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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans ce récit qui retrace l'histoire tragique de ses grands-parents et de sa mère, Sonia Devillers a dû entreprendre de minutieuses recherches, rencontrer de nombreux témoins, car elle ne savait rien de la Roumanie communiste, ses grands-parents n'en contant que quelques bribes qui cachaient l'essentiel.

« J'ai grandi avec un trou au milieu de l'Europe, Une nation informe que je savais à peine situer, une tache aux contours mouvants dans le grand bazar des républiques de l'Est : le théâtre d'un génocide dont mes grands-parents n'ont jamais parlé. »

A l'origine de cette quête, il y a le livre de l'historien Radu Ioanid, qui s'est « plongé dans la mémoire administrative du régime ». Tout débute en 1950 et ce grand commerce durera jusqu'en 1989, date de la chute du dictateur Ceausescu. Durant ces années, la Roumanie soucieuse de se débarrasser de ses juifs, va les échanger contre du bétail : veaux, vaches, poulets, moutons et surtout des porcs, plus particulièrement de des landraces danois réputée pour la pureté de la race et leur productivité. Les roumains profiteront peu de toute cette viande réservée à l'exportation.
Ce tout de passe-passe a été rendu possible grâce à un passeur, Henry Jacober., homme d'affaire expert en import-export d'animaux. Avisé et malin, il va devenir le passage indispensable pour tout juif suffisamment riche souhaitant quitter la Roumanie cadenassée par la Securitate. Les candidats au départ ignoraient tout des conditions de leur échange Cet ignoble marché ne sera connu qu'après la chute du mur, lorsque les archives communistes seront ouvertes.
Au-delà de cet exil particulier, Sonia Devillers trace l'histoire de sa famille maternelle, des juifs expatriés, qui croyaient à un monde nouveau à travers le communisme.
Elle raconte aussi l'antisémitisme tenace d'un pays fermé qui veut effacer toute trace des violences commises contre ses juifs durant la seconde guerre mondiale.
Sonia Devillers a écrit un récit à la fois poignant, humain et bien documenté. Elle a su rendre très vivants les membres de sa famille. Il en résulte une lecture sous tension et grâce à cet éclairage, on apprend beaucoup sur une période de l'histoire longtemps passée sous silence, même chez les victimes.


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Dans ce récit l'auteur nous raconte le périple vécu par ses grands-parents maternels, Gabriela et Harry, avant de quitter Bucarest où ils vivaient avec leur deux filles et Roza, la maman de Gabriela. C'était en 1961 sous le régime communiste. Ils réussissent non sans mal à gagner Paris.
Personne n'était censé en partir pourtant de ce pays qui maintenait prisonnière sa population. La famille obtient les papiers nécessaires et l'autorisation de quitter la Roumanie avec l'aide d'un passeur, payé très cher. L'auteur apprendra des années après, alors qu'elle est adulte, comment tout cela s'est passé, ce qu'elle relate dans ces pages, car sa famille, ses grands-parents, sa tante et sa mère qui n'avait que 14 ans au moment des faits, n'ont jamais voulu en parler devant elle.
Apprendre que ces personnes juives mais pas pratiquantes ont ainsi été "exportés" du pays en échange avec des animaux d'élevage a été un choc pour moi qui n'avais jamais entendu parler de ces faits, révélés des années après lorsque la consultation des archives des Services secrets roumains a été possible. Cela fait froid dans le dos en plus d'être révoltants.
Bien entendu, je n'ignore pas, et l'auteur le dit d'ailleurs, que si sa famille a pu partir c'est parce qu'elle avait de l'argent pour payer le passeur. En fait c'est une personne de leur connaissance qui leur prêtera cet argent qu'ils mettront leur vie à lui rembourser, ce qui n'était pas possible pour tout le monde. Les autres juifs partaient en camp ou étaient exécutés.
Ses grands-parents, elle ne le cache pas, appartenaient à la bourgeoisie, n'avaient pas modifié leur vie avec l'arrivée du communisme. Ils avaient été heureux dans les années 30, époque pourtant vécue "sous le sceau de la monarchie, du capitalisme, des inégalités sociales les plus criantes et d'un fascisme férocement antisémite".
Ils seront exclus du Parti, Gabriela parce qu'elle conteste la manière dont sont menés des interrogatoires dans sa classe, auprès des jeunes filles (questions douteuses trop intimes, demandes déplacées répétées, gestes inappropriés). Elle sera soupçonnée d'espionnage car elle prenait des cours d'anglais avec deux anglaises qui se révèleront être des espionnes. Elle perdra son travail et entrainera son mari dans sa chute. C'est ce qui les décidera à quitter le pays, et ils vont le faire juste à temps, car le grand-père était à deux doigts d'être arrêté, vous découvrirez pourquoi en lisant le livre.
L'auteur a enquêté. Elle est retournée en Roumanie pour tenter de comprendre comment cela se passait derrière le rideau de fer en ce temps-là. Elle qui est née en France, en a voulu à sa famille de ne pas lui expliquer ses racines, l'aider à savoir qui elle était, reconstituer les souvenirs de sa grand-mère issue d'une grande famille, et comprendre pourquoi sa famille un temps membre du Parti a été à ce point rejetée jusqu'à devenir un ennemi à abattre, les obligeant à la fuite pour sauver leur vie.
L'auteur a bien entendu comblé les manques, et les blancs avec l'histoire.

Voilà un récit lucide, écrit avec beaucoup de recul par l'auteur, qui parfois même donne l'impression de ne pas parler de ses proches mais d'inconnus, tant elle écrit avec froideur des choses inimaginables. Il se lit assez vite parce que l'auteur présente son récit d'une manière totalement chronologique ce qui permet de mieux comprendre les différents événements historiques, mais aussi parce qu'aux faits historiques, elle mêle des souvenirs familiaux, décrit la personnalité de ses grands-parents en particulier de sa grand-mère, sa fierté, sa détermination à oublier.
Bien entendu, la famille Greenberg qui deviendra Deleanu après la guerre, est un exemple parmi d'autres de ce qui attendait les juifs roumains.
L'auteur journaliste à Radio France dévoile un pan de ce trafic d'êtres humains, connu seulement de quelques rares historiens et, quels que soient les reproches qui lui ont été fait sur internet, je trouve qu'elle a beaucoup de mérite de le faire de cette façon.
Les listes de Henry Jacober (le passeur) font froid dans le dos. Tout cela se faisait sous le nez du gouvernement qui ne se gênera pas pas pour marchander, obtenir davantage selon le nombre de personnes (ou la "valeur" supposée de la famille) qui veulent être autorisées à partir.
Le silence sur toute cette affaire montre bien que le pays a voulu enterrer son passé fasciste et antisémite, mais c'est tout de même horrible de penser que les juifs ont été ainsi monnayés contre des animaux et cela depuis les années 50, donc je le précise, bien avant l'arrivée de Nicolae Ceausescu au pouvoir. Il sera le dernier dirigeant du régime communiste en Roumanie et le trafic continuera ensuite lors de sa présidence. C'était une entreprise lucrative d'une telle ampleur que c'était impossible pour lui d'y renoncer. Ensuite les juifs seront échangés contre des dollars pour qu'ils quittent le pays et partent s'installer en Israël.
Pour rappel, en Roumanie vivaient 750 000 juifs en 1930, il en restait 10 000 à l'effondrement du communisme mais ceux qui vivaient à Bucarest ont été pendant longtemps épargnés tandis que des massacres étaient perpétrés dans les campagnes.
Un autre événement marquant du livre mais qui parait du coup dérisoire à côté mais non moins violent, c'est quand l'auteur relate l'extermination en 1957 d'un million de chevaux sous le prétexte qu'ils consommaient trop d'avoine et privaient ainsi le bétail de nourriture.
Voilà, malgré ses horreurs relatées, c'est un livre indispensable à découvrir pour justement comprendre ce pan important de l'histoire de l'Europe longtemps tenu caché.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Challenge plumes féminines 2024 – n°48

Trouvé par hasard sur youtube. L'auteure est totalement inconnue pour moi. D'habitude, je ne me serais pas arrêtée mais grâce à youtube, j'aime à diversifier mes lectures, d'autant plus que l'audio est relativement court.

Le début m'a stupéfait. J'aurais dû m'en douter, vu le titre. Mais j'étais loin de l'histoire lue par l'auteure elle-même. Elle a, et ce malgré le sujet, plus d'entrain à sa lecture qu'Estelle Faye… le sujet choisi concerne ses grands-parents, juifs roumains, sur une période de plusieurs années, d'avant la 2nde Guerre Mondiale jusqu'à 1961 où la famille quitte définitivement la Roumanie. Cette histoire nous ai racontée entre biographie et enquête journalistique où l'auteure essaye de comprendre le parcours de ses grands-parents pendant les turpitudes du régime roumain et de la 2nde Guerre Mondiale. Quand je vois le nombre de bouquins actuels sur cette période charnière de l'Histoire mondiale, je me demande bien ce qu'ils peuvent bien nous raconter de nouveau. Mais certains sortent du lot, comme celui-ci sur un pays dont on parle peu dans les livres d'Histoire et qui pourtant a fait pire qu'Hitler… Pour certains passages, ce livre est vraiment glaçant d'effroi, comme à chaque fois qu'on parle des juifs… Pourquoi est-ce un peuple aussi mal aimé de tout le monde ? Qu'ont-ils fait pour mériter toute cette haine et cette rancoeur ? Un livre plain d'enseignements et de résilience de la part des grands-parents de l'auteure. C'est en cherchant et en lisant un livre sur le sujet qu'elle s'y est intéressée de plus près car sa mère et ses grands-parents parlaient peu de cette période et de ce qu'ils ont vécu. Elle n'a d'ailleurs pas pu apprendre sa langue maternelle, le roumain, mais uniquement sa langue d'adoption, le français. Grâce à ce récit, on en apprend de belle sur le peuple roumain et ses politiques. Mais en même temps, pourquoi ça devrait m'étonner ? Il y a toujours eu, et il y aura toujours, des rapaces pour profiter du malheur des autres à leur profit (pécuniaire s'entend). le pire étant de savoir qu'il était lui-même juif. Était-il philanthrope ou seulement rapace ? Aller savoir, il est décédé depuis trop longtemps…

Comme vous l'aurez compris, ce livre a été une très intéressante découverte, on ne peut pas parler de coup de coeur au vu du sujet. En revanche, le style de l'auteure est simple, sans fioritures et agréable. J'ai d'ailleurs très apprécié que ce soit l'auteure qui lise son histoire (dans tous les sens du terme). Je vous conseille donc de le découvrir, surtout si vous êtes de ceux qui ne veulent pas oublier le passé. Pour ma part, ce sera le prochain cadeau de Noël pour mes parents.

Sur ce, bonnes lectures à vous ;-)
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Sonia Devillers rappelle (je devrais dire : m'apprend) l'histoire violente et chaotique de la Roumanie, conservatrice et antisémite dans les années 1930 ; alliée de l'Allemagne pendant quatre ans, avant de passer du côté des Alliés pour les neuf derniers mois de la guerre, et de se convertir au communisme dès la fin du conflit. Et pendant tout ce temps, un antisémitisme violent, barbare, que Lionel Duroy a déjà décrit dans « Eugenia ». Pourtant le souvenir va en être occulté rapidement et complètement par le nouveau régime, et même par ceux qui en ont été victimes et qui souhaitent regarder vers l'avenir et s'insérer dans la nouvelle société dont le modèle est proposé. Les grands-parents maternels de Sonia Devillers sont de ceux-là.
Mais progressivement, en une dizaine d'années, va exploser une nouvelle émergence de l'antisémitisme, telle que les grands-parents de Sonia Devillers n'auront plus d'autre choix que de quitter la Roumanie avec leurs deux filles et une grand-mère.
Cependant la Roumanie est fermée et la Securitate fait en sorte que personne ne sorte du pays. Alors, reste le recours à un passeur. Un passeur qui se fait payer, évidemment. Mais qui a élaboré un procédé plus complexe, et très certainement plus rémunérateur : les juifs paient une partie du prix de leur passage, le passeur acquiert des cochons, des moutons, des machines-outils, et les remet à l'Etat roumain qui en contrepartie, laisse sortir les juifs du pays. Ceux-ci remettent alors au passeur le solde du voyage.
Les archives consultées par Sonia Devillers font état très clairement de ces « marchés » qui existèrent dans les années 1960, avec marchandages et renchérissements quand ceux qui voulaient quitter la Roumanie avaient particulièrement déplu au régime.
Sonia Devillers raconte l'incroyable revirement de Ceausescu qui, arrivant au pouvoir en 1965, et apprenant « l'existence de ce négoce dont il ignorait tout » pique « une colère d'anthologie » et en interdit la poursuite. Pour se raviser deux ans plus tard et relancer le mécanisme, au motif que « les juifs et le pétrole sont nos meilleurs produits d'exportation ».
Après la mort du passeur, Israël est devenu l'interlocuteur direct de l'Etat roumain, et a continué à faire sortir des juifs de Roumanie, contre paiement en dollars. En toute discrétion.
Le livre alterne ces données historiques et « commerciales » dont Sonia Devillers a retrouvé les traces incontestables, avec des chapitres très évocateurs sur la vie de ses grands-parents, de sa mère et de sa tante, en Roumanie et à leur arrivée à Paris : ce qu'elle en rapporte est plein de charme, ou d'angoisse, selon les périodes évoquées.
Un livre effarant par ses révélations ; et l'histoire d'une famille haute en couleur (je ne peux m'empêcher d'imaginer Gabriela, la grand-mère de Sonia Devillers, sous les traits d'Edwige Feuillère) et infiniment attachante.
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Imaginez un jour découvrir, dans un livre d'histoire, le nom de vos grands-parents et de votre mère en face d'un nombre de porcs à livrer ! La journaliste de France Inter Sonia Devillers livre un récit à la fois poignant, percutant et passionnant. En se replongeant dans le passé de ses grands-parents, elle décrit la Roumanie du XXe siècle et l'histoire méconnue et aberrante de ces juifs qui furent l'objet d'un échange contre du bétail sous le régime communiste.
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Ce livre est pour une lecture indispensable.

J'ai été choqué d'apprendre que durant pratiquement trente ans au centre de l Europe l horreur existait encore pour le peuple Juif et aucun média n'a enquêté pendant toutes ces années.

Merci à Sonia Devillers d'avoir mis en lumière son histoire familiale mais l'histoire d'un pays, la Roumanie.

Dans ce récit, il y a de nombreux questions qui sont mise en lumière:
-Mon histoire n'est pas forcément celle de mes parents?
-L 'intégration dans un autre pays?
-Le choix d'un pays pour un aller sans aucun probable retour possible?
-De l'histoire d'une famille que vais je laisser à mes enfants?
-Ne pas avoir la même maternelle que ses propres parents?
-Le poids de l'oublie pour pourvoir avancer sur les génération futures?

Ce livre m'a fait penser à deux livres , la carte postale pour le récit familiale et la religion Juif et la ferme des animaux pour mettre en oeuvre l'oubli du collectif.

Le communisme a fait rêver de nombreuses personnes à l'ouest de l'Europe et à l'Est , les peuples vivaient l'horreur. Quel paradoxe !

J'ai aimé la final du récit , elle raconte une scène digne d'un films avec une personne qui est sur les listes.
Ce document mérite à mes yeux qu'un(e )grand réalisateur(triste) fasse un magnifique sur cette histoire.
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Une page de l'Histoire roumaine qui m'était inconnue et pourtant, quel triste sort pour les Juifs roumains de l'époque communiste.

Sonia Devillers s'attache à nous raconter l'histoire de ses grands-parents, qu'elle a découverte très tardivement, le silence sur ce sujet régnant dans sa famille.
De leur histoire de famille, seuls les souvenirs heureux émergent malgré les difficultés et les écueils rencontrés et surtout subis. Ainsi, plusieurs épisodes de leur vie restent flous et sans réponses. Attisée par la curiosité, elle effectue des recherches. Ces dernières l'ont amené à découvrir un pan de l'Histoire roumaine plus que honteuse : l'échange de Juifs roumains contre du bétail d'élevage sous l'ère du communisme, de 1958 à 1989.
Un trafic d'êtres humains gardé sous silence et accessible aux Archives depuis peu. Des livres de comptes précis recensent les noms et prénoms des Juifs échangés avec la marchandise équivalente. A l'origine de ce trafic humain, un homme juif d'Europe centrale, Henry Jacober, et installé à Londres. Il endosse le rôle de passeur. Et bien entendu, les Juifs roumains ignoraient tout des circonstances de leur départ.

Un livre saisissant et percutant qui mêle une histoire familiale, celle des Deleanu, à un pan de l'Histoire. Des épisodes retranscrits avec distance, objectivité et pudeur malgré l'ignominie. A la lecture, une alternance entre les épisodes de vie familiales et les récits historiques très documentés se succède.

Un livre poignant, percutant et instructif.
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Ça se lit comme un roman mais il s'agit de journalisme d'investigation sur l'histoire des juifs en Roumanie et, en particulier, la famille de l'auteur.

Ce sont des faits peu connus. de 1945, à la fin de la Deuxième guerre, à 1989, la Roumanie a vécu sous un régime dictatorial assez rude. D'abord sous Gheorghe Gheorghiu-Dej jusqu'à 1965, puis sous Nicolae Ceausescu jusqu'à 1989.

Dans un pays très fermé, où personne ne pouvait le quitter, et un antisémitisme très féroce comment se débarrasser des juifs ?

Vu par les juifs, il n'y a rien de mystérieux : ils payaient un certain montant, assez élevé à un passeur, Henry Jacober, qui s'occupait de tout. Les juifs n'avaient droit qu'à deux valises avec le strict minimum et surtout pas d'argent.

La réalité était complètement différente. le passeur n'avait droit qu'à une partie de l'argent. le reste revenait à l'état roumain et servait à acheter du bétail : cochons, moutons, vaches ou taureaux, ... à l'entreprise du passeur, spécialisée dans le commerce de bétail. Donc, en réalité, il s'agissait bien d'un "troc", ou d'exportation dont s'est vanté Nicolae Ceausescu : "Les Juifs et le pétrole sont nos meilleurs produits d'exportation".

Ce système a commencé en 1958, avec un arrêt de deux ans, juste après la prise du pouvoir par Ceausescu, et perduré jusqu'à la fin de la dictature.

Ion Mihai Pacepa, oficier général roumain chef de la Securitate, s'est exilé aux Etats Unis sous la présidence de Jimmy Carter et a publié, en 1987, un livre où il mettait ce système au grand jour mais peu de gens l'ont cru. Ce système a fait l'objet d'un livre par l'historien Radu Ioanid.

L'auteur reprend tout cela dans le cadre de sa famille, précisant le contexte historique des moments. C'est un travail de recherche assez fouillé et documenté par des références bibliographiques. Ça se lit comme un roman mais il ne s'agit pas d'une fiction.

Un bon résumé de ce système est la page de Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Exportation_de_juifs_roumains_de_1958_%C3%A0_1989
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histoire réelle absolument hallucinante : des décennies durant des Juifs roumains ont été échangés depuis la fin des années 50 contre du matériel agricole ou du bétail, notamment des cochons !!!
enquête extrêmement minutieuse et documentée, extrait des registres de compte à l'appui, réalisée par la descendante d'une "exportée" en 1961.
Très bien écrit, cet ouvrage décrit finement les silences des grands-parents, l'abject maréchal Antonescu, la complexité du régime roumain après-guerre, l'énigmatique intermédiaire Henry Jacober.
On notera que quand il accéda au pouvoir et apprit l'existence de ce "négoce", Ceaucescu l'interdit avant de le reprendre ultérieurement par nécessités économiques.
un livre essentiel sur des faits assez méconnus
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Tout d'abord, je tiens à remercier mon frère qui m'a offert ce livre à Noël, car il aime beaucoup l'auteure qui est journaliste.
Elle y raconte l'histoire de ses grands-parents, des juifs roumains.
Car oui, en 1930, la Roumanie comptait 750 000 juifs contre 10 000 lors de la chute du communisme.
Elle y raconte l'histoire de ses grands-parents qui ont connu la Shoah, le communisme et la déportation.
Des grands-parents qui évoquaient peu ce passé, qui taisaient... Comme s'il fallait effacer / oublier ce qui s'était produit.
Car oui, c'est tout un pan de l'histoire de la Roumanie qui nous est dévoilée. Un pan d'une histoire méconnue, dérangeante, abjecte, répugnante.
Car quoi de plus répugnant que d'imaginer des personnes, des humains, des enfants, comme l'étaient la tante et la mère de l'auteure à l'époque, échangés/troqués contre du bétail... exportés comme des "porcs"
Le livre est bien écrit, on y ressent la plume journalistique de l'auteure. Les chapitres sont courts, le récit chronologique et bien documenté.
En conclusion, je ressors abasourdie et indignée...
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