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Citations sur Les Carnets du sous-sol (Notes d'un sous-terrain) (152)

Laissez-nous seuls, sans les livres, et nous serons perdus, abandonnés, nous ne saurons pas à quoi nous accrocher, à quoi nous retenir; quoi aimer, quoi haïr, quoi respecter, quoi mépriser?
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Non seulement je n'ai pas su devenir méchant, mais je n'ai rien su devenir du tout: ni méchant ni gentil, ni salaud, ni honnête - ni un héros ni un insecte. Maintenant que j'achève ma vie dans mon trou, je me moque de moi-même et je me console avec cette certitude aussi bilieuse qu'inutile: car quoi, un homme intelligent ne peut rien devenir - il n'y a que les imbéciles qui deviennent. Un homme intelligent du XIXe siècle se doit - se trouve dans l'obligation morale - d'être une créature essentiellement sans caractère ; un homme avec un caractère, un homme d'action, est une créature essentiellement limitée. C'est là une conviction vieille de quarante ans. Maintenant j'ai quarante ans - et quarante ans, c'est toute ma vie : la vieillesse la plus crasse. Vivre plus de quarante ans, c'est indécent, c'est vil, c'est immoral. Qui donc vit plus de quarante ans? Répondez, sincèrement, la main sur le coeur! Je vous le dis, moi : les imbéciles, et les canailles. Je leur dirai en face, à tous ces vieux, à tous ces nobles vieux, à ces vieillards aux cheveux blancs, parfumés de benjoin! Je le dirai à la face du monde! J'ai bien le droit de le dire, je vivrai au moins jusqu'à soixante ans. Je survivrai jusqu'à soixante-dix! Et jusqu'à quatre-vingts!... Ouf, laissez-moi souffler.

p13
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Vous vantez votre conscience, mais vous n'êtes capable que d'hésitation, car bien que votre intelligence travaille, votre coeur est sali par la débauche ; or, si le coeur n'est pas pur, la conscience ne peut être clairvoyante, ni complète.
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Non seulement je n'ai pas su devenir méchant, mais je n'ai rien su devenir du tout: ni méchant ni gentil, ni salaud, ni honnête - ni un héros ni un insecte. Maintenant que j'achève ma vie dans mon trou, je me moque de moi-même et je me console avec cette certitude aussi bilieuse qu'inutile: car quoi, un homme intelligent ne peut rien devenir - il n'y a que les imbéciles qui deviennent. (Babel, 1993)
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Parce que l'homme est bête, phénoménalement bête. C'est à dire, il est loin d'être bête, mais il est tellement ingrat que rien au monde ne l'est plus que lui.
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-Monsieur Ferfitchkine, dès demain, vous me donnerez raison des mots que vous venez de prononcer ! fis-je d’une voix forte en me tournant gravement vers Ferfitchkine.
-Un duel, vous voulez dire ? répondit-il, mais je devais être tellement ridicule en le provoquant, c’était tellement en contradiction avec ma mine, que tout le monde, Ferfitchkine y compris, se retrouva plié de rire. […]
« C’est maintenant qu’il faudrait que je leur envoie une bouteille à la figure » me dis-je. Je pris une bouteille… et je remplis mon verre.
« …Non, mieux vaut que je reste jusqu’à la fin ! continuai-je de penser. Vous seriez trop heureux, messieurs, que je m’en aille. Pour rien au monde. Exprès, je resterai ici, à boire, jusqu’à la fin, pour montrer que je ne vous accorde pas la moindre importance. Je reste là, je bois, parce que c’est une taverne, et j’ai payé ma place. Je reste là, je bois, parce que je vous considère tous comme des pions, des pions qui n’existent même pas. »

II. SUR LA NEIGE MOUILLÉE – Chapitre 4
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Une sombre pensée a germé dans mon cerveau et propagé dans tout mon corps une sensation écœurante, semblable à celle que l'on éprouve en pénétrant dans un souterrain humide et fermé. Ce qui ne semblait pas naturel, c'est que ces deux yeux n'aient songé à me fixer jusqu'à présent.
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D'où vient que vous êtes si fermement, si triomphalement persuadés que seul le positif et le normal - bref, en un mot, le bien-être - sont dans les intérêts des hommes ? Votre raison ne se trompe-t-elle pas dans ses conclusions ? Et si les hommes n'aimaient pas seulement le bien-être ? Et s'ils aimaient la souffrance exactement autant ? Si la souffrance les intéressait tout autant que le bien-être ? Les hommes l'aiment quelquefois, la souffrance, d'une façon terrible, passionnée, ça aussi, c'est un fait. Ce n'est même plus la peine de se rapporter à l'histoire du monde ; posez-vous la question vous-même si seulement vous êtes un homme et si vous avez tant soit peu vécu. Quant à mon opinion personnelle, aimer seulement le bien-être, ça me paraît presque indécent. Que ce soit bien ou mal, mais casser quelque chose, c'est parfois très plaisant. Car ce n'est pas la souffrance, au fond, que je défends ici, et pas plus le bien-être. Ce que je défends, c'est... mon caprice, le fait qu'il me soit garanti quand j'en ressentirai le besoin. Par exemple, la souffrance est inadmissible dans les vaudevilles, je le sais. Dans le palais de cristal, elle est, de plus, impensable : la souffrance, c'est un doute, c'est une négation, or qu'est-ce qu'un palais de cristal où le doute est possible ? Mais je reste persuadé que l'homme ne refusera jamais la souffrance véritable, c'est à dire la destruction et le chaos. Car la souffrance est la seule cause de la conscience.
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Laissez-nous seuls, sans les livres, et nous serons perdus, abandonnés, nous ne saurons pas à quoi nous accrocher, à quoi nous retenir; quoi aimer, quoi haïr, quoi respecter, quoi mépriser?
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Nous avons tous perdu l'habitude de la vie, nous sommes tous plus ou moins boiteux. Nous en avons tellement perdu l'habitude, même, qu'il nous arrive parfois de ressentir une sorte de répulsion envers la "vie vivante", et c'est pourquoi nous ne pouvons pas supporter qu'on nous rappelle qu'elle existe. Car où en sommes-nous arrivés? La véritable "vie vivante", c'est tout juste si nous ne la ressentons pas comme un travail, comme une carrière, presque, et nous sommes tous d'accord, au fond de nous, que c'est mieux dans les livres.
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