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Citations sur Reste (161)

Je n'aime pas le conflit, j'ai tendance à absorber. Disons que sur ce coup-là, j'ai bien absorbé. Mon vagin aussi.
Aussi, c'était une façon de ne pas en faire un salaud. Si ça n'est pas grave, c'est qu'il ne s'est rien passé. S'il ne s'est rien passé, le sanglier n'existe pas. C'est fou le pouvoir que j'ai. Si je décide qu'il ne m'a pas violée, le viol n'a pas eu lieu. C'est magique. Pas de douleur, donc pas de victime, donc pas de crime. Circulez.
(p.112)
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Je ne pense pas qu’on m’ait appris à me taire. Simplement, on ne m’a pas appris à parler. Et on m’a dissuadée d’essayer. J’ai compris très tôt que pour être aimée des hommes il fallait éviter de leur prendre la tête, éviter d’être une chieuse, une grande gueule, une mégère.
Comment ma sœur a-t-elle fait pour échapper à ça ? D’où lui vient cette voix forte, claire ? Cette façon qu’elle a de ne jamais se laisser emmerder ? De défendre son territoire ?
Et vous ? Comment vous faites ?
Moi, j’ai mis des années à comprendre l'arnaque. Avec Romain, si j'évoquais un besoin, si je réclamais un changement, il refusait simplement la discussion, regardait ailleurs, changeait de sujet, allumait la télé. Je finissais par m'énerver toute seule. Lui, impassible, monosyllabique, me renvoyait l'image de l'emmerdeuse que je redoutais d'être. Il ne me restait qu’à choisir entre l'acceptation et la rupture. Et je me voyais capituler, endossant la figure martyre de la mater dolorosa avec un enthousiasme suspect. Avec le temps, il n'était plus nécessaire de passer par la case « dispute à sens unique », j'avais appris à ravaler mes besoins, notre vie à deux s'ordonnait autour de ceux de Romain. Je vivais la tête haute, drapée dans ma résignation, auréolée de ma vertu sacrificielle, romantisant ma posture de sainte persécutée. Je me donnais le beau rôle. Ça me dispensait d'agir, de lutter. Évidemment, ce sont des choses que je n'ai comprises qu’après l'avoir quitté.
(P.98-99).
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 Vouloir rester à la maison, c’est mal vu, ça isole, il faut aimer prendre part à la grande farandole de la consommation. Sinon c’est louche, c’est pas cool, c’est pas sympa.
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J’emmerde le post-partum. J’emmerde les hormones. Si on avait inversé les rôles, si Romain avait dû prendre ma place, il aurait aussi fini à moitié dingue. On nous vend ça comme les plus belles semaines de notre vie, on appelle ça un « congé », veinardes que nous sommes. Et moi j’y avais cru. J’avais imaginé des journées à ronronner, l’enfant tendrement endormi dans son couffin en osier, le soleil oblique éclaboussant un plaid en cachemire blanc, l’odeur de la lessive fraîche, moi m’abandonnant aux œuvres complètes de Dostoïevski en écoutant Bach. Mon cul.
Nina ne dormait quasiment que dans mes bras, une suture de la césarienne avait lâché à l’intérieur de mon ventre, je me déplaçais courbée à angle droit, comme une grabataire. J'attendais le retour de Romain pour prendre ma douche, ce qu'il semblait avoir du mal à comprendre mais il s'abstenait de tout commentaire.
(P. 97)
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Le présent ne me va pas, je retourne à mes souvenirs.
(p.151)
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Un samedi matin, alors que je cherchais une activité pour la journée, elle a sorti sa tignasse emmêlée de son bol de céréales et a déclaré : « J'ai pas très envie de bouger aujourd'hui. » Je crois que c'est le « très » dans sa phrase qui m'a fissuré le cœur. Ce besoin qu'elle a eu d’euphémiser sa demande. Parce qu'elle en connaissait déjà le coût social. Vouloir rester à la maison, c'est mal vu, ça isole, il faut aimer prendre part à la grande farandole de la consommation. Sinon c'est louche, c'est pas cool, c'est pas sympa.
À partir de ce jour-là, j'ai accepté de ralentir, d'inverser le mouvement sans réaliser que ça me coûterait autant d'énergie et d'amitiés. Dire non, temporiser, articuler « une autre fois peut être ». Chaque dimanche soir, lorsqu'il venait rechercher Nina chez moi, Romain me posait la question rituelle : « Vous avez fait quoi ce week-end ? » J'ai dû apprendre à répondre « Rien » sans baisser les yeux. Au fil du temps, sa question est devenue plus insistante : « Vous avez bougé un peu ? », et mon « Non » presque systématique le crispait. Je désertais définitivement le territoire de la bonne mère. (p.222. 223)
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J'avais entendu dire que ça, ce qui est encore tout là-haut, un grand renfort de canon à neige. Je n'ai jamais bien compris ce goût de s’entasser dans des bennes à humains pour aller se déchirer les ligaments croisés entre la raclette et le vin chaud.
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La vie de couple, on croit que ce n'est que de l'amour, mais je voudrais avoir accès aux pensées intimes de tous les couples du monde, spécialement ceux qui ont des bébés, même quand ils s'aiment, même quand tout va bien, je suis prête à parier mon clito qu'ils ont tous ces pensées, qu'ils confinent tous à une forme de détestation de l'autre à un moment.
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Tant que la violence est tacite, je garde une illusion de contrôle. Je reste de son côté à lui. Ça me rend complice mais c'est moins risqué que de devenir son adversaire. Je ne suis pas de taille à combattre. Ou plutôt je ne me crois pas de taille à combattre. Parce qu'en réalité je le suis.
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Ici il n’y a rien. Et puisqu’il n’y a rien, il y a tout, pardon pour ce poncif, mais la forêt, le lac, les oiseaux, les herbes sauvages, c’est tout.  
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