Céline Denjean met en scène, pour ce roman, un nouveau duo d'enquêtrices dans une intrigue qui, comme souvent dans son oeuvre, recèle de nombreuses ramifications. Louise et Violaine sont deux gendarmes qui partagent travail et amitié. L'une cache un sombre passé et une grande fragilité sous son air froid et sévère, l'autre se montre plus douce, enjouée et généreuse. L'enquête démarre graduellement pour gagner en rythme et en tension. le cauchemar prend forme peu à peu, étayé en filigrane par le récit d'une mystérieuse jeune femme, racontant ses tourments, qui nous entraine jusqu'au Nigeria. L'auteure aborde, par le biais du thriller, de nombreuses thématiques de société telles que le trafic d'êtres humains, la GPA, la parentalité arbitraire ou encore les violences familiales. Des sujets graves traités avec discernement et parfaitement documentés. Sans débordements ni violence gratuite, l'auteure va pourtant loin dans l'abjection et la précarité de la conscience humaine. L'enquête dans un premier temps piétine, les dialogues s'avèrent plutôt insipides et souvent hors de propos, s'attachant plus aux troubles existentiels des personnages qui se perdent dans des spéculations hasardeuses sans réussir concrètement à trouver de réponses, qu'à peaufiner une intrigue minutieuse et solide. Dans la seconde partie du récit, le rythme s'accélère, les trames secondaires se fondent dans le récit principal, reprenant le schéma coutumier propre à l'auteure mais, qui dans les faits, laisse de côté une grande part du suspense. le final largement équivoque et incongru laisse un sentiment d'inachevé voir presque inapproprié. Certes,
Céline Denjean maitrise pleinement son sujet en dénonçant la perversité d'organisations criminelles et de personnes prêtes à toutes les atrocités pour leur simple profit ou assouvir leurs ambitions mais, même si l'ensemble est intéressant, bien élaboré et le sujet sérieux,
Matrices reste un récit abordé de façon trop légère, accumulant les stéréotypes sans véritable subtilité ni surprise, sans la singularité de "
La Fille de Kali" que l'auteur peine à retrouver.