Je ne peux m'empêcher de sourire. Elle l'aurait absolument détestée. Ma mère n'aimait pas les femmes bruyantes ; elle trouvait cela vulgaire, et les sanguis ne sont pas vulgaires, jamais.
Navi est aussi discrète qu'un glissement de terrain.
Tu as la folie des grandeurs. On ne sauve pas le monde, on y vit, simplement, en faisant de son mieux.
Elle pose sa main sur ma cuisse, et la douleur refue, jusqu'à disparaître. Je pousse un profond soupir.
- Tu vas mieux ? insiste-t-elle.
l'acquiesce.
- OK parfait.
Elle me colle alors une baffe phénoménale, qui me
martèle le crâne à m'en faire rouler les yeux au sol.
Navi ne se résigne pas. Si elle devait se trouver un jour face à une avalanche, elle serait capable de faire faire demi-tour à la neige.
Je ne suis pas encore très au clair sur la dernière étape de ce plan, mais il y aura sûrement une collision brutale entre ma main et sa joue, voire mon poing et son nez selon mon niveau d'enthousiasme. Je me laisse la liberté de choisir.
Si je parvient à quitter la cour.
Si je parvient à quitter l'îlot de terre flottant sur laquelle elle se trouve.
Si je parviens à rejoindre le palais.
Ça fait beaucoup de si, même pour une reine de l'improvisation comme moi.
Et je dois accorder aux humains qu'ils se dérouillent plutôt pas mal, pour des créatures dont le principal attrait est de maintenir le sang au chaud.
Déjà que je gère mal la critique… Mais le faire en plus attraper par le col pour quelque chose sur lequel je n’ai aucun contrôle? Elles peuvent tout aussi bien aller se faire saler le sillon interfessier, en ce qui me concerne.
Par le sucre et tout ce qui est bon.
La bouffe. Ce qui nous lie, toutes espèces confondues.
C’est un peu comme rester trop longtemps au soleil, au vois l’idée ? C'est agréable, les premières minutes, mais ça finit par brûler. Puis étrangement, dès que tu vas te mettre à l'ombre, tu trembles, et tu as besoin de plus.
- C'est une jolie métaphore.
- Elle est de moi.