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Citations sur Reste (157)

Je ne t'ai sans doute pas assez remercié, mon amour. On oublie toujours de dire merci, on dit « je t'aime » et on croit que ça suffit. Alors merci, pour tout ce que tu sais déjà, pour m'avoir aidée à réaliser que j'étais autre chose qu'une fille sexy en short, merci d'avoir aimé mes muscles, ma force, mon agressivité, d'avoir ri à mes blagues pas drôles, respecté mon besoin de solitude, merci de m'avoir embrassée en pleine rue, merci pour le cul qu'on a réappris ensemble. Merci pour ta fragilité. Merci d'avoir accepté de te débarrasser avec moi des artifices à la con du manège amoureux, la jalousie, la possession, les preuves à brandir, merci de m'avoir vue comme une alliée, pas comme une adversaire, merci d'être devenu mon meilleur ami. Au revoir, mon amour.
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On dit séparation, divorce, rupture, on fait le deuil du passé, alors que le chagrin d’amour fait plutôt le deuil de l’avenir. C’est une histoire avortée.
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M. est là, allongé près de moi. Il est mort.
Il est mort.
J'espère, en les écrivant, que ces mots m'aideront à appréhender cette réalité.
Je les observe, les déchiffre tandis qu'ils se forment sous ma main, les écris encore, pour en saisir la chair.
Ils m'échappent, me glissent hors des yeux, je recommence.
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C’était comme ça que nous définissions notre lien, nous en avions fait une sorte de devise ou de promesse, que nous avions empruntée à Camus, ou à René Char, je ne sais plus. L’un écrivait à l’autre : « Plus je vieillis et plus je trouve qu’on ne peut vivre qu’avec les êtres qui vous libèrent, qui vous aiment d’une affection aussi légère à porter que forte à éprouver. La vie d’aujourd’hui est trop dure, trop amère, trop anémiante, pour qu’on subisse encore de nouvelles servitudes, venues de qui on aime. »
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Je me suis mise à rouler vers le barrage en rêvant d'un brasier flottant, comme j'ai dû en voir, je ne me souviens pas bien où, sans doute un film ou un documentaire sur des îles lointaines. Des gens en pagne sur une plage, confiant leur mort à l'océan, sur un radeau qui s'embrase en s'éloignant vers l'horizon, entouré de fleurs rouges prétentieuses. Je suis arrivée dans la vallée, ai pris un nouveau versant. Est-ce que j'étais prête à brûler M. ? Je ne voulais pas qu'il pourrisse, je ne voulais pas l'enterrer, ni le faire disparaître au fond d'un lac. J'aurais eu l'impression de l'abandonner. Je préférais rester près de lui jusqu'au bout. Si j'avais pu lui tenir la main pendant qu'il brûlait, je l'aurais fait. M'allonger près de lui, me consumer, mélanger nos cendres.
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La conscience de sa mort a laissé la place à autre chose, une chute infinie. Sans M. le monde n’est plus le monde. Les années qu’il me reste à marcher sur cette planète seront fades, trouées, peuplées de son absence. Il n’y aura plus personne à aimer.
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Dialogue des mots, bien sûr, dialogue des corps, dialogue affamé de ceux qui viennent de se rencontrer.
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On ne finit jamais de connaître l'autre.
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J'ai dormi presque trois heures à côté de M. Je crois que maintenant je sais qu'il est mort. Je veux dire, en me réveillant je n'ai pas ressenti le choc d'hier, mon sang aspiré hors de mon corps en revenant à la réalité, ce cri intérieur. Mais la conscience de sa mort a laissé la place à autre chose, une chute infinie. Sans M. le monde n'est plus le monde. Les années qu’il me reste à marcher sur cette planète seront fades, trouées, peuplées de son absence. Il n'y aura plus personne à aimer. Ma fille, ma mère, ma sœur ne suffiront pas. Plus personne ne suffira jamais. Le lit m’aspire, les draps collent à ma peau, semblent vouloir m'absorber.
(p.61)
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Je me suis rappelé, avec Romain, les premiers mois de Nina, comme la fatigue nous avait transformés en animaux. Ou m'avait transformée en chienne en tout cas, lui je sais pas. Au début, quand je me levais la nuit pour m'occuper de la petite, j'avais un regard attendri sur mon homme, profondément endormi, si beau, si inoffensif. Ça avait duré une dizaine de jours, après quoi la tendresse s'était muée en agacement, puis en haine pure. La privation de sommeil m'a amenée aux confins de la raison. Nina n'a pas dormi plus de trois heures d'affilée jusqu'à ses deux ans. Romain travaillait à l'époque, pas moi. C'était la raison qu’il invoquait pour se débiner lors des réveils nocturnes. Et puis, si cette enfant ne dormait pas, est-ce que je n'y étais pas un peu pour quelque chose ? Si je l'avais un peu laissée pleurer au début, on n’en serait pas là. Sur le moment, je n'ai pas compris l'injustice. Je n'ai pas réalisé que si je n'avais pas de boulot, c'était peut-être parce que mon CDD de prof n'avait pas survécu à l'annonce de ma grossesse, qu'une fois l'enfant sorti de mon ventre aucune place en crèche publique n'avait pu lui être trouvée, malgré les listes d'attente, les coups de fil suppliants, qu'une place en crèche privée boufferait les trois quarts de mon salaire, alors tu comprends chérie, ça vaut pas vraiment le coup, autant que tu t'occupes de la petite, ça grandit tellement vite à cet âge-là, reste à la maison, profite. J'ai pas réalisé combien j'étais épuisée, que passer ne serait-ce que deux heures loin de mon bébé m'apparaissait comme un luxe inespéré, que sa présence m'arrachait à moi-même, constamment, à mes pensées, m'abrutissait et que ça ne s'arrêtait jamais, pas même la nuit. Alors regarder Romain dormir avec cet air de légitimité tatoué sur le front, comme s'il attendait qu'on le félicite pour sa dure journée de travail, ça m'enflammait parfois les tripes, et Nina somnolant sur mon bras, comment un léopard sur sa branche, mon poids se balançant d'un pied sur l'autre avec une régularité de métronome, j'avais parfois envie de lui lancer à la tête le premier objet venu. Pas pour qu'il prenne le relais. Juste pour qu'il ne dorme pas. Pas tant que je n'y aurais pas droit moi aussi.
(p.212-214)
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