Il ne s'était jamais marié. Peut-être n'en aurait-il pas trouvé le temps, tellement sa vie était absorbée par l'étude. On affirme, cependant, qu'il eut une passion et qu'il s'attacha pendant plusieurs années à une jeune fille très-belle et d'un esprit très-orné ; mais cette inclination, complètement ignorée de la plupart des biographes, ne paraît pas avoir exercé une influence notable, soit sur sa vie, soit sur la direction de son esprit.
Smith eût pu donc être ce qu'on appelle de nos jours un brillant causeur, parlant avec esprit de tout, et d'autant plus étincelant qu'il avait moins étudié la matière. Mais son caractère consciencieux méprisait celte vaine gloriole : il tenait à aller au fond des choses, et ce n'était qu'au milieu d'un petit cercle d'amis, durant ses heures de délassement, qu'il laissait errer son imagination.
Nous nous attacherons à montrer en même temps l'unité de plan, l'unité de conception qui se manifeste dans les œuvres d'Adam Smith, si différentes au premier abord, dans la Théorie des sentiments moraux qui repose sur la sympathie, comme dans la Richesse des Nations fondée sur l'intérêt.