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Critique de Alfaric


C'est l'auteur rencontré aux Imaginales qui m'a lui-même incité à tenter l'aventure (un personnage dont la générosité n'a d'égale que la modestie, ce qui ne gâche rien)… Mais bon avec les Guerres de Religion, Marseille et la Fantasy, il n'avait pas besoin de beaucoup d'arguments pour me convaincre… L'oeuvre avait donc au départ tout pour me plaire, mais patatras le panégyrique d'Ugo Bellagamba sur la vraie littérature en préface m'a complètement douché…
Il a fallu repartir à l'assaut, et avec les phrases de quelques mots, les paragraphes de quelques lignes et les chapitres de quelques pages difficile de retrouver l'oeuvre de ouf tant vantée en préambule. Un prologue en forme d'huis-clos, où on glisse d'un personnage à l'autre avec des travellings de film d'auteur… Ah ce moment là j'ai eu peur, très peur… Et puis ouf, la magie de l'auteur fait son oeuvre et la musique de son écriture permettent d'accéder à l'essentiel !


Le Vent :
Nous sommes le 17 février 1596 et Henri IV est sur le point d'achever la reconquête du royaume de France par la prise de Marseille qui s'est érigée en République indépendante. le Consul Charles de Casaulx (successeur de Jules César ou annonciateur de Napoléon Bonaparte ? ^^), fait face seul à l'armée royale après le ralliement de la Ligue au roi nouvellement converti à la religion catholique, la défection de Charles-Emmanuel de Savoie et le retrait de Philippe II d'Espagne.
Le côté historique est impeccable car bien documenté, et la manière dont les personnages historiques et les personnages fictifs s'entremêlent est joliment maîtrisée. Ceux que l'auteur a choisi de mettre en avant veulent tous entamer une nouvelle vie permettant d'oublier celles qui furent les leurs, mais ils subissent les événements avant d'être rattrapés par l'amère fin dans un récit découpés en 3 actes avec unité de lieu, de temps et d'action… Jean-Laurent del Socorro n'échappe ainsi pas à sa formation d'homme de théâtre ^^

Les Colères :
- Axelle, guerrière reconvertie en tenancière, est en colère contre ce que sa mère a fait d'elle…
- Gabriel, le huguenot converti de force, est en colère pour avoir survécu alors que toute sa famille a péri…
- Armand, le maître artbonnier en fuite, est en colère contre son ordre qui a transformé des guérisseurs en guerriers…
- Victoire, la maîtresse assassine, est en colère contre la société qui ne laisse aucune place aux femmes, et qui l'a obligé à effectuer des choix qu'elle regrette fortement
- Ce bon Silas garde pour lui ses secrets, et ce n'est pas ses courtes interactions avec Victoire et ses longs monologues avec son tortionnaire qui vont nous en apprendre davantage. Je ne sais pourquoi, je n'ai pas arrête de penser à l'auteur déguisé en Rochefort avec une pomme à la main… mdr
L'auteur a certes fait le choix de la tragédie plutôt que de la comédie, mais force est de constater qu'il a réalisé ce qui à ma connaissance est de plus proche de Joe Abercormbie, la comète de la fantasy britannique. Ses personnages auraient parfaitement leur place dans l'un de ces livres, et parfois la frontière est très mine entre untel / unetelle et untel / untelle… C'est sans doute ici l'humanisme à la Sergio Leone qui fait le pont entre les deux auteurs.
J'ai retrouvé en l'auteur un peu des intentions d'écriture de Fabrice Colin, de Mathieu Gaborit, de Laurent Gidéon ou d'Estelle Faye : l'auteur très empathique a de la tendresse pour ses personnages et nous la fait partager (mais comme j'ai fortement senti le trope du cape et épée, sa place est peut-être entre Pierre Pevel et Jean-Philippe Jaworski ^^) : oui on s'attarde sur la romance gay entre un éraste et un éromène, sur le beguin d'une strong independant women qui pense être passé à côté de sa vie, sur les fantômes qui hantent un chevalier qui cherche à oublier à défaut de se racheter, et sur les doutes d'une femme qui n'a trouvé sa place ni en tant que guerrière ni en tant que mère… Oui, on fait la part belle à l'introspection, et pourtant il faut souligner que l'auteur développe un talent de dialoguiste d'une redoutable efficacité, et ses tirades sont remplies de bons mots et de punchlines !


L'auteur a composé 4 voire 5 personnages très forts, suffisamment forts même pour que chacun d'entre eux puisse être l'objet d'un roman tout entier. Mais en les associant on parvient à un goût de trop peu, voire d'inabouti. J'ai eu un peu les mêmes sensations qu'un film de Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui : des personnages en plein doute qui se croisent et qui s'entrecroisent, et quand on pense qu'ils vont relever la tête et construire quelque chose et ben c'est déjà fini…
La moitié de l'ouvrage c'est des bouts de flashbacks nous permettant de reconstituer l'Histoire des Guerres de Religion de du 24 août 1572 au 17 février 1596 à travers les POVs des personnages principaux (dont on reconstitue également les histoires individuelles), découpés en 12 parties chacun et repartis selon une chronologie quelques peu déstructurée… Originalité n'est pas synonyme de qualité, et ce n'est cette « témérité stylistique folle » qui apporte de la qualité à ce premier roman qui pourtant n'en manque pas du tout… Car le projet est un peu bâtard : roman ? novella ? nouvelles? Ah ça on sent que l'auteur est plus à l'aise comme nouvelliste que comme romancier, mais s'il continue dans sa voie il pourrait bien tout déchirer… Bref, c'est frais, c'est neuf et surtout c'est prometteur car à l'heure du tirage à la ligne sa concision e son efficacité sont des atouts maîtres ! ^^
Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
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