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250 pages
MARPON C. et E. FLAMMARION (01/01/1863)
5/5   2 notes
Résumé :
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Roman de jeunes bohèmes, d'artistes parisiens et une intrigue amoureuse principale.

L'originalité principale du roman réside en une attitude féminine rarement détaillée et écrite de la sorte dans des romans du 19ème.

La séduction, la prise de risques, est exclusivement féminine. Louise relève le défi avec ardeur d'autant plus qu'elle se trouve narguée par ses camarades d'atelier :

« Horace, ma fille, est tout simplement un homme de talent (…) C'est un ragoût trop délicat pour ton palais capricieux : n'essaye pas d'en manger, tu te brûlerais la langue… La femme qui doit l'atteindre n'est pas encore fondue. »

Horace n'a ni réels succès, ni pouvoir quelconque, ni fortune ; ce n'est qu'une jeune étoile de la littérature.
D'une parfaite candeur, il accepte une promenade proposée par Louise sans arrière pensée, et son extrême indifférence d'artiste accroît même l'intérêt qu'elle lui porte.
Il siffle, chante, se comporte comme s'il était seul, mais contemple et admire à voix haute, même les choses les plus banales, parlant notamment de la Seine : « Il vient on ne sait d'où, filet d'eau imperceptible ; puis il s'enfle dans sa course, il grossit, il se renforce, et il passe là, majestueux, profond, sonore, pour aller se perdre dans le mystérieux Océan ! » Puis prend inopinément conscience de l'existence de sa compagne.
Cette scène est remarquable par sa spontanéité et la persévérance que met Louise à l'engouement de cet inconnu est tout à fait extraordinaire.

Cet emballement si soudain pour une passion unilatérale ne surprend pas tant si on la relativise par le contraste que représente l'amant actuel de Louise, un possessif soumis et toujours prêt à gémir à ses pieds et de l'autre cet indifférent poète.

L'amant jaloux pressent qu'elle lui échappe, propose à tout l'atelier une longue expédition dans les forêts de Montmorency afin, imagine-t-il, de récupérer la pleine exclusivité qu'il avait sur son amante.
Mais Horace, par un grand hasard, rejoint le groupe et se fait aussitôt menacé, on l'incite à s'éloigner au plus vite avant que Louise ne soit irréversiblement amoureuse de lui.
Ce dernier n'avait pas saisi le moindre début d'une intrigue amoureuse mais consent à se retirer en son village natal, définitivement, comme le lui demandait régulièrement sa mère qui ne demande qu'à le voir marié avec une amie d'enfance.

C'est là une seconde audace féminine : Louise multiplie les fourberies et escapades afin d'intercepter à temps Horace qui fuyait définitivement de Paris : elle quitte un hôtel sans en avertir ses proches, se fait accompagner d'un seul compagnon de l'atelier qu'elle manipule, se glisse au domicile d'Horace, lit une lettre destinée à sa mère, se cache, se fait finalement surprendre et… Supplie, sanglote, fait les plus ridicules déclarations d'amour à l'inconnu qu'elle connait depuis seulement 8 jours… de façon surprenante, Horace accepte et reporte ses projets bien qu'il sache tout de la réputation de Louise : qu'il s'agit d'une dangereuse femme versatile et dominatrice.

Ce qui avait toutes les apparences d'un caprice en était bien un. Louise se fait entretenir par d'autres amants, la maisonnette d'artiste du Quartier Montmartre lui paraissait trop bucolique, les rêveries du poète ne lui procuraient que peu de plaisirs faciles et rapides. Tout s'effondre pour Horace, l'amant officiel de Louise le provoque en duel peu de temps après pour cette liaison.
Celui-là même qu'il fréquentait à l'atelier d'artistes et qu'il percevait comme un ami était constamment jaloux de tous ses succès, même de ses maigres succès littéraires et il était ravi à cette occasion de pouvoir l'anéantir à l'issu d'un duel sous ce légitime prétexte.

La décrépitude est longue : Horace s'enfuit au dernier moment du duel, errant seul dans la forêt après avoir remarqué, un instant avant de prendre les armes, une énième preuve de l'infidélité de Louise, ce qui l'enfonce dans une étrange envie suicidaire où il hésite, se tourmente, se détériore, se rend malade, reprend brièvement espoirs en retrouvant par un heureux hasard d'anciennes connaissances mais s'acharne à se lamenter, persiste à revoir Louise et confirme une fois encore ses certitudes à son égard.

Ces absurdités romanesques sont troublantes : car on explique peu finalement le revirement de coeur et d'indifférence d'Horace, cet homme qui s'était préservé jusqu'à l'âge de 26 ans de toute relation amoureuse, et qui brusquement dévoue entièrement son coeur et sa raison pour une belle et spirituelle courtisane, certes, mais courante en son genre.
Mais on ne peut s'empêcher de s'émouvoir face à son acharnement, son autodestruction stupide mais si intense, provenant d'un homme de génie. Puis, l'histoire étant vraie selon l'auteur, on constate avec émotions plutôt qu'à chercher une erreur de logique.

« Horace était une nature d'élite, comme en conviendront aisément ceux qui l'ont connu et regretté, - car cette histoire, que je raconte là mal et vite, est une histoire vraie depuis la première ligne jusqu'à la dernière, une histoire arrivée, une histoire vécue ; Horace était une nature d'élite ; un vase d'élection, une âme et un esprit dans la noble acception du mot. Il avait encore la beauté intérieure, c'est à dire la bonté. La bonté est un vertu rare, robuste et vivace. On n'est pas bon sans être intelligent, très intelligent (…) »

L'intense détresse d'Horace est finement décrite :
« je l'ai violemment aimée, je l'aime encore, je crois. Quand on a bu certains poisons, il vous en reste toujours quelque chose, quoi qu'on fasse et quelque soin que l'on prenne. On en meurt pas tout de suite, mais on en meurt… »
(…)
« Elle est là-dedans ! Continua-t-il en étendant la main, comme une menace vers la capitale ; dans cette mer sans fond… Au milieu des marsouins et des crocodiles… Parmi les monstres… Ah ! Sirène, c'est bien là qu'est ta place en effet !… Tu es faite pour cet élément, et non pour un autre… Tu as beau être plébéienne d'origine, tu es duchesse d'éducation, et c'est Paris qui a été ton maître, lui dont tu es aujourd'hui ta maîtresse… Paris ce grand corrupteur des consciences et des âmes !… »

Les sentiments sont vifs en ce roman où l'on alterne l'insouciance et l'allégresse à un chaos dramatique vers la fin du roman. L'auteur ne néglige aucun personnage, tous ou presque, même secondaires, sont attachants, et la physionomie des lieux, particulièrement du quartier Montmartre, est tout juste précise pour être intéressante tout en étant légèrement poétique.
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