Robinson Crusoé

Permettez que je décide que ce pensum, que je traîne depuis le mois de juin comme un mauvais karma, parce qu'il fallait à mon challenge un nom de livre avec un prénom et un nom ET que j'avais ce titre sous la main, est fini, au chapitre 8 inclus, fin de la "robinsonnade" à proprement parler.
D'abord, après avoir longtemps hésité, pris le conseil de quelques commentateurs, dont le moindre n'est pas Michel Tournier (cf. le Vent Paraclet), je le classe parmi les anti-Lumières. Quand Robinson tente de convertir Vendredi, il le fait avec des arguments tellement réversibles (par exemple le fait que ses dieux soient locaux, comme si le dieu d'Abraham n'était pas local lui-même) que me suis demandé si Defoe ne faisait pas du deuxième degré, n'était pas en train de mourir de rire à sa table de travail en écrivant. C'était sur le point de relancer mon intérêt pour le roman, non que je n'aime que les libres-penseurs, mais j'aime bien l'esprit critique tout de même... Il finit par dire que les religions se rejoignent beaucoup (quelle concession !), mais reste tout à fait convaincu de la supériorité de la sienne.

Hélas, non, ce Robinson Crusoe n'est qu'une sorte de traité de débrouillardise et de leçon de foi et de soumission à la tradition occidentale qui m'a fait penser trop souvent à Tintin au Congo, où les vies humaines ne sont pas égales et sont fonction de la couleur de peau et de la religion. Comme le fait remarquer Tournier (op.cit), il aurait paru naturel que ça soit Vendredi qui initie Robinson à la survie dans l'île, à sa faune, à sa flore et on aurait abouti à un débat tout à fait digne des Lumières. Qu'y a donc vu Rousseau pour être subjugué à ce point par ce titre ? A-t-il été obnubilé à ce point par la bonté du sauvage qu'il a perdu de vue l'imbécilité de celui qui s'est pris pour son maître ?

Au chapitre 9, Robinson quitte son île et moi, j'abandonne
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pas aimé du tout

c'est bof bof