à s’affranchir du théâtre des apparences et des appartenances en tout genre.
Lire la critique sur le site : Telerama
LePoint
17 avril 2022
Elle refait le procès de sa tribu et l’apologie de sa mue sexuelle et sociale. « Nom », de Constance Debré, ou l’art de ne pas se payer de mots.
Lire la critique sur le site : LePoint
LeDevoir
17 avril 2022
À coups de phrases courtes, jamais avare de paradoxes, rejetant ses origines bourgeoises — qui l’ont faite et ont nourri sa révolte —, Constance Debré explique faire des livres « contre la vie lamentable ».
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LaPresse
21 mars 2022
Nom est une page qui se tourne dans son histoire familiale, la fin d’un chapitre à laquelle nous assistons avec une certaine admiration pour celle qui a eu le courage de vivre comme elle l’entend. Et s’il nous laisse sur notre faim, c’est qu’on referme le livre avec l’impression qu’il marque un tournant, tout en ouvrant la voie à de prochains romans qu’on attendra avec impatience.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Bibliobs
16 février 2022
Récit clinique, gestes mécaniques. Un seau d’eau glacée balancé d’emblée à la tête du lecteur, histoire de le dégriser et de le préparer aux pages qui vont suivre, manuel de liquidation radicale [...].
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Liberation
16 février 2022
Dans le titre, il faut lire le mot qui dénomme une famille mais aussi entendre la négation : Constance dit «non», et pas non merci. Elle le fait avec un certain panache et des phrases sèches, délestées du décoratif. [...] Nom, c’est frontal, musclé, immersif, un peu répétitif. Il y a un flot, un rythme.
Lire la critique sur le site : Liberation
SudOuestPresse
15 février 2022
Elle écrit nom, on comprend non. De livre en livre, Constance Debré érige le refus en discours de la méthode. Refus de l’héritage, refus des origines, refus des assignations identitaires. Il faut pour cela à la fois du style et du courage.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LesInrocks
07 février 2022
Nouveau roman hyper puissant qui dit non aux origines, à la famille, à l’héritage, à la bourgeoisie, à l’identité. Pour une vie meilleure, contre les injonctions.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Telerama
07 février 2022
La prière radicale d’une écorchée vivre pour anéantir l’ordre établi dans un récit essoré de toute mélancolie, toute tendresse.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lexpress
07 février 2022
C'est incroyablement vivant [...]. Si on est loin de l'Académie française avec Constance Debré, elle n'est pas un écrivain moderne dans le vent. De son propre aveu, son écriture sèche tient du jansénisme.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LesInrocks
26 janvier 2022
Après Play Boy et Love Me Tender, Constance Debré convoque ses parents, junkies magnifiques, raconte le refus du poids des origines ou de l’héritage qui entravent, de la bourgeoisie, dans Nom, roman à la puissance folle, manifeste pour une vie bonne, en tout cas pour une vie que l’on s’est choisie.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Marcher vers le vide, voilà, c’est ça, ce qu’il faut faire, se
débarrasser de tout, de tout ce qu’on a, de tout ce qu’on connaît, et
aller vers ce qu’on ne sait pas. Sinon on ne vit pas, on croit qu’on vit
mais on ne vit pas, sinon on reste avec tout le bric-à-brac et on
passe sa vie à ne pas vivre.
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En septembre mon boulot c’est la mort de mon père. Il est sorti de l’hôpital, ils l’ont laissé sortir pour mourir, je suis arrivée la veille. C’est organisé comme une messe. Ça avance tranquillement. C’est calme. Pas sentimental. C’est un emploi du temps précis, la mort. Il y a des objets, des gens, des gestes, des heures, des actes à accomplir. Il y a peu de phrases mais il y a des mots. Machine à oxygène, lit médicalisé, infirmières, aides-soignantes, médicaments, Skenan, ampoules d’Oramorph, boissons protéinées Delical, chocolat, café, vanille ou noisette, urinal, chaise percée, sédation légère, sédation profonde. Il ne dit rien, moi non plus. Ma sœur passe. Parfois seule. Parfois avec ses enfants son bébé son mari son chien. Elle pleure. Elle veut lui dire des choses. Elle demande s’il dit des choses solennelles. Elle veut lui dire des choses solennelles. Elle dit qu’elle revient demain. Son mari me dit Appelle-moi, n’hésite pas. Je ne dis rien. J’ai mal à la tête. Je ne suis plus habituée aux familles, je ne suis plus habituée aux chiens, je ne suis plus habituée aux phrases. J’ai un peu d’asthme, je me fais de la Ventoline, ils s’en vont. De nouveau c’est calme. De nouveau je suis seule avec lui.
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Page 61 :
J'ai dit que je me foutais de tout mais ce n'est pas vrai. La vérité c'est que je suis le contraire de quelqu'un qui s'en fout. Tout ce que je fais c'est parce que je ne m'en fous pas. Quand je quitte une femme, c'est parce qu'il n'y a pas d'amour, et qu'on n'a pas le droit de mentir sur l'amour. Si je suis plus avocat, c'est parce que j'ai quelque chose de plus important à faire, cette chose étant mes livres, mes livres étant d'expliquer ce qu'il se passe, parce que c'est ça, mes livres, mes livres ce n'est pas raconter ma vie, c'est expliquer ce qui se passe, et comment on doit vivre. Mes livres c'est quelque chose que je fais contre la vie lamentable, pas autre chose, la vie lamentable que j'ai vue, la vie lamentable que je vois partout. Ça me paraît important que quelqu'un dise ça aux gens
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Il faut tout refuser, refuser tout ce qu’il est possible de refuser dans la vie lamentable, ne pas consentir, ne pas laisser passer l’insupportable, c’est contre l’obscénité que je refuse ce que je refuse, que je trahis ce que je trahis. Je trahis l’origine par principe, comme point de départ de tout, parce que l’origine doit toujours être trahie, parce qu’accepter l’origine est le premier renoncement qui entraîne tous les autres, que c’est la première complicité ou la première lâcheté, la première humiliation aussi, que la refuser est le premier sursaut, celui qui permet tous les autres, parce qu’il faut savoir trahir, trahir tout ce qu’on nous demande d’accepter de l’obscénité du monde, que je trahis comme j’ai trahi mille fois, comme je trahirai encore, je trahis pour savoir ce qu’il y a quand il n’y a rien, je trahis pour prouver que la base du monde est un mensonge, qu’il faut tout réinventer, mais qu’avant il faut tout détruire, que si on veut pouvoir se regarder dans la glace une fois avant de mourir, il faut tout passer par l’acide, l’essence et le feu, avoir fait ça.
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 Je me suis débarrassée de presque tout. De la famille, du mariage, du travail, des appartements, des choses, des êtres. C’est ce que j’ai fait ces dernières années, me débarrasser. D’un coup et calmement, c’est à la fois rapide et lent, c’est matériel et intérieur, c’est comme creuser, comme descendre dans les galeries, comme aller de sous-sols en sous-sols, comme nager aussi, c’est des longueurs et des longueurs. On ne peut plus revenir en arrière, ce qui était n’existe plus, ce qu’on était avant n’existe plus, d’ailleurs c’est exactement cette impossibilité qu’il voulait. (…) il faut en finir avec l’origine, je ne garde pas les cadavres.
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Constance Debre vous présente son ouvrage "Offense" aux éditions Flammarion. Entretien avec Sylvain Arrestier.
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