Plus [Patinir] allait, plus il se dépouillait. Un toit lui suffisait maintenant. Les murs même étaient de trop. quel toit ! Un lit de feuilles séchées sur u croisillon de branches. D'ailleurs, il se tenait toujours dehors, sur le seuil, aux aguets.
J'aurais pu parler de la hutte en argile et en joncs de Yeats à Innisfree; de la cabane de Dylan Thomas à Laugharne; de la "hutte sur roulettes" de George Bernard Shaw: du -faré- de Gauguin; de l'atelier cabane d'Emil Nolde; de bien d'autres encore. Toutes huttes , réelles ou rêvées, traduisant en manière de vivre le petit nécessaire des écrivains, des peintres, des faiseurs de mondes: éloignement, isolement, retranchement. Toutes compagnes d'immenses tournoiements ascétiques menés à distance des choses afin de mieux en éprouver le goût. (p.10)
Pensant à Bashô, à la vie errante du poète, au pèlerin du vide et de la dure lucidité qu'il fut, j'aimerais ne rien faire d'autre que recopier les ultimes pages de -L'ermitage d'illusion-, répondant à qui trouverait à s'en étonner, que tout est dit là de ce qu'on peut penser sur la rondeur de la vie et sur la connivence qu'elle entretient avec la bienveillance des huttes ; que -hutte, ermitage, pavillon-, sont les noms divers, chez Bashô comme chez quelques peintres japonais, de la célébration de la beauté du monde; et que ce peu suffit pour nous faire connaître la joie de vivre. (p. 99)
Hutter c’est habiter un lieu à distance des choses afin de mieux en éprouver le goût. c’est « éprouver la vie, le silence relatif, la solitude »
l’isolement, le retranchement du monde qui dotaient l’endroit d’une étrangeté surnaturelle
C’est ainsi que Patinir peint Jérôme. Ainsi que l’homme des Flandres casanières imagine la sainteté
La pente douce du jardin d’azalées, la petite source tout près, la croupe du Mont Hiei, la lumière du couchant ....
construire une hutte pour atteindre la fin du voyage ; de tracer une seule phrase pour faire le tour du langage.
Éloignement, isolement, retranchements.