Citations sur La vie en relief (82)
Je n'ai pas l'impression d'avoir été enfant, adolescent, homme mûr, puis vieux. Je suis à la fois enfant, adolescent, homme d'âge mûr et vieux. C'est sans doute un peu idiot. Mais ça change tout.
Je ne suis pas sur terre pour ne pas être troublé.
Vivre par les toutes petites choses . des sensations infimes, des phrases du quotidien, des gestes, des bruits, des odeurs des atmopshères, ecrire sur tout cela. car écrire et vivre, c'est la vie en relief, une opération qui s'est imposée lentement. Transformer un sujet en ce qui n'est en est pas un, la perspective est délicieuse. Elle donne le sentiment que l'existence est inépuisable, qu'il y aura toujours un angle différent à trouver , à chaque fois l'impression de respirer plus large, en ayant tiré de la vie même ce qu'elle contenait mais demeurait enfoui"
Je déteste la pureté, si la pureté, c'est se débarrasser de tout.
Je veux m'embarrasser de tout.
La dernière tue, c'est indiscutable, du moins en apparence. Mais toutes blessent, non. La formule nous culpabilise, nous reproche notre oubli de la mort. Les heures sont ce que nous en faisons. Elles sont magiques. Elles nous inventent, et sont d'autant plus notre propriété qu'elles ne nous appartiennent pas. Car ce n'est pas vrai que nous oublions la mort. Nous sommes plus beaux, plus grands que ce pessimisme arrogant. Nous faisons seulement semblant d'oublier que nous mourons, que nous mourrons. La quête du bonheur n'est rien de plus, et c'est cela qui fait sa gravité, qui donne le frisson. Coincés dans une souricière, les hommes jouent jusqu'au bonheur l'héroïsme de la légèreté. Et c'est tellement plus fort et plus subtil que la mort.
Le passé n'est pas un monde perdu. Le vivre dans le présent n'est pas de la nostalgie. Ce qui est passé est possédé, définitivement. Je dis "ma vie est belle" parce que j'ai la chance de sentir le passé dans le présent. Il y est, il n'attend rien que de se déployer.
Vivre par les toutes petites choses. Des sensations infimes, des phrases du quotidien, des gestes, des bruits, des odeurs, des atmosphères. Écrire sur tout cela. Car écrire et vivre, c'est la vie en relief, une opération qui s'est imposée lentement. Transformer en sujet ce qui n'en est pas un, la perspective est délicieuse. Elle donne le sentiment que l'existence est inépuisable, qu'il y aura toujours un angle différent à trouver, à chaque fois l'impression de respirer plus large, en ayant tiré de la vie même ce qu'elle contenait mais demeurait enfoui.
On disait "Il a soixante-douze printemps. Elle a soixante-huit printemps". C'était gentiment ironique, cette façon de donner l'âge de quelqu'un. Sûrement parce que le printemps est la saison du renouveau, de la jeunesse des choses. Souligner que quelqu'un avait déjà traversé beaucoup de renouveaux, c'était à la fois mesurer l'ampleur de son passage sur terre et s'étonner d'une fraîcheur allègrement préservée, peut-être une façon de signifier aussi que sur lui, sur elle les saisons ne semblaient pas avoir de prise.
Le passé n'est pas un monde perdu. Le vivre dans le présent n'est pas la nostalgie. Ce qui est passé est possédé, définitivement. Je dis "ma vie est belle" parce que j'ai la chance de sentir le passé dans le présent. Il y est, il n'attend rien que de se déployer. Il est le contraire de la prière, de la transcendance, de l'abstraction. Je déteste la pureté, si la pureté, c'est se débarrasser de tout. Je veux m'embrasser de tout. Avoir vécu les choses sans les avoir perdues, les instiller dans le monde qui vient, faire du présent un alcool fort, le goût du fruit plus fort que le fruit.
Vivre par les toutes petites choses, des sensations infimes, des phrases du quotidien, des gestes, des bruits, des odeurs des atmosphères, écrire sur tout cela.