Si on mettait trop d'argent sur la carte on prenait le risque de devoir refaire la queue en caisse centrale pour recharger. Et comme il y a un monde fou, on prévoyait large. Sauf que si on mettait trop d'argent sur la carte, on ne pouvait pas récupérer la somme non utilisée. C'était vraiment bien foutu. Du capitalisme bien huilé.
Autant dire qu'à cette époque-là, pour éviter la frustration, ça se branlait pas mal. (...) Il faut reconnaitre que baiser dix meufs par semaine (même pas insatiables), c'est crevant.
...dans l'affaire, les gagnants n'étaient pas le petit peuple de Zanzibar, loin de là. Le marché touristique était aux mains des étrangers. La plupart des investisseurs étaient des Européens, qui employaient d'autres Européens aux positions mangériales, des Tanzanins du continent aux postes intermédiaires (-réceptionnistes, barmen, serveurs, etc...) et au ménage des Zanzibaris (des femmes surtout), qu'ils payaient au lance-pierre.
Marier une blanche dans les années 90, c'était la classe (ce n'était encore ni le business ni le jeu de dupes que cela deviendrait vingt ans plus tard).
Helle mesurait le fossé entre eux. Elle pouvait aller et venir partout dans le monde, autant qu'elle le voulait. Son bilan carbone ne connaissait aucune limite, sinon celle que lui imposait sa conscience écolo de jeune Européenne privilégiée. Lui, il était coincé là.
Le hic c'est que, pendant les huit mois d'attente insoutenable, le gars s'était envoyé e l'air avec une tripotée d'autres filles. Il avait donc fallu consoler Vanille qui, non seulement avait le coeur brisé, mais aussi le portefeuille allégé de quelques billets que le jeune homme n'avait pas hésité à lui prendre chaque fois qu'elle avait eu le dos tourné.