AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,4

sur 368 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une femme se balance sur sa chaise à bascule, berçant tranquillement son bébé, essayant de remettre ses souvenirs dans le bon ordre. Qu'a-t-elle fait aujourd'hui ? Parfois, tout est si confus… Elle a pris le métro, pour se rendre dans son ancien appartement, celui qu'elle partageait avec son mari qui a demandé le divorce. C'est la concierge qui lui a ouvert la porte, le temps pour elle de récupérer le courrier. Sauf qu'à défaut de courrier, ce sont les couteaux, cadeau de mariage de sa mère, qu'elle met dans son sac. Une crise d'angoisse l'amène à prendre un rendez-vous d'urgence avec son psy. Que faire de sa fille, pendant ce temps ? Tout est si confus. Et quand cet abruti lui a demandé d'être une gentille fille, elle s'est rappelée des couteaux, ces couteaux cadeau de mariage de sa mère, qui est morte à présent, et qui sont toujours dans son sac…


Viviane Elisabeth Fauville, c'est moi, c'est toi, c'est elle, c'est vous… Facile en tout cas de se reconnaitre dans cette femme quarantenaire et jeune maman, cadre supérieur et en cours de divorce. D'ailleurs, l'auteure ne s'y trompe pas et n'hésite pas à utiliser alternativement le vous, le je, le tu, etc… Ce procédé qui déstabilise le lecteur déstructure également la narration, à l'image de l'esprit Viviane.

Ce petit livre intelligent évoque avec beaucoup de brio les difficultés d'être une femme aujourd'hui. Etre une mère aimante, c'est possible. Une épouse comblée, ça arrive. Avoir une carrière brillante, pourquoi pas. Ce qui est compliqué, bien sûr, c'est de se transformer en Wonder Woman qui mène tout de front à la perfection. Sans compter l'injonction sociétale à "se réaliser", à être heureuse. Car à moment donné, il y a toujours une petite poussière qui vient enrayer la belle logistique qui ne tient finalement qu'à un fil. Dans ce cas, on peut consulter un psy. Ca arrive, et des fois aussi, c'est utile. D'autre fois, on peut tomber sur un charlatan, qui nous prend de haut et dont l'objectif est d'assécher votre compte en banque.
Des fois, rien ne va plus, mais on ne peut pas rester assise sur sa chaise à bascule, en regardant son bébé dormir. Alors on la laisse dormir toute seule dans sa chambre, en vérifiant qu'elle n'aura pas froid et en s'assurant par des moyens que les autres réprouveraient qu'elle ne se réveillera pas. Et on fait des choix. de préférence les plus mauvais. On ne fait pas exprès, mais il y a des moments où l'on n'est plus capable de prendre du recul, de réfléchir aux conséquences de ses actes. Et puis on s'auto-flagelle, en forçant la rencontre avec ceux qui fréquentaient le psy poignardé, sa femme, sa maitresse, d'autres encore…

Viviane Elisabeth Fauville, c'est moi, c'est toi, c'est elle, c'est vous ; c'est un peu de nous, un nous possible, un nous en devenir, si jamais un grain de poussière venait à enrayer la belle logistique de notre vie qui ne tient finalement qu'à un fil.

Une très belle découverte !
Commenter  J’apprécie          463
Vous êtes Viviane, 42 ans, un bébé de trois mois, un bon boulot. Vous êtes mal, votre mari vient de vous quitter. Entourée de cartons dans votre nouvel appartement, vous bercez le bébé et vous réfléchissez à ce que vous avez fait un peu plus tôt dans la journée : blanc. le lendemain, ça vous revient. Vous êtes allée chez votre psy et comme d'habitude il a été incapable de vous aider alors vous l'avez tué.
A travers une énonciation à la 2ème personne du pluriel (sauf quelques incursions de la 1ère personne sing. ou pluriel et même de la 3ème) Julia Deck nous fait pénétrer dans les méandres des pensées de Viviane, méandres bien tortueux il faut bien le dire. le personnage n'est pas stable, c'est certain et nous, à sa suite, sommes déstabilisés. Car l'auteure nous promène. D'abord donc dans la psyché de Viviane. Elle nous promène aussi dans Paris d'appart en appart : le sien, celui de son mari, celui de sa mère, celui de la nounou où elle dépose-récupère la petite, du commissariat où elle est convoquée où lors des filatures des différents suspects de la police… Elle nous promène car elle nous mène où l'on ne se s'attend pas.
Mon meilleur Julia Deck à ce jour.
Commenter  J’apprécie          212
Rien de mieux que la quatrième de couverture pour donner le ton du bouquin. C'est extrêmement rare que je dise du bien de cette page, trop souvent explicite, mais là, elle emplit idéalement son rôle : celui de donner envie (ou pas) de dévoiler le ton et l'ambiance du livre. Car il est formidable ce roman. Ce qui m'a surpris de prime abord, c'est le vouvoiement, le livre commence comme cela : "L'enfant a douze semaines, et son souffle vous berce au rythme calme et régulier d'un métronome. Vous êtes assises toutes les deux dans un rocking-chair au milieu d'une pièce entièrement vide." (p.9) Et puis je m'y suis fait. Mais à peine le temps d'avoir intégré ce narrateur qui voussoie que le voilà maintenant, narrateur omniscient qui parle à la troisième personne, alternant les "Viviane" et les "elle". Et puis, non content de m'avoir déstabilisé, il en rajoute une couche, en se faisant oublier au profit de Viviane qui parle avec un "je". J'ai même lu des phrases commençant par "nous". Mais diantre, qui ose ainsi déranger ma tranquillité de lecteur ? Julia Deck, vous avez dit ? Connaît pas...
Bon sang, mais c'est bien sûr, j'ai souvenance d'avoir déjà lu des billets sur son roman chez Clara, Isa, Cathulu et Ys.
Voilà, vous savez tout de mes réflexions à la lecture des premières pages de ce roman. Je me suis régalé, j'ai jubilé à cette lecture tout sauf reposante. D'abord pour le style certes, mais aussi pour l'histoire et ce personnage de femme totalement perdue. Julia Deck nous promène, j'ai échafaudé des hypothèses sur l'éventuelle folie de Viviane, sur la réalité de son bébé, sur les raisons de son geste envers son analyste, sur divers points tout au long du bouquin. Rien ne s'est avéré. L'auteure nous embrouille volontairement pour mieux nous retenir. Son personnage ne va pas bien, c'est le moins qu'on puisse dire. Elle est dans une mauvaise passe, larguée la quarantaine juste passé pour une plus jeune, seule avec un bébé dans les bras pour lequel, elle craint de n'avoir pas de sentiment maternel
Pour être tout à fait complet, j'ai ressenti un "p'tit coup d'mou" au début de la seconde partie, une vingtaine de pages moins captivantes, un peu fatigantes, avant de repartir sur une fin tout aussi enthousiasmante que le début. Dans ma grande bonté, j'ai déjà pardonné à Julia Deck ce passage (que je suis peut-être le seul à avoir ressenti), car son roman est vraiment frais et original. Il paraît difficile d'inventer des histoires, des manières de les raconter aujourd'hui, tellement il a été publié de livres en tous genres. Julia Deck relève le défi, joliment. Franchement, passer à côte de Viviane Élisabeth Fauville sans faire sa connaissance serait de la goujaterie, une faute de goût, un manque de savoir-vivre.
Lien : http://lyvres.over-blog.com/
Commenter  J’apprécie          80
Un vrai régal. le style très clair, limpide, forme un contraste saisissant avec le récit volontairement embrouillé notamment grâce au jeu très réussi sur les pronoms personnels et à la construction narrative. le roman, pourvu d'une vraie fin, est jubilatoire. Excellente exergue de Beckett.
Commenter  J’apprécie          50
Une narration intelligente qui vous plonge au coeur de l'histoire servie par une très belle écriture. Un roman efficace. J'ai été happée.
Commenter  J’apprécie          20
Un premier roman chez Minuit ? On applaudit chaudement. du sang neuf dans la collection, ce sont sans aucun doute de nouveaux territoires linguistiques à explorer pour le lecteur.

Lire la suite sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2012/09/chronique-livre-viviane-elisabeth-fauville/
Lien : http://chroniques.annev-blog..
Commenter  J’apprécie          20
⚡️⚡️⚡️ Mais qui a tué le psy ?⚡️⚡️⚡️

C'est l'histoire d'une femme de 42 ans, responsable de la communication des Bétons Biron mariée, un nourrisson. Viviane Elisabeth Fauville, épouse Hermant, est une patiente du docteur Jacques Sergent, lequel est retrouvé mort dans son cabinet. Interrogée par la police, Viviane a un trou, elle commence à mentir quand les souvenirs reviennent, elle qui vient d'être larguée par son mari. Et si c'était elle la coupable, elle la dernière patiente du psy qui lui aurait dit d'être gentille et de recommencer le traitement prescrit.

Une double enquête commence entre les souvenirs de Viviane Elisabeth et les avancées de l'inspecteur Philippot qui enchaine les suspects. Un coup Viviane, un coup Elisabeth, Julia Deck maitrise le jeu des pronoms, un coup vous, un coup je, un coup tu. Premier roman dans les rues de Paris, aux allures de polar, où l'on sent l'influence heureuse de Jean Echenoz, Julia Deck est une autrice que j'apprécie tout particulièrement depuis Propriété Privé. Viviane Elisabeth Fauville est un roman noir, mais pas que, un roman à suspense mais aussi un roman sur cette folie qui nous guette, une folie rigoureusement traitée proche de celle de Beckett. Maitrise et épure dans un texte redoutable.
Commenter  J’apprécie          00
Passionnant et intrigant. le système narratif rappelle (un peu) celui de "La modification" de Butor, mais il s'agit sans doute ici plutôt de construire une distance entre le personnage de Vivianne et ses agissements. Sa personnalité est multiple et elle-même se perd dans les méandres de son identité (Viviane ou Elisabeth?). C'est un roman très bien écrit. Une belle surprise.
Commenter  J’apprécie          00
Une des meilleures surprises de la rentrée 2012 ... lu en novembre 2013. Comment étais je passée à côté de ce texte irréprochable qui a conservé les meilleurs réflexes de "l'école Minuit" sans en être agaçant : mesuré, vif, bref. Vivement le prochain.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (622) Voir plus



Quiz Voir plus

Viviane Elisa-quoi?

Qui Viviane tue-t-elle au début du roman ?

Son psychologue
Son psychanalyste
Son père
Son hamster

7 questions
24 lecteurs ont répondu
Thème : Viviane Elisabeth Fauville de Julia DeckCréer un quiz sur ce livre

{* *}