Ce livre sur la préhistoire ne manque pas d'intérêt. L'ensemble est moins palpitant que « Sapiens », le fameux best-seller, mais plus sérieux et référencé sur le sujet. Par exemple, l'auteur ne postule pas une « révolution cognitive » qui aurait permis en peu de temps à Homo Sapiens de parler de choses abstraites et de réunir de vastes coalitions de tribus pour expliquer la disparition de l'homme de Neandertal. Il se contente de mentionner cette hypothèse parmi d'autres (les épidémies par exemple).
La forme, cent réponses rapides à des questions simples, rend la lecture relativement aisée, même si certaines analyses sont redondantes. On en ressort éclairé sur les découvertes archéologiques anciennes et récentes. On comprend aussi à quel point la dernière décennie a été importante grâce aux progrès technologiques (ADN notamment) et à multiplication des fouilles. Notons toutefois que des outils, des peintures rupestres, des instruments de musique, des fossiles, des animaux ou des fouilles archéologiques auraient gagnées à être illustrés. Heureusement on peut chercher par soi même et aller dans les multiples sites et musées que l'auteur recommande dans son dernier chapitre.
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L'invention n'est pas forcément le propre de l'homme. Des zoologues ont pu ainsi observer dans les années 1950, sur l'île de Koshima au Japon, une femelle macaque qui, trempant des patates douces dans la mer pour les nettoyer, s'aperçut que cela leur donnait un goût agréable, et cette coutume se répandit peu à peu dans l'ensemble du groupe.
La plus ancienne momie naturelle est celle d'Ötzi, un homme mort sur un glacier à la frontière austro-italienne il y a 5 300 ans. Il souffrait de mycoses, de parasites intestinaux, de la maladie de Lyme, de calculs biliaires, et ses poumons étaient encrassés par le travail du cuivre.
Conférence proposée par le Conseil Scientifique
Intervenant:
Jean-Paul DEMOULE, préhistorien et professeur émérite à Paris 1
Panthéon-Sorbonne
Si l'on ne connaît pas de pratiques funéraires de la part de nos cousins primates ni des formes humaines les plus anciennes, des homo erectus en Espagne et des homo naledi en Afrique du sud ont entrepris il y a quelque 300.000 ans de déposer les morts de leur communauté dans des grottes, au fur et à mesure des décès. Puis les hommes de Néandertal, tout comme les premiers sapiens, ont commencé à creuser des tombes, déposant parfois des objets auprès du défunt, indice probable de croyances en un au-delà de la mort. Avec le néolithique et la sédentarisation des vivants, les morts aussi se sédentarisent dans les premières nécropoles, tandis que les pratiques funéraires ne cessent de s'enrichir, reprises des ossements ou modelage d'un visage d'argile sur le crâne récupéré du défunt. Les sociétés agricoles se hiérarchisant, les morts importants emportent aussi des richesses nouvelles, quand on ne leur construit pas d'imposants monuments mégalithiques, affirmation de la puissance des dominants. de fait, les tombes, en associant un individu aux objets témoignant de son statut, sont-elles des documents essentiels pour la compréhension des sociétés passées – même s'il existe malheureusement (pour les archéologues) des pratiques funéraires qui ne laissent que peu ou pas du tout de traces.
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