Quand un homme parle de son intelligence à une femme, c’est qu’il s’apprête à la blesser.
La magie n’est pas dans la nature de l’homme. Elle lui a été donnée par des dieux fantasques et capricieux qui se sont empressés de l’abandonner dès qu’ils ont vu qu’il n’était pas capable de s’en servir à bon escient. Souvenez-vous-en chaque fois que vous verrez des hommes se comporter de façon étrange : la magie vient d’ailleurs ; très rares sont les êtres capables de l’apprivoiser totalement.
Ian avait depuis longtemps conclu que tous les pères étaient sourds et aveugles. Le sien réparait les chaussures de tout le village. Les pieds étaient sa passion et il passait sa vie les yeux fixés au sol, raison pour laquelle, croyait Ian, il n’avait jamais rien soupçonné des talents de son fils. Pas plus que celui de Raoul – mais ce père-là avait au moins l’excuse de boire.
Les mères, elles, connaissaient leurs fils. Celle de Raoul avait depuis longtemps deviné que son fils parlait aux crapauds et aux grenouilles. Celle de Ian n’avait jamais rien dit lorsqu’elle l’avait vu soulever sa cuillère pour manger ou tenter de nouer ses lacets de ses chaussures sans les toucher. Mais, comme beaucoup de mères, elle n’avait jamais compris la nécessité d’en faire part aux autorités.
Un jour, des Chasseurs sont venus. Ils ont dit qu’un magicien traître au Royaume se cachait dans le village. Le maire a nié, alors ils lui ont brûlé la plante des pieds.
De nos jours, les couples de magiciens sont certes rares. Cela tient au fait que les deux Écoles, filles et garçons, sont séparées, et aux précautions que prennent leurs maîtres pour ne pas les laisser ensemble de peur qu’ils ne se liguent contre eux. On n’a jamais étudié ce qui se passerait si l’on permettait à des couples de produire autant d’enfants que la nature le permet.
Ne pensez pas à la souffrance comme à quelque chose de bon ou de mauvais, d'utile ou d'inutile. Pensez simplement qu'elle est.
Admettons qu'on puisse comprendre le monde par les livres. Même si toutes les réponses y sont consignées - ce dont je doute -, même en admettant que tu passes ta vie à lire, jour après jour et nuit après nuit... jamais tu ne pourras tout lire.