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Critique de sabine59



J'ai une tendresse particulière pour Marceline Desbordes-Valmore, pour au moins quatre raisons: d'abord elle a le même prénom, peu courant maintenant, que ma maman... Ensuite, elle est native du Nord, de Douai, près de chez moi. Et j'aime sa poésie sincère, délicate, d'un romantisme sans mièvrerie. Enfin, quelle vie aventureuse, tour à tour fileuse, comédienne, chanteuse, une vie semée de tragédies personnelles mais aussi de passions fortes, qui vibrent à travers ses vers!

Comme l'a fait remarquer justement Michfred dans sa critique, on ne connaît généralement que quelques textes de cette femme poète, toujours les mêmes :" Les séparés" ou "Les roses de Saâdi" et on la voit souvent comme une " Mater dolorosa" , selon Stefan Zweig, qui lui a consacré une biographie. Ou malheureusement comme une figure plaintive , une pâle copie féminine des grands hommes romantiques, comme Lamartine.

Je ne suis pas d'accord du tout! Elle a écrit tant de poèmes méconnus, exaltant la nature, le souvenir,l'amour et ses tourments, les morts aimés. C'est vrai qu'elle a perdu sa mère jeune, et quatre de ses enfants.Mais on ne doit pas la limiter à cette image de la pleureuse!

Elle a su renouveler le mètre, elle est une des premières à ne plus utiliser uniquement l'alexandrin et le sonnet classique.Elle réhabilite par exemple le vers de 11 syllabes, et bien avant Verlaine ( qui s'est étonné de ce modernisme chez elle), donne un aspect chantant, mélodieux, à ses poèmes, avec des vers en échos, comme des refrains.

" C'est beau la vie
Belle par toi,
de toi suivie,
Toi devant moi!
C'est beau, ma fille,
Ce coin d'azur
Qui rit et brille,
Sous ton front pur !"

Et elle a écrit également des poèmes engagés, notamment elle est une des rares artistes à avoir évoqué la révolte des canuts, qu'elle a vécue en direct.

Elle avait bien conscience de la place secondaire que les femmes de son époque occupaient dans le paysage littéraire:" Les femmes, je le sais, ne doivent pas écrire. J'écris pourtant..."

Tu as bien fait de persister à écrire, très chère Marceline...Il nous reste de toi un parfum de nostalgie pure , celui de l'enfance perdue et retrouvée à travers les étincelles de la mémoire , une envolée de verts frissons, un éclat amoureux intense, un cri universel face aux pertes d'êtres chers, le cri de ton coeur...




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