— Ça fait quoi ? (...)
— Quoi ?
— L'amour. (...)
— C'est un peu comme rester trop longtemps au soleil, tu vois l'idée ? C'est agréable, les premières minutes, mais ça finit par brûler. Puis étrangement, dès que tu vas te mettre à l'ombre, tu trembles et tu as besoin de plus.
— C'est une jolie métaphore.
— Elle est de moi.
Il y a cependant une certaine beauté, dans cet univers en ruine. Et voir mon royaume disparaître en morceaux dans le ciel résonne douloureusement avec ma propre histoire. Avant, j’étais un tout. Maintenant, je ne suis plus que l’absence de ce qui me définissait. Mon avenir. Ma famille. Mes canines.
Je leur ferai payer. Leurs morts et ma déchéance. Et si je n’ai plus de canines pour déchirer leur carotide encore palpitante, alors je le ferai à mains nues.
Derrière, un hurlement strident jaillit, et je comprends aux cris effarés de la foule qu'un des humains est mort. En même temps, ces gourdes-à-sang ne sont pas capables du tiers des prouesses physiques que peut réaliser un enfant sanguis, les deux pouces dans le nez et un pied dans le plâtre.I ls sont lents. Ils sont lourds. Ils n'ont aucune magie en eux.
— Je vois. Donc, tu connais bien ce Trajan.
— Très.
— Sympa, comme garçon ?
— Con comme un pied de chaise.
Cela dit, même quand je tente d’ignorer ma propre puanteur, mon esprit divague rapidement et se questionne sur la possibilité de trancher un de mes doigts pour le manger. Car j’ai faim. Terriblement, mortellement faim.
J'ai besoin de ton aide pour reconquérir la position qui m'est due : celle de marraine. Et pour ça tu vas devoir devenir une princesse.
Cette fois-ci il bloque. Je peux carrément voir le moment où son cerveau décide de s'arrêter de fonctionner et de redémarrer, incapable de traiter les informations que je lui ai fournies.
— Une princesse, répète-t-il.
— Théoriquement parlant.
— Je ne sais pas trop comment cela se passe chez les fées, mais...tu as remarqué que je suis un homme, n'est-ce pas ?
-Le gâteau aux carottes est délicieux, me conseille-a-t-elle.
Je lui jette un regard méprisant. Je viens chercher une douceur, pas une salade qui cherche à se la péter.
J’ai besoin de ton aide pour reconquérir la position qui m’est due : celle de
marraine. Et pour ça, tu vas pouvoir devenir une princesse.
Moi triste? Et puis quoi encore! Si je renifle, c’est juste que la concentration de pollen dans cette ville est aussi violente que si je me baladais la truffe plantée dans le cul d’une marguerite. Et rien d’autre.