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Citations sur On a retrouvé l'histoire de France (21)

Dans tous les cas, ces ouvrages d'archéologie fantastique témoignent d'un singulier mépris, confinant au racisme, pour les civilisations antiques, les jugeant incapables d'avoir élevé elles-mêmes ces singuliers et admirables monuments.
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C'est souvent parce qu'ils se sont battus au nom de mythes, au nom d'entités mythiques, que les humains ont provoqué et provoquent encore les plus grands drames de l'histoire. Il est un peu plus difficile, mais beaucoup plus sain, de comprendre plutôt que de croire.
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Ce ne sont pas des Gaulois hauts en couleur mais barbares, vivant dans des huttes au milieu des forêts, qui auraient été civilisés par leurs vainqueurs ; ce sont des sociétés prospères, à l'économie et aux techniques inventives et dynamiques, possédant villes et battant monnaie, qui furent intégrées avec succès dans un empire naissant, qu'elles fécondèrent d'autant. (p.129)
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Ces "premiers Français" sont des immigrants. Ils sont venus, en lentes étapes, d'Afrique ou leur espèce a émergé progressivement il y a environ un million et demi d'années, se différenciant des Homo habilis, les premiers à fabriquer des outils indiscutables. (p.22/23)
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[...] l'archéologie sert avant tout à se comprendre dans le monde, dans le temps et dans son territoire. Certes, nous avons toutes et tous en tête des bribes de l'histoire de France, apprises à l'école, puis retrouvées dans les documentaires ou les films de télévision, ou dans les leçons qu'ont à apprendre nos propres enfants au retour de l'école. Mais ce savoir est abstrait et livresque. L’archéologie, elle , apporte les preuves matérielles que le passé dont nous parlent les livres a vraiment existé.
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à côté du mythe de la « pureté » ethnique et nationale, il faut aussi pulvériser le mythe de l’« origine ». Il n’y a pas d’origine de la France, pas de jour où la France aurait commencé. Certains invoquent le fameux baptême de Clovis, que je me suis efforcé, après d’autres, de démystifier. Chateaubriand, bien que royaliste légitimiste, n’était pas plus dupe. Il se moque dans ses Études historiques qu’on ait pu célébrer jusqu’à la Révolution une messe à la mémoire de Clovis (qu’il nomme Khlovigh), ce qui était pour lui un non-sens historique : « La vérité religieuse a une vie que la vérité philosophique et la vérité politique n’ont pas : combien de fois les générations s’étaient-elles renouvelées, combien de fois la société avait-elle changé de mœurs, d’opinions et de lois, dans l’espace de mille deux cent quatre-vingts ans ! » Oui, il y a deux cents ans, le vicomte François-René de Chateaubriand, ministre d’État et pair de France, chef de file du romantisme, savait déjà que la nation n’a pas de caractère immuable, qu’elle évolue et se recompose sans cesse, avec des individus nouveaux et venus de toutes parts.

Mais alors, pourquoi s’intéresser à l’archéologie et pourquoi faire de l’archéologie ? Parce que l’archéologie, précisément, est un sport de combat ! Elle permet de comprendre l’histoire, de nous situer dans l’histoire, et d’en tirer des leçons pour l’avenir. Il est crucial de comprendre pourquoi certaines civilisations ont disparu, de la Crète aux Mayas et de l’Égypte à l’Empire romain, et comment elles sont parfois allées à leur perte alors que d’autres trajectoires étaient possibles. Il est essentiel de ne pas penser notre présent comme immuable et allant de soi, mais de reconnaître qu’il est l’effet provisoire de nombreuses strates historiques. Contrairement aux bétonneurs qui légitiment la destruction des sites archéologiques pour bâtir « au nom des vivants », l’archéologie permet aux vivants, grâce aux morts, de préparer l’avenir des futurs vivants.

Mais peut-on vivre sans mythes ? C’est souvent parce qu’ils se sont battus au nom de mythes, au nom d’entités mythiques, que les humains ont provoqué et provoquent encore les plus grands drames de l’histoire. Il est un peu plus difficile, mais beaucoup plus sain, de comprendre plutôt que de croire. Certes, nous avons statistiquement toutes les chances que l’un au moins de nos ancêtres biologiques soit Vercingétorix, Clovis ou Charlemagne : puisque le nombre de nos ascendants double à chaque génération, nous devrions depuis deux mille ans en avoir en théorie huit milliards de milliards ; comme toute l’humanité ne comptait alors que quelques dizaines de millions d’individus, ces trois-là, ou n’importe quel autre, comptent certainement parmi nos aïeux– de même que nous descendons tous, par une chaîne ininterrompue de copulations (et de mutations génétiques insensibles), du petit mammifère Purgatorius, ancêtre de tous les primates, qui vivait il y a soixante millions d’années dans les montagnes Rocheuses. Mais ce n’est pas notre ascendance biologique qui nous constitue en communauté de citoyens. C’est, pour reprendre Ernest Renan, ce « plébiscite de tous les jours » qui fait que nous acceptons d’être ensemble – et aussi bien que nous pouvons le refuser.

Les archéologues ne sont donc pas seulement là pour fouiller le sol. Ils ont la belle et forte responsabilité d’expliquer à tous les résultats de leurs recherches et de chercher un sens et des clefs aux trajectoires des sociétés passées, à la façon dont elles ont su vivre et s’organiser. Ils ont aussi la charge de dénoncer les manipulations de l’histoire.
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1549, Bordeaux, sous le règne d’Henri II…

 « Je voudrais seulement comprendre comment il se peut que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois un tyran seul qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent, qui n’a pouvoir de leur nuire qu’autant qu’ils veulent bien l’endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s’ils n’aimaient mieux tout souffrir de lui que de le contredire. Chose vraiment étonnante – et pourtant si commune qu’il faut plutôt en gémir que s’en ébahir, de voir un million d’hommes misérablement asservis, la tête sous le joug, non qu’ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu’ils sont fascinés et pour ainsi dire ensorcelés par le seul nom d’un, qu’ils ne devraient pas redouter – puisqu’il est seul – ni aimer – puisqu’il est envers eux tous inhumain et cruel. Telle est pourtant la faiblesse des hommes : contraints à l’obéissance, obligés de temporiser, ils ne peuvent pas être toujours les plus forts. […] Or ce tyran seul, il n’est pas besoin de le combattre, ni de l’abattre. Il est défait de lui-même, pourvu que le pays ne consente point à sa servitude. Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner. Pas besoin que le pays se mette en peine de faire rien pour soi, pourvu qu’il ne fasse rien contre soi. Ce sont donc les peuples eux-mêmes qui se laissent, ou plutôt qui se font malmener, puisqu’ils en seraient quittes en cessant de servir. C’est le peuple qui s’asservit et qui se coupe la gorge ; qui, pouvant choisir d’être soumis ou d’être libre, repousse la liberté et prend le joug ; qui consent à son mal, ou plutôt qui le recherche… […] Et de tant d’indignités que les bêtes elles-mêmes ne supporteraient pas si elles les sentaient, vous pourriez vous délivrer si vous essayiez, même pas de vous délivrer, seulement de le vouloir. Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. […] Les hommes nés sous le joug, puis nourris et élevés dans la servitude, sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés et ne pensent point avoir d’autres biens ni d’autres droits que ceux qu’ils ont trouvés ; ils prennent pour leur état de nature l’état de leur naissance. […] Ils disent qu’ils ont toujours été sujets, que leurs pères ont vécu ainsi. Ils pensent qu’ils sont tenus d’endurer le mal, s’en persuadent par des exemples et consolident eux-mêmes, par la durée, la possession de ceux qui les tyrannisent.[…] Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ».

 Ces phrases implacables sont extraites du Discours de la servitude volontaire, rédigé par un étudiant de dix-huit ans, Étienne de La Boétie, ami de Montaigne, qui devint conseiller au parlement de Bordeaux et mourut prématurément en 1563 à l’âge de trente-deux ans. On comprend qu’un tel texte n’ait pu être publié de son vivant. Un peu moins de cinq siècles plus tard, il résonne de la même manière, posant les mêmes questions, si évidentes que nous n’y pensons même plus : pourquoi acceptons-nous l’inégalité et le pouvoir de quelques-uns, alors que nous formons l’immense majorité ? Pourquoi l’inégalité nous semble-t-elle tellement naturelle que nous acceptons naturellement notre « servitude volontaire » ?
Ce débat court pourtant depuis lors, relayé aux XVIIe et XVIIIe siècles par des penseurs comme Thomas Hobbes, Samuel von Pufendorf et Jean-Jacques Rousseau, puis par les théoriciens de la Révolution, enfin par des philosophes, des sociologues, des ethnologues et des biologistes de notre temps. Deux positions antagonistes s’affrontent : ou bien l’égalité est naturelle entre les hommes, le pouvoir est régulièrement confisqué par quelques-uns et il convient de le leur reprendre, et finalement les humains sont plutôt bons par nature ; ou bien l’inégalité appartient à la nature humaine parce que certains sont plus aptes que d’autres, voire plus dominateurs que d’autres, et finalement les humains sont plutôt mauvais par nature.
(...)
Un ethnologue français, Pierre Clastres, a émis, pour les sociétés humaines en général, l’hypothèse que la tendance normale dans un groupe est la résistance collective aux excès de pouvoir. Dans une société encore peu complexe, les notables doivent s’attacher leurs obligés en redistribuant en permanence les richesses qu’ils réussissent à grand-peine à accumuler. Dans une société guerrière où le prestige est lié aux prouesses au combat, les grands guerriers doivent remettre sans cesse leur titre en jeu, jusqu’au jour où ils finissent par être éliminés. L’émergence de sociétés inégalitaires ne serait donc pas la norme, mais l’exception et le résultat d’un dysfonctionnement de ces mécanismes de contrôle. Finalement, l’inégalité ne serait pas naturelle…
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Toutefois, une société sans domination masculine serait sans doute une société sans domination tout court. Et là, tout est une affaire de point de vue : ou bien l'on pense, en pessimiste, que le pouvoir et l'inégalité sont inéluctables; ou bien l'on rêve, en optimiste, de sociétés à venir où la domination ne pèserait ni sur les femmes ni sur aucun être humain...
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En fait, si notre nourriture d'aujourd'hui s'est enrichie de quelques fruits et légumes exotiques, elle s'est considérablement appauvrie en plantes locales, par perte de savoirs anciens, économie de temps et aussi réduction de la biodiversité due à l'urbanisation et aux pesticides.
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César pensait par exemple que les dieux étaient partout les mêmes, mais que les différents peuples les honoraient sous différents noms.
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