Elle avait refusé tout dédommagement pour cette mission. Ni par grandeur d'âme, ni parce qu'elle trouvait l'homme attirant. Elle savait parfois être pragmatique. Compter un ingénieur en informatique parmi ces débiteurs pouvait être utile à l'occasion et cette occasion venait justement de se présenter."
- Je sais que tout ça peut paraître étrange...
- Etrange ? s'étrangla Cédric. Tu me laisses dans un no man's land à trois heures du matin parce que tu as besoin de te reposer et je te retrouve sept heures plus tard avec un cadavre dans ton salon ! Honnêtement, je trouve qu'étrange est un peu en dessous de la réalité.
[Il] avait admis chasser ses proies en ligne. Il échangeait sur plusieurs réseaux sociaux avec un seul et même pseudo et conservait parfois les photos de ses ébats. Blanche ne s'étonnait plus de la stupidité de certains de ses clients. Plus leur place dans la société était élevée, moins ils se protégeaient. La vanité semblait obstruer tout bon sens. Adrien pensait quant à lui que c'était cette part de risque qui les excitait.
Il (Adrian) avait bien tenté de lui transmettre la totalité de son savoir, mais Blanche préférait qu’il garde pour lui certains secrets. Elle était convaincue que tant que le vieil homme aurait des choses à lui transmettre, il resterait à ses côtés.
- Tu as une arme au moins ?
- Je suis nettoyeur Cédric, pas homme de main!
- C est drôle !
- Quoi donc ?
- Tu as remarqué qu'aucun de ces mots ne s'accorde au féminin ? Nettoyeur, homme de main, même agresseur ! Je sais que vous êtes pour la parité mais admets que ça en dit long sur nos prédispositions.
[...] mais, après tout, n'était-ce pas la définition même de l'espoir? Désirer l'insensé.
On ne pouvait pas dissoudre un corps avec de la soude caustique dans n’importe quelle baignoire, tout comme on ne transportait pas un homme de cent vingt kilos sans être équipé d’un chariot adapté.
Né en Italie quelques mois avant la fin de la guerre, il avait à peine six ans quand il s'était retrouvé en France à devoir dormir dans la même pièce que ses parents et ses quatre frères et soeurs. Il n'avait jamais compris ce choix. Là-bas, en Lombardie, ils n'étaient peut-être pas riches mais ils étaient chez eux. Les terrils du nord de la France ne pourraient jamais remplacer leurs collines, pourtant ce n'était pas cela qui le blessait. Sa mère avait perdu le sourire. Ce sourire qui avait toujours illuminé leur quotidien. Elle demandait à Adriano de parler à voix basse lorsqu'il s'exprimait en italien, lui reprochait de ne pas assez s'intégrer. Lui qui avait toujours été sa fierté avait l'impression désormais de l'embarrasser. Pour toutes ces raisons et tant d'autres, Adriano avait grandi avec le sentiment de n'être plus à sa place nulle part.
(p. 39)
- Tu dois me trouver parano ?
- Tu sais ce qu'on dit : 'Même les paranos ont des ennemis !'
- C'est bon, détends-toi ! Pas de bagatelle entre nous, et pas d'humour non plus.