Je suis le crocodile, l'âme et le corps de la Russie, qui dévore ses ennemis et protège ses enfants. Je suis le loup des steppes gelées, qui sillonne les frontières et plante ses crocs dans la gorge de l'envahisseur. Je suis l'ours, je suis l'aigle, je suis la chouette, le rapace qui tue ses ennemis la nuit. Je suis Baba Yaga, qui voyage dans les arcanes du temps, au centre du chaos, partout et nulle part à la fois, à la fois morte et vivante, à la fois dans le présent et le passé.
Tu ne rêves pas, Evgeny Kostioukov.
Tu viens de te réveiller.
"L'humanité engendrait sans cesse des fous que nous faisions semblant de ne pas voir ."
On prétendait que je luttais pour la liberté, pour le bien, pour la démocratie. Mais je ne connais aucune démocratie qui se défend en assassinant des gens à des dizaines de milliers de kilomètres de chez elle.
Les grands malheurs du monde venaient davantage de nos petites trahisons et de nos lâchetés quotidiennes que des grandes conspirations. Stalingrad symbolisait notre folie collective, l’abomination devant laquelle nous nous étions agenouillés. Nous avions négocié avec notre part la plus sombre alors que s’il existait quelque chose à tuer, c’était bien celle-ci.
"...Une brume fantomatique flottait au-dessus du sol qui grondait. C'était comme si une machine s'était mise en branle dans les entrailles de la ville, une mécanique dont le moteur tournerait avec du sang humain. La guerre , peaufinée par l'homme depuis la nuit des temps, plus consommatrice que jamais en tripes et en larmes. ..."
Le national-socialisme deviendra le dogme unique et éternel qui régira le monde.
Dorénavant, ses nuits seraient peuplées d'images de flammes et de sang.
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Les rêves deviendraient des cauchemars. Le jour laisserait place à une nuit noire, sans étoiles et sans bruit. C'en était fini de l'innocence. Désormais, c'était la guerre.