Mariage à Nantucket, tome 1 : True Love

La capacité à déceler les défauts de son propre travail est une grande qualité.

L'avantage de la jeunesse, c'est que tout le monde vous trouve désirable. À notre âge, on compte cinquante pour-cent d'admiratrices en moins.

- Maintenant que tu as récupéré Valentina... cela valait la peine d'attendre deux cents ans ?
- Toi, tu as bien patienté trente-six ans pour Alix. Combien de temps encore aurais-tu attendu ?
- L'éternité, répondit-il sans hésiter.
- Oui. Le grand amour attend toujours.

Je ne veux pas d’un mariage en grande pompe. Si je me marie, ou plutôt quand je vais me marier, j’aimerais que les gens que je connais et qui comptent pour moi soient présents. Et je sais déjà que je veux me marier dans la chapelle que j’ai conçue. C’est important pour moi.

Quand je suis venue à Nantucket pour la première fois, il y a bien longtemps, j’étais tout aussi bouleversée que toi. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas voulu que tu te laisses prendre, toi aussi, que tu t’oublies dans ces histoires de fantômes et d’amours perdues. Si j’avais eu les moyens de nous faire vivre, mon enfant et moi, autrement qu’en venant ici tous les étés, je l’aurais fait.

La mère d’Alix s’était comportée comme un personnage tout droit sorti d’un roman victorien, apparemment outrée que le jeune couple envisage de dormir dans la même chambre.

L’amour ne peut pas être égoïste ; il ne peut pas être à sens unique. Le moment est arrivé pour Alix et Jared, et tu dois les aider à le vivre. 

C’était ce regard qu’elle aurait voulu voir lorsqu’un homme posait les yeux sur elle. La femme attirante qu’elle était avait connu des centaines d’hommes dans sa vie, mais sans jamais se donner pleinement à l’un ou l’autre de ses amoureux. Ils la regardaient comme un trophée qu’il fallait remporter, comme un territoire à conquérir. Et si elle les laissait s’approcher un peu trop, ils partaient en courant. Victoria n’était pas la femme vulnérable qu’ils avaient vue en elle.
Elle jeta un coup d’oeil dans la pièce. Ils s’embrassaient, à présent. Avec tendresse et douceur, souriants, immensément heureux d’être ensemble… Ils n’avaient besoin de personne, certainement pas d’une mère qui voulait leur parler du roman qu’elle essayait d’écrire.
Tenant encore dans ses mains le tricot d’Alix, Victoria y enfouit son visage. Elle avait perdu sa fille ! Aussi complètement et totalement que si Alix s’était envolée sur une autre planète, elle était partie.

Elle avait besoin de calme pour broder ses mensonges avec conviction. Victoria n’allait certainement pas avouer qu’elle n’avait même pas commencé à écrire son roman, attendu depuis longtemps. Au moins pourrait-elle dire cette fois-ci qu’il était « presque » fini sans que ce soit complètement faux. Après avoir passé un mois à lire le journal de Valentina et à tracer les grandes lignes de l’intrigue, la perspective de rendre un produit fini ne serait plus très loin. « Presque » était un terme relatif.

Victoria avait d’autres ambitions pour sa fille. Elle ne voulait pas qu’Alix fasse la même erreur qu’elle et se marie trop tôt, assumant trop vite d’importantes responsabilités. En outre, lorsqu’une femme s’installait avec un homme, elle devait composer avec sa famille, un défi que la trop jeune Victoria n’avait pas su relever. Non, Victoria tenait à ce que sa fille trouve d’abord son propre chemin, et si plus tard elle devait revoir Jared et que tous deux éprouvent une attirance l’un pour l’autre, ce serait une autre histoire.