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Critique de PhVl


L'inconnu qui m'a mis ce livre entre les mains, un jour, devant une Boîte à Livres à Toulouse, m'a dit que ça se lisait bien, que c'était poétique, que ça lui rappelait Jean Genet – pas pour le style, je crois, mais pour ce que vit le personnage principal. Pour la référence à Jean Genet, je ne sais pas trop. Peut-être. Ce que je connais de Jean Genet, c'est « Les bonnes », et je suis également presque sûr d'avoir lu un autre livre de lui, mais je ne sais plus lequel, qui effectivement se rapproche, dans mon souvenir, de ce « Bonheur des tristes » par l'autobiographie de la jeunesse, la misère, et le langage rêveur. Mais en fait ça m'a surtout fait penser au Bukowski de « Mémoires d'un pas grand-chose ». Pas au niveau du style, à l'évidence, mais de la méthode, par cette façon qui consiste à juxtaposer des épisodes sans toujours se soucier du lien, par souci de ne parler que de ce qui importe vraiment. Luc Dietrich glisse comme ça sur ses souvenirs d'enfance et d'adolescence avec des phrases comme « Ma mère est pâle, très pâle et, même si elle rit, une tristesse tremble dans son rire comme des gouttes sur une branche au soleil », des descriptions de voyage en train de la trempe de « Un champ de blé gicla d'un talus. Une petite ville se bâtit au galop et puis dégringola dans une pente. Un bref tunnel goba le reste et vomit une boule de fumée et des collines bleues. [...] Les premières maisons se levèrent dans les terrains vagues, comme des échelles.», pour en arriver aussi à cette formule, dans un chapitre du livre que je ne révélerai pas mais à côté duquel on ne peut vraiment pas passer : « Que deviendrai-je ? - Ecrivain, répondait une voix comme par un téléphone mal branché. Et à qui lirai-je ce que j'écrirai ? A eux ? Ils sont trop et chacun est occupé d'autre chose.».
Au centre de tout il y a sa mère et la beauté de l'amour qui lie cette mère et ce fils, raconté à hauteur d'enfant, avec l'émerveillement, les terreurs, les ellipses où se nichent ce qu'on ne peut ou ne veut pas comprendre quand on est enfant et que pourtant, on sait. Et puis, après l'événement qui coupe le livre en deux, le narrateur devenu presque un adulte ne nous épargne plus rien des horreurs auxquelles il est confronté, qu'il est bien forcé de voir et de vivre. Mais il nous parle aussi, au moins autant, de ses façons d'y échapper, moyennant quoi, et c'est assez incroyable, le livre, même dans le sordide de cette dernière partie, continue jusqu'au bout de répandre une lumière de plus en plus grande !
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