L'homme sous pilule

Lou et Max sont amoureux. Bien que leur histoire soit naissante, la question de la contraception se pose très vite. Max n'appréciant pas la sensation du préservatif pendant le rapport et Lou ne prenant plus la pilule depuis les nombreux scandales révélant sa nocivité sur la santé de la femme, ils pratiquent en attendant la technique du retrait, avec tous les risques que cela comporte… En homme amoureux et moderne, Max a conscience que la contraception, loin d'être réservée à la femme, est l'affaire de tous et décide, pour soulager sa compagne, d'être celui qui sera contracepté dans leur couple. L'intention est bonne, mais sa réalisation s'avère relever du parcours du combattant! Une véritable plongée dans l'histoire d'un couple en quête de sa contraception…

Whaaat??! Comment est-il possible qu'à 35 ans, je découvre seulement maintenant qu'il existe de multiples moyens de contraception, autres que le préservatif, pour les hommes??? Je n'ai pourtant pas été élevée parmi les loups, ni coupée d'internet jusqu'à aujourd'hui! Je n'ai même pas séché les cours d'éducation sexuelle au collège, c'est dire! Alors pourquoi, ni médecins, ni gynécologues n'ont jamais évoqué ces autres alternatives, préférant prescrire la pilule à une gamine de 12 ans pour cause de règles douloureuses, en sachant pertinemment que ce moyen de contraception instauré au plus jeune âge la suivrait durant de nombreuses années et pouvait s'avérer nocif?

La réponse, on la trouve dans ce roman graphique édifiant avec d'une part “la rentabilité. Une vasectomie rapporte beaucoup moins qu'une ligature des trompes” ou qu'un traitement quotidien pris sur des années par des millions de femmes, pour le plus grand bonheur de l'industrie pharmaceutique. Mais il y a aussi le fait que “c'est sociétal, beaucoup de mes pairs [les médecins] entretiennent l'idée que la contraception est une affaire de femme” (p.71). Voilà deux points essentiels qui expliquent l'immense retard de la France sur certains procédés par rapport à nos voisins européens (0.03% des français ont eu recours à la vasectomie entre 2010 et 2018, contre 20% des hommes en Angleterre…).

Alors, même si je n'ai pas spécialement été séduite par le dessin de Lucie Caron, que j'ai trouvé assez froid, au point d'instaurer une distance avec les personnages, je dois bien reconnaître que j'ai été captivée par le sujet! C'est dense, il y a beaucoup d'informations à intégrer, mais on peut dire que “L'homme sous pilule” aura eu le mérite de me déniaiser et de m'informer, beaucoup mieux que ne l'ont fait les professionnels de santé ou les enseignants jusque-là! Une bande dessinée essentielle et percutante, dont la lecture devrait être rendue obligatoire dès le collège!

Cet ouvrage est très intéressant en ce qui concerne la présentation des différents moyens de contraception masculine. C'est vrai qu'on n'en parle jamais en France et que les différentes personnes qui m'ont suivie dans ma contraception ne m'ont jamais présenté ces méthodes et n'ont jamais présenter la contraception comme relevant du couple mais uniquement de la femme. ça fait du bien de voir voler en éclat ces évidences. le propos est alors bien construit et présente bien les différentes réflexions, même si la mise en situation scénaristique est peu intéressante.

Le corollaire de la contraception est le désir d'enfant que l'auteur présente aussi, chez les hommes et chez les femmes et j'ai trouvé cette partie un peu plus bancale et moins aboutie en terme de réflexion : L'auteur décrit très bien la pression sociale qui pèse sur les femmes qui ne veulent pas avoir d'enfants ou qui n'ont pas d'enfants passé la trentaine ; il y a aussi un début de réflexion qui pourrait être étoffée sur le rapport des femmes au monde une fois qu'elles sont devenus mère. le refus d'enfant pour cause écologique est effleuré et le point de vue masculin est pour le coup assez absent (enfin il se réduit à des postures égoïstes). J'ai trouvé que l'ensemble était moins abouti et parfois desservi par un vocabulaire complexe.

Je ne suis par ailleurs pas fan des dessins, même si j'ai trouvé l'ensemble très clair et que la disposition des cases ou les diagrammes est très bien pensé. En résumé, une lecture qui m'a marqué pour la partie purement contraception et que je retiendrai et conseillerai.

Dans cette BD, on fait la connaissance d'un couple : Lou et Max, la trentaine. Max se pose des questions sur la contraception masculine, Lou, sur son désir d'enfant. En se renseignant, Max nous fait découvrir un certain nombre de méthodes de contraception masculines, souvent avec humour, qu'on connaît moins que le préservatif. La BD questionne la charge contraceptive qui incombe souvent aux femmes, mais aussi les différences entre la France et le Royaume-Uni, où la stérilisation masculine est beaucoup plus répandue.

J'ai apprécié découvrir le style graphique de Lucymacaroni, qui rend la lecture de la BD très agréable. Ce qui m'a touchée aussi, c'est de lire le point de vue d'un personnage homme. Les apports informatifs sont amenés sans lourdeur, et s'inscrivent dans le récit. Car oui, L'homme sous pilule, ça parle aussi d'amour. Une BD intéressante pour ouvrir le champ des possibles en matière de contraception.

Max est un homme qu'on a envie de suivre, qui déconstruit et remet en question, cherche à apprendre et repousse les limites pour se mettre sur pied d'égalité avec sa copine. Il découvre toute la charge contraceptive des femmes et tout ce qui y est lié, un parcours qui le pousse dans ses retranchements et remet son couple en question. Un bd très enrichissante qui donne envie d'aller plus loin.