La poésie des marchés

Lucie est analyste dans une entreprise du secteur pétrolier. 

Son métier : suivre les fluctuations du prix du pétrole, du gaz et le taux de change du dollar et produire les analyses de tendance qui permettent at ses collègues d'acheter au meilleur prix. 

Quoi de plus ennuyeux a ses yeux. Elle qui produit des haïkus, portraits de ses collègues, crée des collages à partir des meilleurs camemberts et histogrammes colorés illustrant les rapports d'activités ... 

Son âme d'artiste se morfond jusqu'au moment où elle se met à inventer ses analyses... Son temps de cerveau étant affecté à tant d'autres activités que celles pour lesquelles elle perçoit un salaire. 

Un roman qui m'a mise mal à l'aise tout en me confortant dans mon ressenti des activités nombrilistes de certains services support, bien éloignés des réalités du terrain. 

Bien écrit, certainement bien documenté vu le profil de l'auteur ...

Mais je n'ai pu réellement entrer en sympathie avec les personnages trop tire-au-flanc à mon goût ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..

Piégée dans une entreprise où tout lui semble vide de sens et vide d'humour, seule personne capable de second degré ou d'esprit artistique, Lucie va entrer en résistance silencieuse contre ce système... en faisant n'importe quoi. Laissant libre cours à son imagination, elle peint, écrit des haïkus, propose des idées farfelues au concours d'innovation interne, héberge un SDF, puis un iguane dans les locaux de l'entreprise. Sa rébellion est mue par deux causes :
1) l'absence totale d'esprit artistique, d'esthétique et même d'ironie qu'elle rencontre chez ses collègues
2) la prise de conscience écologique et le fait que son entreprise (de distribution d'énergie) ne contribue en rien à lutter contre le dérèglement climatique ou la détérioration de l'environnement

Elle fait embrasser sa cause deux collègues qui, comme nous, se sont laissés entraînés dans sa folie douce.

Je ne vois que des bonnes raisons de lire ce livre frais et original :
J'ai ri, comme rarement, à certaines scènes d'une bizarrerie cocasse qui subvertissent le sérieux total dans l'entreprise pour le faire entrer dans la poésie chère à l'héroïne
Malgré cette loufoquerie du récit, j'ai trouvé très réalistes les personnages-archetypes qui peuplent Vega Énergie, au caractère le plus souvent médiocre : un petit chef très "petit chef" fier de lui et donneur de leçon, une salariée juste très premier degré et désespérément ennuyeuse, un collègue débonnaire et naïf qui nous parle de sa femme toutes les trois phrases, une responsable de communication qui a réduit tous les problèmes de l'univers à "l'égalité homme femme"...
Le livre est un des rares romans qui développent une argumentation sur le réchauffement climatique (et convoque Jankovici en arrière plan de la galerie des personnages !).

Le seul bémol que j'y ai trouvé est la progression narrative, qui à la fin du roman vivote un peu.

Bref, foncez, ce livre est un bonheur à lire et j'espère que ce premier roman sera suivi de beaucoup d'autres.

Lucie est analyste pour les marchés de énergie. Avec certains collègues, elle essaie d'insuffler de la fantaisie dans son entreprise.
Le livre à lire pour différer votre prise de vitamine d'avant l'automne. C'est positif sans être niais, drôle, émouvant. Premier roman réussi pour cette analyste de métier ( tiens donc 🤔).

C est un premier roman passionnant, drôle, et qui porte plusieurs messages. Anne-Laure décrit si bien la vie de bureau mais excelle aussi dans les descriptions de personnages, il y a chez elle une bienveillance extrême et l'histoire nous offre un bon moment et les haïkus que l'autrice sème au fil des pages sont délicieux. C'est un beau roman, fort bien écrit et avec des personnages qu'on oublie pas. Vivement le second roman d' Anne Laure.

Chronique en forme de quiz

Question 1 : Quel est l'habitat naturel de l'iguane ?

Réponse A : Les arbres des forêts tropicales.
Réponse B : le local technique d'une grande entreprise parisienne spécialisée dans le marché de l'énergie (gaz, pétrole, électricité).

Question 2 : Que vous évoque le terme de pétrospleen ?

Réponse A : Les états d'âmes de Charles Baudelaire s'éclairant à la lampe à pétrole.
Réponse B : La mélancolie provoquée par la prise de conscience de notre addiction collective au pétrole.

Question 3 : le lézard Timon lepidus dodeline de la tête à l'écoute de Stairway to Heaven de Led Zeppelin :

Réponse A : Faux.
Réponse B : Vrai.

Question 4 : Les rapports annuels de l'agence internationale de l'énergie permettent :

Réponse A : aux traders de prendre des décisions objectives pour pallier la volatilité des prix du marché.
Réponse B : de réaliser de superbes collages artistiques à partir des graphiques en forme de camembert.

Question 5 : Dans une grande entreprise de Paris La Défense on trouve des machines Nespresso qu'à l'étage des traders :

Réponse A : Faux.
Réponse B : Vrai.

Question 6 : Cette même grande entreprise spécialisé dans les cours du pétrole, abonnée au site prixdubaril.com dont la majorité des salariés réalisent dans l'open space des tableaux Excel et des PowerPoint est un lieu favorable à la réalisation de haïkus, à l'exercice de la poésie, à des conférences sur Nietzsche  réalisées par un SDF à dreadlocks ?

Réponse A : Faux.
Réponse B : Vrai.

Si vous avez une majorité de réponses A : vous manquez totalement d'imagination, vous pensez que l'entreprise est à l'exact opposé de la poésie.
Si vous avez une majorité de réponse B, c'est que vous avez lu le livre, bande de tricheurs. Bon, ça va pour cette fois.

Coup de coeur pour ce premier roman d'Anne-Laure Delaye qui travaille effectivement en tant qu'analyste financière dans le marché de l'énergie. Une bouffée d'air frais.

Changer les âmes
Changer les coeurs
Avec des bouquets de fleurs
La guerre au vent
L'amour devant
Grâce à des fleurs des champs
Laurent Voulzy – le pouvoir des fleurs.

Challenge Multi-Défis 2023.

Une belle découverte! (Si ton boulot t'ennuie, alors il faut lire ce roman!)

Je me suis bien réjoui dans la lecture de ce roman qui a une histoire très intéressante.

Son intrigue est très bien pensée qu'avec plusieurs évènements remarquables du monde réel, la borne entre l'intrigue forgée et le réel a été bien troublée, qui rend la lecture très amusante. En plus, l'écriture est à la fois drôle et intelligente.

Et surtout, l'esprit de l'héroïne Lucie qui est à la fois poétique et rebelle est vraiment précieux et inspirant: avec un effort et un changement de pensée, il est quand même possible de colorer le quotidien professionnel et de retrouver soi-même dans notre vie répétitive et machinale.

Bref, ce roman est vraiment une belle découverte! Je le recommande vivement! Et hâte de lire la prochaine oeuvre de l'écrivain Delaye!

Un réel enchantement que ce premier roman! On s'attache avec douceur à ces protagonistes singuliers et le livre refermé, c'est comme dire au revoir à une bande d'amis, le coeur un peu serré. J'ai souri du début à la fin de ma lecture, tellement les pages sont imprégnées de charme et de tendres absurdités. L'étrange naïveté que Lucie porte sur ce qui l'entoure et le monde de l'entreprise est un vent de fraîcheur et traite du quotidien de la vie de bureau avec justesse sans être acerbe ou critique mais toujours avec propos. Un vrai plaisir et une vraie découverte!

In the mood for…where is Robert ?

Anne-Laure Delaye propose un premier roman décalé et teinté de poésie sur la vie de bureau.
La narratrice, Lucie, est analyste de marchés dans un grand groupe du secteur énergétique. Fichiers de prévisions énergétiques, volatilité du prix baril de pétrole, cours des monnaies font son quotidien mais ne la passionnent pas. Elle commence même à trouver tout cela absurde.
Avec l'aide de deux collègues et d'un SDF philosophe croisé par hasard, elle va inventer un espace dans l'entreprise dédié à la PVV, c'est à dire à la Poésie Vibratoire du Vivant.
Au coeur de ce projet, deux énergies cruciales : celle des haïkus que Lucie compose dès que possible, desquels elle s'inspire même pour rédiger, avec un certain succès, les prévisions financières pour les traders de sa boîte ; et celle De Robert, un iguane contemplatif qui induit en état méditatif les différents membres de l'équipe.
«À situation irrationnelle, solution irrationnelle», l'autrice réussit à dépeindre ici la tension entre la course effrénée pour gagner toujours plus et l'appel de la littérature, cette prise de recul comme antidote à la folie du monde. Avec humour et sans ton moralisateur. C'est rafraichissant.

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On a peine à y croire mais la poésie se niche au sein même de l'entreprise, dans un service d'analyse de marchés où l'on ne soupçonnerait pas que la fantaisie puisse s'infiltrer. La poésie, l'héroïne s'efforce de la débusquer, voire de l'introduire dans cette vie de bureau routinière.
Un roman qui colle à l'actualité brûlante de la crise énergétique, du réchauffement climatique et des prémices de la guerre en Ukraine, sujets pour le moins anxiogènes mais qui sont traités avec un humour irrésistible et une fantaisie qui fait grand bien.
On pourrait trouver à redire à cette tournure légère qu'emprunte l'auteure pour aborder des problèmes critiques. Mais la pédagogie se cache derrière le ton faussement naïf et l'air de ne pas y toucher de la narratrice, et l'auteure parvient à nous fait comprendre, en marge de l'intrigue, les enjeux souvent absurdes du marché de l'énergie.
Il n'y pas vraiment de message, seulement le réconfort d'un moment de lecture très agréable, bien rythmé et plein de drôlerie. L'auteur brosse ses personnages avec une plume gentiment moqueuse qui nous les rend attachants. On se retrouve dans les errements de l'héroïne, souvent découragés comme elle dans nos tentatives d'adopter un comportement climatiquement vertueux.
L'angle de la poésie pour aborder ces thèmes d'actualité donne un point de vue inhabituel et en ressort une certaine espérance : une solution inattendue aux maux de notre époque pourrait peut-être surgir de l'étrangeté et de l'absurde.
Bravo pour ce premier roman, on attend le suivant !

Dans le décor high-tech d'une entreprise qui porte le sibyllin titre de Vega Energie, Lucie analyse les variations des coûts des ressources énergétiques. Il est donc question de pétrole, d'électricité, de gaz, de fluctuations de taux, bref pas de quoi rêver. Mais comme le management propose des simulacres de propositions bienveillantes, destinées à motiver les troupes pour plus de rentabilité, Lucie se lance dans le challenge qui consiste à imaginer une amélioration des conditions de travail. Avec deux collègues, elle monte un projet d'émission de bruit alfa qui atténuerait le bruit ambiant. Laissant tomber l'attribution de haïkus en guise de portrait pour chaque membre de l'équipe, elle lutte pour ne pas laisser de côté son âme d'artiste. Un local inutilisé abrite ses meilleures productions. Lieu de rendez-vous secret pour ceux qui la suivent dans ses délires, le cagibi en verra bien d'autres. Il y sera question d'un recyclage des âmes, d'un iguane colopathe et de Nietzsche !

C'est aussi drôle qu'instructif, et l'autrice parviendrait presque à nous faire comprendre la raison du prix exorbitant du carburant à la pompe.

Anne-Laure Delaye se moque gentiment du monde de l'entreprise 3.0 , de ses tics de langage, anglicismes et acronymes, et de son management qui frôle la caricature.
L'humour ne manque pas et l'on sourit aux portraits dressés avec un regard sans concession.

Le heurt de deux mondes incompatibles provoque un chaos que l'alchimie d'une écriture vive et enjouée transforme en moment de grâce.

272 pages Albin-Michel 4 janvier 2023

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