Citations sur Mariage à Nantucket, tome 1 : True Love (82)
Ils ne se touchaient que du bout des doigts, pourtant, c’était comme si un courant de haute tension passait entre eux. Au-delà du toucher, ils semblaient connectés l’un à l’autre. Leurs esprits, leurs corps et leurs âmes fusionnaient. Elle pouvait presque lire dans ses pensées et voir… eh bien, l’avenir. Eux deux. En train de faire des plans, de discuter, de voyager. Des années de vie commune. De joies et de rires. Beaucoup, beaucoup de rires.
Une maison se dégrade soit parce que son propriétaire s’en fiche et la néglige, soit parce qu’il n’a pas les moyens de faire les travaux. Or, de toute évidence, cette vieille demeure est très importante pour les Kingsley.
Mais ce baiser ! Un véritable coup de foudre, littéralement. Il l’avait ressenti, lui aussi, elle l’avait vu, alors pourquoi avait-il rompu le charme ? Pourquoi l’avait-il regardée si froidement ? Il ne semblait pas y avoir de femme dans sa vie, alors quel était le problème ?
Alix sentit un frisson la parcourir et se frotta les bras. Elle se retourna. Jared était assis à l’ombre sur le sable, pas très loin d’elle. Il paraissait soucieux.
Elle en avait plus qu’assez de cet homme qui la regardait avec désir et qui lui tournait le dos la seconde d’après.
Alix lui sourit, et pendant quelques secondes, Jared soutint son regard. Mais comme toujours, il se détourna finalement. C’est ce qu’on appelle souffler le chaud et le froid, pensa intuitivement Alix. Jared avait mis au point toute une stratégie pour l’empêcher de sortir avec un autre homme, pourtant, lorsqu’elle le regardait autrement que comme un collègue de travail, il détournait les yeux.
Mieux valait ne pas prendre les choses trop au sérieux, se dit-elle.
Une jeune femme était apparue près de Jared ; elle le prit par le bras et se pencha vers lui dans un élan possessif. Les cheveux courts, blonde et plutôt jolie, elle avait de grands yeux, mais c’était surtout par sa tenue qu’elle se distinguait dans la foule. On aurait dit que la femme ne portait rien sous sa mince tunique blanche qui lui arrivait en haut des cuisses. Bronzées et parfaitement épilées, ses jambes longues et superbes semblaient interminables. De fines sandales dorées rehaussaient encore leur beauté.
Ce qui irritait spécialement Alix, c’était qu’il avait presque toujours raison. Il avait le sens des proportions et un sens inné du design. Comme son père le lui avait souvent dit, « on ne peut pas enseigner le talent », et du talent, Jared Montgomery en avait à profusion.
Il était obstiné, riche de savoir et d’expertise, sans compter qu’elle le trouvait… très séduisant. Alix s’efforça de chasser cette pensée, car Jared reculait chaque fois qu’elle s’approchait un peu trop près de lui. Si elle l’avait d’abord cru sensible à ses charmes, les apparences l’amenaient désormais à penser qu’elle s’était trompée.
C’était une femme magnifique et drôle, et il avait adoré chaque minute passée avec elle ; mais il n’en avait pas moins conscience que sa fille ignorait tout de ses venues sur l’île. « C’est mon jardin secret », avait souvent dit Victoria. « C’est ici qu’elle pique ses intrigues », disait plutôt Caleb.
Malgré toute la beauté qui l’entourait, elle ne pouvait réprimer un sentiment de déprime. Dès lors qu’elle avait vu Jared Montgomery pour la première fois sur son bateau, en train de sourire à cette fille au short vraiment trop court, elle était sur un nuage. Elle s’était imaginé qu’elle allait apprendre de lui, travailler avec lui. Et ce soir-là, lorsqu’elle avait relu son poème, elle s’était même imaginé avoir une aventure avec lui. Ce serait une anecdote à raconter à ses petitsenfants. Toutes ces rêveries l’avaient tellement absorbée qu’elle en avait oublié sa peine d’amour et son appréhension à l’idée de passer un an sur cette île où elle ne connaissait personne.
Mais peu à peu, tout ce qu’elle avait anticipé s’était désagrégé. Pas de discussions sur l’architecture avec cet homme illustre, et certainement pas de galipettes non plus. S’il semblait attiré par elle, Jared l’avait évitée d’un bond lorsque sa main avait failli toucher la sienne.