Marguerite ferme le rideau. Elle a assez espionné ses voisins pour savoir que c'est une activité assez répandue entre habitants d'un même quartier. Mais si elle aime bien regarder ce qui se passe chez les autres, elle n'aime pas qu'on voie ce qui se passe chez elle.
A avoir tant peur de la mort, elle avait fini par être effrayée de la vie.
Alors qu’elle avait peur de la mort, c’est la vie qui a fini par l’effrayer
Elle est dérangée par le bruit. En tendant l'oreille, elle reconnaît un cantique. Elle se lève pour observer ce qui se passe dehors. Malgré sa myopie, elle voit les enfants déballer des cadeaux et remarque leurs sourires de bonheur. Elle en déduit que ces gens étranges fêtent Noël dans leur voiture en attendant la remorqueuse.
Swoush, swoush, swoush. » Le son de ses pantoufles qui traînent sur le plancher l’incommode. Mais elle doit porter des pantoufles antidérapantes, sinon elle pourrait glisser et se blesser, comme c’est arrivé à Rita Veilleux. Si elle tombait, elle serait peut-être incapable de se relever toute seule. Elle se demande pendant combien de jours elle resterait étendue sur le plancher avant que quelqu’un la trouve. Et qui la trouverait ?
Marguerite leur répète toujours : "Amusez-vous! Profitez-en! Ne vous inquiétez pas pour moi, je vais passer une belle soirée." Elle ne leur ment pas. Elle est heureuse de voir qu'ils ont une belle vie.
Elle a pensé qu'après quatre-vingt-deux messes de minuit, elle avait fait la démonstration de sa foi et de sa dévotion et avait bien assimilé l'histoire de la Nativité.
Depuis, elle est en paix avec sa décision de ne pas y retourner. Elle croit que Jésus, qui est après tout un être rempli de compassion, lui pardonnera.