La fleuriste se pencha pour ramasser une corbeille à papier qu’elle fouilla d’une main sûre avant de brandir fièrement un bristol.
- Voilà, tenez !
Max lut pour la deuxième fois le texte funéraire sans saisir ce qu’elle était censée y voir exactement.
- Moi j’ai fait écrire : « L’ordalie a parlé, Christian a échoué. Max Tellier. » Alors que si vous regardez bien, lui a écrit : « L’ordalie a parlé. Christian a échoué, Max Tellier. » C’est bizarre, non ? Normalement, on met un point avant de signer. Mais maintenant qu’on en parle, j’ai un doute. Si ça se trouve, le message s’adressait à Max Tellier, allez savoir…
Ici, personne ne flânait au soleil, on laissait cette coutume insensée aux gens du Nord.
Sans traîner des pieds, chacun ralentissait le pas, s’évitant une suée inconfortable, aussi personne ne prêta attention à cette femme au dos voûté qui peinait à grimper les escaliers de la mairie d’Apt.
S’accrochant au garde-corps comme si sa vie en dépendait, Lorette Angeli n’avait d’autre choix que de s’arrêter à chaque marche pour reprendre son souffle. Arrivée à la fin de son ascension, c’est avec tout son corps qu’elle tenta de pousser l’une des portes de l’hôtel de ville. À bout de forces, cette femme frêle, qui n’avait pourtant qu’une cinquantaine d’années, n’était plus en mesure de comprendre que les battants s’ouvraient vers l’extérieur et qu’elle devait les tirer si elle voulait avoir une chance d’entrer dans le bâtiment. Ses muscles étaient tétanisés. À cet instant précis, elle n’avait qu’une envie : s’allonger et dormir.