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Critique de gerardmuller


La vie en relief : Philippe Delerm
La vie en relief, c'est l'addition de ces petits moments de notre existence que nous avons vécus parfois sans nous rendre compte qu'ils allaient resté gravés et faire partie de notre intimité. Souvenirs, sensations, parfums, trouver de la beauté dans l'ordinaire des choses, pour rejoindre un art de vivre.
Un recueil d'instantanés évoqués avec délicatesse et un sens aiguisé du détail insignifiant qui fait tout, comme le magique coup de sifflet initial d'un match de foot, « l'urgence d'un présent absolu qui ouvre le champ de tous les possibles, de combinaisons inédites, de gestes singuliers. » Ou encore le mot de Flaubert qui à lui seul nous donne le sentiment d'avoir compris ce qu'est le bovarysme.
Et le mot « eau de vie de prune » ! Rapporté à l'image qu'il suscite, la chaleur de l'alcool est déjà dans notre gorge. de la vie transparente, on peut rêver de faire un alcool fort : une jolie métaphore pour illustrer mon propos initial. Et l'auteur de renchérir en se déclarant bouilleur de cru du temps qui lui est donné. Magnifique image allégorique.
Ce recueil de réflexions sur la vie de tous les jours ou bien évoquant des souvenirs nous régale d'une belle écriture poétique. le sel de la vie est ainsi fait souvent de toutes petites choses, de sensations infimes, de phrases du quotidien, de gestes, de bruits, d'odeurs, d'atmosphères. le vivre et l'écrire, c'est cela la vie en relief. Poésie aussi en se remémorant la fin des vacances et la mélancolie douce qui en émane, avant de reprendre l'école avec ce vague à l'âme indicible.
Au passage une critique de la méthode globale pour apprendre à lire, heureusement aujourd'hui partiellement abandonnée pour remettre à l'ordre du jour la méthode syllabique qui a tant fait ses preuves. Je souscris.
de belles pages sur la danse et le tango en particulier bien que l'auteur avoue ne pas être un grand danseur. Et puis par petite touche quelques confidences de l'auteur sur sa vie privée avec Martine son épouse : « C'est étrange, je suis à côté de la femme que j'aime et pourtant je me sens amoureux comme à quinze ans. »
Ah ! la cueillette des champignons en septembre après une douce pluie nocturne, la trompette de la mort, champignon champion du camouflage, et le cèpe apparu sur l'ourlet du talus moussu le long du chemin forestier !
Une ou deux pages sur Blaise Pascal, ce génie admiré de l'auteur qui finit sa vie en anachorète à Port Royal.
Et puis l'actualité faisant, la pandémie de coronavirus donne l'occasion à l'auteur de nous rappeler ces rendez-vous des habitants d'immeubles qui chantent pour se donner du courage tous les soirs sur leur balcon et manifester leur solidarité, affirmer leur désir de vivre, une sorte de rébellion contre le mauvais sort…Et l'auteur de faire le rêve attingible que le rite des chants puisse perdurer après le virus…
Avec la pandémie, la communication a pris un nouveau visage avec Face Time ; on se donne rendez-vous, on se rassure, on se regarde, et ce d'une façon nouvelle où les gestes du corps ne comptent pas comme d'habitude, tout étant dans le regard quand on écoute l'autre.
230 pages de petits moments d'intimité que chacun d'entre nous a sans doute connus. À lire par petites gorgées en prenant son temps pour réaliser la vérité de ces immarcescibles instantanés littéraires.
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