AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Limon (4)

Tu vois, autrefois j'croyais que c'était le devoir des vivants de rester au chevet des morts, mais c'est le contraire. Ici, ce sont eux qui vous veillent. Je crois même qu'ils nous plaignent. Car, non seulement ils savent ce qui nous attend de l'autre côté, mais il y a pire encore, ce que la guerre a fait de nous. Tantôt du bétail qu'on conduit à l'abattoir, les jambes qui flageolent de trouille à guetter l'obus qu'est pour toi. Tu l'entends partir, il s'ramène, au bruit tu sais pour qui c'est : derrière, à gauche, à droite, puis miaule celui qui porte ton nom. Tu t'fais tout petit. Tu sais qu'tu vas être pulvérisé, ton cœur, on dirait qu'il va éclater. Ca craque, il pleut des cailloux. T'es vivant, et tu ne peux pas te l'expliquer. Tantôt, c'est ton tour d'être le boucher, tu ne te reconnais plus. Tu saignes des hommes à la baïonnette, tu as la tête pleine du tac-tac des moulins à café, l'odeur de la graisse chaude te rentre dans les narines, tu vas à l'aveugle dans les fumées, et boum-boum, ça saute, ça tombe, c'est un massacre.
Commenter  J’apprécie          160
Car mourir sur le champ de bataille, c'est mourir comme une bête. C'est agoniser seul, sans le réconfort d'une présence amie, avec pour entourage rien que l'effroi et la souffrance qui se disputent les ultimes lueurs de conscience. C'est supplier vainement de l'aide au milieu d'un vacarme à briser les oreilles, sans se rendre compte de l'inutilité de ses cris. C'est encore éprouver le froid glacial de la boue contre sa joue, sous son ventre, qui graduellement pénètre le corps. S'est sentir l'air se refuser à ses poumons, son sang s'écouler en emportant la vie, ce bien si précieux. C'est enfin ne déjà plus faire partie de la communauté des vivants mais espérer, contre toute raison, une illusoire faveur du destin.
Commenter  J’apprécie          100
N'y avait-il personne pour s'apercevoir de leurs souffrances et de la manière dont ils vivaient et mouraient, parmi ces messieurs en chapeau mordus de percées, d'offensives, de contre-attaques, tandis que, brisés, martyrs oubliés, les poilus dans leurs trous disaient : "Vivement la paix !"
Commenter  J’apprécie          70
Les hommes qui avaient attaqué là, sous ses yeux, et tout le long de ce plateau, étaient des rescapés de la Somme, des Eparges, de la Côte du Poivre, des Hurlus, de tous ces lieux dont les noms peuplaient les livres d'histoire. Ils avaient reçu le renfort de novices, des bleuets de la classe 17, craintifs et curieux avec des visages tout juste sortis de l'enfance. Et on les avait jetés dans cette bataille formidable, entamée à six heures et perdue à sept.
Commenter  J’apprécie          60




    Lecteurs (15) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quelle guerre ?

    Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

    la guerre hispano américaine
    la guerre d'indépendance américaine
    la guerre de sécession
    la guerre des pâtissiers

    12 questions
    3210 lecteurs ont répondu
    Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

    {* *}