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J'avais décidé de commencer ma rentrée littéraire par ce petit roman. Petit roman ô combien intense où l'auteure nous livre de manière intime l'histoire de ses grands-parents, celle de son arrière-grand-mère, de sa tante et de sa maman. Son histoire finalement. Ses racines.

La Roumanie d'après-guerre ou le trafic d'êtres humains où les Juifs ne valent pas plus que du bétail, de la marchandise.

C'est une partie de l'histoire qui m'était totalement inconnue et je ne peux donc que remercier l'auteure de m'avoir fait découvrir cela à travers l'histoire de sa famille.

Je vous le disais plus haut, c'est un récit intense que nous livre l'auteure. Un livre nécessaire que nous devons lire pour apprendre et ne pas oublier.

Lisez-le !

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Une page de l'Histoire roumaine qui m'était inconnue et pourtant, quel triste sort pour les Juifs roumains de l'époque communiste.

Sonia Devillers s'attache à nous raconter l'histoire de ses grands-parents, qu'elle a découverte très tardivement, le silence sur ce sujet régnant dans sa famille.
De leur histoire de famille, seuls les souvenirs heureux émergent malgré les difficultés et les écueils rencontrés et surtout subis. Ainsi, plusieurs épisodes de leur vie restent flous et sans réponses. Attisée par la curiosité, elle effectue des recherches. Ces dernières l'ont amené à découvrir un pan de l'Histoire roumaine plus que honteuse : l'échange de Juifs roumains contre du bétail d'élevage sous l'ère du communisme, de 1958 à 1989.
Un trafic d'êtres humains gardé sous silence et accessible aux Archives depuis peu. Des livres de comptes précis recensent les noms et prénoms des Juifs échangés avec la marchandise équivalente. A l'origine de ce trafic humain, un homme juif d'Europe centrale, Henry Jacober, et installé à Londres. Il endosse le rôle de passeur. Et bien entendu, les Juifs roumains ignoraient tout des circonstances de leur départ.

Un livre saisissant et percutant qui mêle une histoire familiale, celle des Deleanu, à un pan de l'Histoire. Des épisodes retranscrits avec distance, objectivité et pudeur malgré l'ignominie. A la lecture, une alternance entre les épisodes de vie familiales et les récits historiques très documentés se succède.

Un livre poignant, percutant et instructif.
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"Les juifs et le pétrole sont nos meilleurs produits d'exportation », assénait Ceausescu à son cher Pacepa.

Sonia Devillers, journaliste à France-Inter et Arte, raconte l'histoire de sa famille maternelle, juifs roumains "exportés" par le régime de Ceausescu. 

" L'argent, tout l'argent des familles roumaines qui
voulaient s'enfuir, les douze mille dollars que mes grands-parents mettraient une vie à rembourser, avait servi à acheter des porcs. Des bataillons de porcs, des élevages entiers de porcs."

"Non content de ramener la valeur de la vie humaine d'un citoyen juif à celles d'animaux d'élevage, le régime avait choisi, entre tous, le porc, l'animal de l'interdit rituel par excellence. Dans la culture populaire, c'est même ce qui caractérisait le juif, désigné comme celui qui ne mange pas de porc."

Ce troc final, monstrueux, qui a permis aux grands parents de Sonia Devillers de quitter la Roumanie et de s'installer à Paris, est resté caché dans le roman familial et ce n'est qu'après la disparition des témoins oculaires que la journaliste s'est lancée dans l'enquête de l'histoire familiale depuis les années 30 au départ au début des années 60.

L'histoire des Juifs roumains, des persécutions, des pogroms de Bucarest et de Iasi, la déportation en Transnistrie a fait l'objet de plusieurs livres que j'ai lus précédemment : entre autres (je ne peux pas les citer tous)

Athénée Palace de Rosie WaldeckJif Silberstein
Eugenia de Lionel Duroy
Struma 72 de drame pour 769 juifs au large d'Istanbul de Halit Kakinç
les voix de Iasi de Jil Silberstein
Les Oxenberg & les Bernestein de Catalin  Mihuleac

Les livres d'Apelfeld, de Norman Manea et tant d'autres....et le Journal de Mihail Sebastian ... traitent de cette histoire.

Cependant ce trafic ignoble est une nouveauté pour moi. Aussi intéressante la manière dont certains juifs ont feint d'ignorer le problème, même dans les conditions les plus dramatiques, ils ont continué à se figurer que la situation était vivable, à faire de la musique. Avec la fin de la guerre, ils ont imaginé qu'une autre vie était possible, ils ont changé de nom, abandonné Greenberg juif pour Deleanu qui sonnait roumain

Les communistes promettaient une société égalitaire, sans distinction de race, de classe, de religion, sans
discrimination aucune. Des camarades, seulement des camarades et des camarades ensemble. Triomphe du
« genre humain ». Mes grands-parents y crurent de toutes leurs forces. Adhérer au Parti, c'était la chance de se réinventer une histoire. Au point d'aller chercher leur nom dans une fiction.


Au sein du Parti, au début tout leur souriait jusqu'à ce que l'antisémitisme ne réapparaisse. Dénonciations, ou jalousie, ils sont exclus. Pestiférés, il ne reste plus qu'à quitter la Roumanie. Et c'est là que le troc Juif contre devises, ou juif contre bétail ou porc sous l'initiative d'un passeur, basé au Royaume Uni, accessoirement marchand de  bestiaux, de matériel agricole, a permis le transfert...

Récit familial,  265 pages de lecture agréable. 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Ça se lit comme un roman mais il s'agit de journalisme d'investigation sur l'histoire des juifs en Roumanie et, en particulier, la famille de l'auteur.

Ce sont des faits peu connus. de 1945, à la fin de la Deuxième guerre, à 1989, la Roumanie a vécu sous un régime dictatorial assez rude. D'abord sous Gheorghe Gheorghiu-Dej jusqu'à 1965, puis sous Nicolae Ceausescu jusqu'à 1989.

Dans un pays très fermé, où personne ne pouvait le quitter, et un antisémitisme très féroce comment se débarrasser des juifs ?

Vu par les juifs, il n'y a rien de mystérieux : ils payaient un certain montant, assez élevé à un passeur, Henry Jacober, qui s'occupait de tout. Les juifs n'avaient droit qu'à deux valises avec le strict minimum et surtout pas d'argent.

La réalité était complètement différente. le passeur n'avait droit qu'à une partie de l'argent. le reste revenait à l'état roumain et servait à acheter du bétail : cochons, moutons, vaches ou taureaux, ... à l'entreprise du passeur, spécialisée dans le commerce de bétail. Donc, en réalité, il s'agissait bien d'un "troc", ou d'exportation dont s'est vanté Nicolae Ceausescu : "Les Juifs et le pétrole sont nos meilleurs produits d'exportation".

Ce système a commencé en 1958, avec un arrêt de deux ans, juste après la prise du pouvoir par Ceausescu, et perduré jusqu'à la fin de la dictature.

Ion Mihai Pacepa, oficier général roumain chef de la Securitate, s'est exilé aux Etats Unis sous la présidence de Jimmy Carter et a publié, en 1987, un livre où il mettait ce système au grand jour mais peu de gens l'ont cru. Ce système a fait l'objet d'un livre par l'historien Radu Ioanid.

L'auteur reprend tout cela dans le cadre de sa famille, précisant le contexte historique des moments. C'est un travail de recherche assez fouillé et documenté par des références bibliographiques. Ça se lit comme un roman mais il ne s'agit pas d'une fiction.

Un bon résumé de ce système est la page de Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Exportation_de_juifs_roumains_de_1958_%C3%A0_1989
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Coup de projecteur sur les exactions dont ont été victimes la communauté juive sur le sol roumain de 1940 à 1989.

Tour à tour massacrés durant la seconde guerre mondiale puis déclassés et répudiés après guerre, les juifs n'ont de cesse de trouver la solution dans l'exil et la fuite.

Inhumain et impensable , la mécanique orchestrée en haut lieu pour les marchander contre des bêtes.

Un ouvrage bien documenté qui tient plus lieu du récit historique que du roman.
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histoire réelle absolument hallucinante : des décennies durant des Juifs roumains ont été échangés depuis la fin des années 50 contre du matériel agricole ou du bétail, notamment des cochons !!!
enquête extrêmement minutieuse et documentée, extrait des registres de compte à l'appui, réalisée par la descendante d'une "exportée" en 1961.
Très bien écrit, cet ouvrage décrit finement les silences des grands-parents, l'abject maréchal Antonescu, la complexité du régime roumain après-guerre, l'énigmatique intermédiaire Henry Jacober.
On notera que quand il accéda au pouvoir et apprit l'existence de ce "négoce", Ceaucescu l'interdit avant de le reprendre ultérieurement par nécessités économiques.
un livre essentiel sur des faits assez méconnus
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La Roumanie communiste n'en fini pas de nous révéler ses mystères. Je ne parle pas de la Transylvanie et du Comte Dracula, mais du trafic d'êtres humains.

Ce récit explique, au travers du périple d'une famille, comment le Parti a d'abord échangé ses ressortissants juifs contre des animaux vivants, des structures agricoles, puis contre des dollars.

Sonia est la petite-fille d'une famille juive roumaine d'abord encarté au Parti, puis destituée. Ils perdent alors leur travail et se décide à partir à l'Ouest.

Jamais ils n'ont compris qu'ils étaient échangés contre des porcs danois aux meilleurs rendements.

J'ai découvert avec horreur ce trafic d'êtres humains par un commerçant en import-export, qui prend sa commission au passage, même si personne n'a jamais su le montant exact de celle-ci.

J'ai découvert qu'Israël avait pris la suite en payant directement en dollars.

Et l'auteure insiste avec ironie sur le fait que les communistes roumains ont réussi là où les nazis avaient échoués : il n'y a plus de communauté juive en Roumanie.

Quelques citations :

… je voudrais comprendre comment, dans la Roumanie des années 1960, un homme juif a ^pu être vendu contre du bétail. Je m'aperçois qu'il a été, avant cela, arraché aux abattoirs où il devait être dépecé comme une bête et ce, au cours d'un épisode que Mihail Sebastian qualifie dans son, journal de « férocité bestiale ». Cela fait beaucoup de bêtes et de bestialité pour un même destin humain, celui de mon grand-père. (p.46)

Erik Orsenna me propose son aide avec l'enthousiasme qui le caractérise : « Vous verrez, le porc, c'est extraordinaire ! le porc, c'est économique ; le porc, c'est politique ; le porc, c'est moral. On peut raconter toute l'histoire des hommes à travers le porc. » Il ne croit pas si bien dire. (p.183)

Je dirai que mes grands-parents et tant d'autres ont été transformés, à leur insu, en maillon d'une chaine alimentaire dans laquelle un être humain atteindrait un rang supérieur au cheval, mais inférieur au cochon. le cochon, suprême prédateur. (p.196)

Leur voix ne se brisait qu'à l'évocation de leur maison. (p.213)

L'image que je retiendrai :

Celles des contre-ordres qui empêchent la famille de partir, la Securitate n'étant pas au courant du trafic.
Lien : https://alexmotamots.fr/les-..
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Ce livre est une très bonne leçon d histoire sur la Roumanie mais je me suis un peu perdue
On dit que certaine personne ont une vie digne d un roman ici c est le cas de toute une famille.
Quel destin!
Que trois étoiles car j ai trouve que par moment cette histoire n est qu 'un défilé de dates et de personnages ou je me suis perdue.
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Les grands-parents maternels de Sonia Devillers, Juifs roumains, ont dû quitter la Roumanie en 1961 et s'installer en France. Ce sont les conditions de cette émigration qui nous sont racontées là.
Harry et Gabriela survécurent à l'holocauste qui toucha aussi la Roumanie, alliée des nazis. Quand survint la libération par l'Armée rouge, les communistes prirent le pouvoir. Ils firent alors la chasse aux « anciennes élites » et, plus surprenant, aux Juifs accusés de « cosmopolitisme ». Bien qu'intégrés dans la société roumaine et la hiérarchie du parti, Harry et Gabriela furent inquiétés et poussés à l'émigration. Celle-ci fut étonnante : elle se déroula dans le cadre d'un marché Juifs contre cochons.
Un récit clair, précis, sans emphase tout en étant sensible et une réflexion sur la judaïté.
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vagabondageautourdesoi.com - Sonia Devillers - La journaliste Sonia Devillers, spécialiste de l'étude des médias, confie son histoire familiale dans ce premier essai Les exportés, un récit incroyable sur le pays de ses ancêtres, La Roumanie, et la façon dont le régime communiste a traité les juifs, des années après le génocide de l'Allemagne hitlérienne.

La voix de Sonia Devillers m'accompagne le matin sur France Inter. Souvent haletante, tant son sujet la passionne et le manque de temps la contraint, sa voix m'explique, au fil des jours, l'évolution mais aussi les dessous de la planète-médias et des industries culturelles.

Du coup, Les exportés sont très loin de ce que son image médiatique nous livre régulièrement. Cette histoire d'exil familial, non seulement, ouvre un pan entier de l'histoire de l'Europe de l'Est, mal connue, mais aussi livre le récit poignant d'une recherche pour mettre des mots sur un passé complexe et rendu silencieux par la nécessité de mettre à distance la souffrance vécue.

Gabriela Spitzer est issue d'une famille d'intellectuels reconnue de Bucarest, appelée le Petit Paris des Balkans. Ce sont les Sanielevici, dont tous ses oncles furent académiciens. Sa mère, au destin plus que commun, a épousé un artiste et a retrouvé l'auréole bourgeoise de son nom après son divorce.

Gabriela née Spitzer puis devenue Sanielevici a eu deux filles, dont Marina, mère de Sonia, première à naitre française. Elle s'appellera Madame Greenberg avec son mariage avec Harry, pur texan, revenu dans les années 30 ingénieur en Roumanie après des études en Italie.

Puis, Gabriela Deleanu sera son nouveau nom dès son arrivée en France en 1961. Trois identités pour décrire trois vies largement différentes mais complétement en lien avec l'Histoire de la Roumanie, souvent peu connue car trop peu racontée.

Pourtant, et Sonia Devilliers le confirme à plusieurs reprises, aucun secret en apparence, aucun mensonge n'est venu pervertir l'histoire de la famille. Ces grands-parents ont raconté leur passé en enrobant la vérité d'anecdotes, assez originales et même nombreuses, qui ont mis sous silence ce qui les a fait souffrir, ce qui les a fait partir, ce qui les a si fortement mis au banc d'une société où ils tenaient une place d'intellectuels reconnus et appréciés : leur judéité !

Sonia Devillers remonte l'histoire de Harry et de Gabriela, ses grands-parents, qui vont subir les exactions du pouvoir nazi lors de la seconde guerre mondiale, croire à l'espérance du pouvoir communiste et même en devenir des cadres appréciés. Mais à l'arrivée du dictateur rouge, Ceausescu, celui-ci n'aura de cesse de reconstruire son pays dévasté, et notamment son agriculture, en vendant les juifs jusqu'en 1989.

Impensable, incroyable ! En journaliste avisée, Sonia Devillers amène les preuves, confrontent les historiens, citent les études, rencontrent les protagonistes et surtout retrouve sur une liste, les noms de ces grands-parents.

La Sécuritate, services secrets roumains, organisaient l'échange de familles juives contre du matériel agricole et des animaux d'élevage, et notamment des porcs Landrace Danois, gage d'investissement rentable ! D'où le titre, signifiant la réalité de cet exil !

Certes, les grands parents, et notamment, sa grand-mère appartenait à l'élite bourgeoise intellectuelle de la Roumanie du début du siècle. Elle gardera cette suffisance qui nous la fait peu sympathique. Néanmoins, sa pièce de couture dans l'appartement de Bagnolet que Sonia, sa petite fille, a connu et nous raconte, montre la force de cette femme a se réinventer pour continuer à profiter de la vie.

Difficile de rendre compte de la complexité de cet essai qui interroge, comme d'autres ont pu le faire, sur les charges que portent cette troisième génération après l'holocauste venant exprimer son ressenti et son analyse sur le génocide.

Sonia Devillers choisit de montrer avec l'histoire de sa famille non seulement le vécu pendant la seconde guerre mondiale mais aussi durant le régime communiste dans son pays d'origine, la Roumanie. C'est brillant, argumenté et facile d'accès. Bien sûr, c'est complètement incroyable que dans la seconde moitié du vingtième siècle, il y ait eu, encore, une traite d'êtres humains d'une telle ampleur en Europe…

« Sept cent mille Juifs avant-guerre. Trois cent cinquante mille après ».

Un essai essentiel !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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