Vivre parce qu'on le veut
OU
Vouloir croire au bonheur, toujours !
Oui, j'ai adoré ce livre, c'est vrai !
Non, ce n'est pas de la grande littérature. C'est du vécu.
Une grand'mère raconte sa vie à la plus jeune de ses petites filles.
Ses parents : des juifs immigrés à Boston, de Pologne, vers la fin du 19ième siècle. le père, un homme calme, digne, gagne sa vie comme il peut, en usine. La mère, paysanne, est enfermée dans les codes très stricts de sa culture d'origine, et, pour elle, l'Amérique est un cauchemar auquel elle n'arrive pas à s'habituer. La Pologne, c'était le paradis, même si on s'y faisait sabrer par les cosaques et qu'on y crevait de faim. Au moins on y était chez nous, et on comprenait le monde. Ici, l'air est irrespirable, la nourriture sans goût, les femmes sont des putes et les hommes des brutes. Et on vit à cinq dans un taudis d'une pièce et demie ( un couloir où on a mis le lit des trois filles). Alors les parents s'engeulent tous les soirs. Comme tout le monde dans l'immeuble. Donc ca ne dérange personne, sauf peut-être les rats qui hantent les palliers.
Annie a deux soeurs, nées là-bas, elle est la seule à être née ici, aux Etats-Unis. Elle pourrait devenir comme sa soeur Célia, fille fragile aux tendances auto-mutilatrices et à l'anorexie. Celia qu'on n'arrive pas à marrier...Ou sa soeur Betty, que sa mère traite de pute parce qu'elle en a eu assez des portes claquées et des pommes de terre au chou vert: elle est partie gagner sa vie comme vendeuse en magasin de mode en disant ciao. Non, Annie a eu une vision de la beauté : l'école, son silence (relatif), la propreté des locaux, la lumière des grandes fenêtres, l'étude, les bonnes notes à la place des coups de geule.
Ce n'est pas une introvertie inclinée à l'examen de soi. Elle cherche le mieux, elle a de l'espoir, elle veut s'en sortir. C'est une fille courageuse, puis une femme d'action. Elle étudie tant qu'elle peut : quelques années du secondaire. Elle travaille, cherche des meilleurs boulots, et les trouve. Intelligente, rapide, sociable. Elle fait son chemin.
Alors sur ce chemin, il y pas mal d'embûches. Les hommes, dont beaucoup sont des prédateurs, surtout dans un environnement professionnel . Elle manque de peu d'y passer... Les filles qui n'ont pas eu cette chance, et les avortements clandestins - une pratique éffroyable. L'alcool, chez les hommes, et pas la bière, mais le tord-boyaux de la prohibition. Des conditions de travail que l'on trouve maintenant au Pakistan ou au Cambodge.
Des embûches, mais l'amour aussi. Pour une fois, un homme qui n'est pas un muffle qui veut lui faire une passe. Un homme attentionné, un avocat qui plaide les causes sociales, un homme doux qui a le sens de l'humour. Ils sont restés ensemble jusqu'à sa mort, un demi-siècle de bonheur. Des enfants, des petits enfants. Des amies, aussi, plus des soeurs que des amies - et quelques amis .Un réseau, de filles surtout, qui s'épaulent, qui ne se laissent pas tomber quand la maladie, la dèche ou " l'accident" surviennent. Presque toutes de familles juives immigrées la génération précédente. Elles ont connu la même chose, plus ou moins.
Alors c'est quoi, ce livre ? C'est un grand bol d'air frais, salé, venu de la mer. C'est une leçon de vie, de courage. Pas d'une psy qui vous écrit que tout ca se tient. Mais d'une femme qui s'est frayée un chemin, un chemin de vie. Sans devenir insensible, sans prendre des airs, et, surtout , sans perdre espoir. Bravo ! Et Merci !
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"Boston girl" nous plonge dans la vie d'Addie Baum, fille d'immigrés juifs polonais aux Etats Unis au début du 20ème siècle. Une enfance marquée par des drames, des privations, mais aussi des moments forts en amitiés et en découvertes.
J'ai été happée par l'histoire d'Addie jusqu'à son mariage avec Aaron et adoré le style enjoué et pétillant du personnage. Les drames vécus dans son enfance et les relations compliquées avec sa mère sont poignants. La narration sous forme de journal intime renforce la proximité du lecteur avec Addie.
Le roman est particulièrement précis et détaillé sur l'enfance et l'entrée d'Addie dans l'âge adulte et la vie active. Malheureusement, le style change à partir de la rencontre avec Aaron, le futur mari d'Addie. le roman se transforme en "roman à l'eau de rose" et devient superficiel. La fin (ou plutôt les quarante dernières années) de la vie d'Addie sont rapidement évoquées, sans émotion, à la "va-vite"... Quel dommage!! On ressort de la lecture déçu et frustré....
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Parfois, les meilleures "pioches" se font complètement par hasard et si je n'avais pas été attirée par le titre , je serais probablement passée à côté de ce livre émouvant et instructif.
Ce roman commence lorsque Ava demande à sa grand- mère Addie Baum ( 85 printemps ), née en 1900, comment elle est devenue la femme qu'elle est aujourd'hui. S'en suit toute une vie déroulée sous nos yeux ébahis et on en oublie presque LA question tellement on vit cette histoire ; (notamment quand à la page 250, Addie brûle les étapes en annonçant l'identité de son futur mari, chose que sa petite fille peut déduire grâce au prénom du petit- ami... mais pas nous !) .
A travers la jeune Addie, c'est tout un pan de l'histoire du XX ° siècle qui défile, et surtout l'évolution de la condition féminine , mais pas que...
En 1915, Addie a 15 ans, et pour échapper à sa condition sociale et à l'oppressante atmosphère de chez elle , elle se réfugie dans les livres . Son univers changera lorsqu'elle aura l'opportunité de rejoindre un club de lecture pour filles. Elle s'y créera des amitiés solides, de celles de toute une vie. Cadette de trois filles, ses parents ont fui la Pologne , et très tôt (7/8 ans...) , les gamines travaillent pour apporter leur salaire à la maison. Son père est lointain, sa mère a un caractère exécrable, et lui préfère sa deuxième soeur. Mais grâce aux livres, à l'instruction, au travail, et aux belles rencontres, Addie s'en sortira .
Parcours de vie, mérite , coups du sort, tragédies : la vie ne fera pas de cadeaux à sa famille Baum . Mais au-delà de ces personnages , l'auteur nous parle de la condition de la femme , de la parentalité, du travail des enfants, du lynchage des Noirs, et de tous les changements survenus au XX° siècle. Le fait qu'Anita Diamant soit spécialiste des traditions juives, ajoute un plus, un cachet , une petite musique , qui fait de ce roman , un récit très original et savoureux.
Instructif, extrêmement agréable à lire, j'ai eu l'impression de quitter , en refermant ces pages, des gens que je connaissais, de vrais gens ... Troublant...
Challenge Multi- défis 2020
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Boston girl, c'est le titre original, et celui qui figure sur l'édition française que j'ai empruntée à la médiathèque.
C'est une chronique familiale et historique contée de façon dynamique avec les confidences d'Addie Baum à sa petite fille qui veut en apprendre plus sur elle. C'est un roman, mais le procédé utilisé rapprochent les personnages de nous, comme si nous étions aussi dans la pièce à écouter Addie.
Anita Diamant, nous livre ainsi un aperçu de la difficile intégration de la première génération de juifs américains qui ont fui les pogroms de l'Europe de l'Est. S'installer loin de chez soi n'est pas chose aisée que l'on fuit la guerre, des persécutions ou la misère. Addie est celle des trois filles de la fratrie qui est née à Boston et n'a jamais connu l'Europe. Ses copines sont italiennes et irlandaises. Elles portent aussi en elles d'autres histoires terribles.
Elle nous raconte également par l'intermédiaire de son héroïne, ses soeurs et ses amies une histoire d'émancipation des femmes par le travail et l'éducation. Les choses ne sont pas simples dans la première moitié du 20 eme siècle . C'est un vrai combat, comme celui de limiter le travail des enfants et de lutter contre le lynchage des noirs . C'est un peu une histoire féminine de l'Amérique, un autre regard sur le siècle .
Addie nous raconte toutes ces histoires, avec ses joies, ses douleurs, ses rencontres, ses amours, pour que jamais nous ne puissions dire que les choses étaient mieux avant...vous savez, quand les filles n'allaient pas à l'école, quand les gamins mouraient à l'usine . S'il y a bien un progrès qui vaille, c'est bien dans la condition humaine qu'il est à rechercher.
Un bien joli message à méditer !
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