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3,81

sur 55 notes
Amoureux de littérature, Joyciens de tout poil, Nabokoviennes de toute naissance, Woolfiennes de tous les pays, unissez-vous!

Je n'en ai cru ni mes yeux ni l'enthousiasme qui m'a soulevée. Était-ce bien en ces jours troublés qu'on pouvait publier un si beau roman ? Mais oui. En 250 pages traversées d'univers intérieurs délicats et multiformes, de sensations puissantes ou exquises, une autrice contemporaine réussit à créer un roman riche et puissant. Il suffit, pour s'en convaincre, de lire quelques-unes des critiques à 4 ou 5 étoiles des autres babélionautes. Allez-y voir ! Je suis l'ennemie des longues critiques. Chacun trouve dans Si les yeux incendiaient le monde quelque chose de différent, des échos à d'intimes vibrations de sa sensibilité, une richesse singulière qu'un autre ignore pour en découvrir une autre.

D'ailleurs, un roman qui s'ouvre sur une double épigraphe de Jaccottet et de Woolf, et qui en déplie et déploie l'essence au long de son intrigue, pouvait-il être autre chose que prometteur ? À peine l'a-t-on ouvert qu'on y découvre un personnage âgé, Jean, qui ne se sépare jamais de son volume de Nabokov. Cette rencontre est de bon augure, vous verrez.

Je n'avais pas entendu parler de cette perle rare que son hénôrme éditeur semble avoir déposée au fond de l'océan des publications de janvier. L'amie qui m'en a parlé en avait lu une critique dans un numéro de l'Express abandonné dans un métro — voilà un concours de hasards qui aurait plu à Nabokov. Elle venait de le lire, me l'a prêté, je l'ai pris et très vite j'ai ralenti ma lecture ne voulant pas confier ce plaisir à un trop rapide après-midi. J'y ai passé une semaine lente de plaisir littéraire, ponctuée de retours au début d'un chapitre ou d'un passage car je comprenais que ce plaisir-là ne s'éprouve pas si souvent.

Si vous avez un véritable goût pour la littérature, si le plaisir pour vous peut aller de pair avec un certain effort, si une prose quelquefois âpre quelquefois lyrique, façonnée d'échos littéraires ne vous rebute pas mais au contraire vous attire, ce livre est pour vous! Dites-moi ce que vous en avez trouvé.
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Il avait lâché le livre et l'image s'était dissoute. La nuit tremblait derrière la vitre. Par les fentes du châssis, le vent sifflait et déposait sur la tête de Jean un coulis froid. Allongé sur le dos, il restait immobile, à l'affût des sensations changeantes, tour à tour douces et cuisantes, qui sinuaient dans son corps. Quand elles étaient douces elles réveillaient une ardeur enfouie, comme une eau sourde remonterait en plein désert ; quand elles drainaient la douleur, c'était la peur qui suintait, attisée par le courant d'air nocturne et le souvenir du visage hâve, des yeux immenses de sa fille.

Albane, sa cadette, on l'avait interviewée la veille sur les ondes, il avait entendu sa voix. Il se demandait à quel moment la fêlure était apparue et l'anxiété oubliée revenait, glacée, une camisole d'inquiétude le figeait sur son lit.

À la radio, en direct, elle avait répondu au journaliste que « son enfance était un trou béant d'où émergeait une carte du monde, des mouettes, deux ou trois morceaux de musique et des radis en forme de souris. »

Il ignorait où elle était allée chercher les radis. Mais la musique, les mouettes et la carte du monde, il savait, et ce n'était pas rien. La carte du monde, c'était de lui. Albane avait six ans…

Quand Célia et Albane rentraient de l'école, elles venaient s'accroupir près du radiateur, sous la verrière où défilaient les nuages… Assis dans une bergère où il préparait ses cours en luttant contre le sommeil, Jean suivait de loin leur jeu, il se laissait distraire par leurs rires, et par la voix claire d'Albane… Après les cris et les heurts de la cour de récréation, les deux soeurs se réfugiaient dans cette complicité – Jean avait envie de s'y glisser mais il était trop grand, les parois fragiles de leur univers se dissolvaient à son approche, alors il restait en retrait et laissait le chapelet de couleurs et de noms entortiller son ruban sonore autour de lui.

Que restait-il aujourd'hui de ce présent qui semblait devoir durer toujours ?

*

En deux mots, l'auteure nous relate le destin d'une famille.

Mona, la mère, morte noyée plusieurs années auparavant. Jean, son mari âgé et affaibli, et ses filles Clélia et Albane.

Albane, la cadette que personne n'a revue depuis que sa soeur lui a volé l'homme qu'elle aimait, quinze ans plus tôt ; Yvan, que Clélia a épousé depuis. Et Katia, leur fille, qui de cette tante disparue sait ceci : elle vit à New York, est devenue une célèbre pianiste, son souvenir hante encore ses parents.

Leurs vies basculent le jour où Jean apprend qu'Albane doit donner un concert à Barcelone et décide de s'y rendre. Chacun, à sa manière, devra y assister.

Une famille déchirée que le destin va rassembler lors d'une extraordinaire soirée.

Magistral, écrit l'éditeur. Ce premier roman est en effet une prouesse littéraire, une épopée où d'une voix, celle de l'énigmatique narratrice, le destin d'une famille est retracé avant d'être à nouveau chamboulé.

Y gronde la rumeur de notre monde incendié, appelé lui aussi à se retrouver pour survivre.

*

Née en 1976 à Bruxelles, Emmanuelle Dourson a fait des études de lettres. Et bon sang elle dame le pion à bien des divas locales tout imbues de leur écriture !

D'une écriture ciselée et jonglant avec les mots justes, l'auteure nous propose un premier roman d'une musicalité incroyable. Sentiments, personnages, lieux sont décrits en trois ou quatre mots, dans des phrases équilibrées.

Évitons les bavardages inutiles, ce roman est une belle découverte !

Ouf, enfin un ouvrage que l'on ne referme pas après une dizaine de premières pages imbuvables.

Scribouillards, raconteurs et autres « écriveriens » pourront en prendre de la graine.

*

Bravo Emmanuelle Dourson !

Si les dieux incendiaient le monde est son premier roman.

… « Quelque chose surgissait, une clairière s'ouvrait, terrible, parce que l'on ne pouvait plus rien y dire ni rien entendre. On avait effeuillé toutes les couches de bavardage. Ne restait que le silence, sa densité qui entourait le rien qu'on était. »
Lien : https://lesplaisirsdemarcpag..
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Entre le chant d'un merle noir avant l'aube sur la lucarne de la chambre d'un homme âgé et les oiseaux chantant en grec dans le chêne du jardin d'une jeune fille, il s'est écoulé à peine deux semaines. C'est entre ces deux chants, sur un fil narratif de 250 pages que le verbe, d'une rare maîtrise, d'Emmanuelle DOURSON, dont c'est le premier roman, va se déployer.

Une narratrice qui ne se révèlera que peu à peu rapporte six moments d'une famille déchirée par un double drame dans une progression qui va culminer au cours d'un concert donné par une pianiste dans le magnifique décor de la salle de concert Palau de la Musica de Barcelone. On y présente tour à tour Jean, le père, Clélia, sa fille aînée, Yvan, son gendre, et Katia, une de ses nièces avant de les réunir dans le chapitre final qui se déroule tant à Bruxelles que dans la capitale de la Catalogne. Tous assisteront alors par écran interposé ou sur place au concert d'Albane, l'occasion pour eux de revoir celle qui les a tant marqués quinze ans plus tôt quand elle les a quittés avec fracas pour ne plus donner de nouvelles qu'une fois par an, par l'entremise d'une carte de Noël.

Le récit rapporte comment, à la faveur d'une rupture survenue dans une cellule familiale, celle-ci parvient à la suturer, à la dépasser sans l'effacer des mémoires. C'est sur une planète menacée par le réchauffement climatique et en proie à la tourmente des éléments, avec la conscience aiguë de cette prégnante réalité, que les protagonistes se meuvent.

Tout au long du roman sont rapportées des sensations auditives, visuelles ou tactiles avec acuité. Il n'est pas anodin que Nabokov soit l'auteur préféré du pater familias ébranlé plus que les autres par le départ de sa fille. D'autres références littéraires parsèment le roman : l'Odyssée d'Homère et un poème de Jaccottet dont le titre de l'ouvrage est tiré.

On peut inférer que si les différents personnages sont aussi attentifs à leur entourage, aux signes de toutes sortes que leur adressent et le cosmos et les forces de l'esprit, c'est que la blessure éprouvée dans leur vie familiale et affective les y a rendus plus sensibles.

La narratrice expose l'idée que le temps n'est pas longiligne mais issu d'un noyau originel qui s'est dilaté.

« Mais Clélia et Mona et tous les Occidentaux avaient tort, songeait Yvan, le temps ne se mesurait pas sur une ligne. le temps n'existait pas. Il n'était que l'effet du Big Bang. Nous n'étions jamais nés et nous n'allions jamais mourir. Tous, nous étions déjà là à l'origine, dans le noyau minuscule et dense dont tout allait sortir, dans la grande explosion initiale. L'univers ne s'était pas dilaté dans l'espace mais dans le temps, et chaque instant vécu ne faisait que se superposer aux autres pour former le pur noyau d'existence auxquels nous reviendrions un jour. »

Ainsi, ce récit montre comment, lorsque temps a filé, il demeure possible de le raccorder à la ligne, de transformer une sortie de route en retour sur soi, de boucler une histoire qui a dérapé.

Tout ce livre, nécessitant une attention pour chaque phrase, avance en multipliant les résonances, les renvois, les liens thématiques entre les différents intervenants, qu'on peut voir comme des instrumentistes jouant au sein d'une ensemble une partition, celle de l'auteure qui, en définitive, orchestre ce roman à la place virtuelle de la narratrice non identifiée au départ mais dont l'empreinte marquera considérablement le récit à mesure qu'il tire sur sa fin.

Un admirable premier roman animé d'une prodigieuse tension qui demeure longtemps en tête et qui consacre la naissance d'une écrivaine.
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L'histoire nous est relatée par Mona (la mère d'Albane, de Clélia, l'épouse de Jean) décédée quelques années auparavant. Au travers du prisme tantôt d'épouse, de mère, de belle-mère ou encore de grand-mère, elle nous décrit comment les différents protagonistes se préparent à revoir la cadette de la famille, Albane (partie aux Etats-Unis depuis quinze ans à la suite d'un conflit et aujourd'hui pianiste renommée) lors d'un concert qu'elle va donner sur le sol européen.
On entre, chapitre après chapitre, dans l'intimité des différentes figures familiales, le texte levant progressivement le voile sur leurs fêlures. L'auteure nous distille peu à peu le récit que chacun d'entre eux se fait de leurs vies respectives et nous donne à voir, avec beaucoup de subtilité et de sensibilité, le lien invisible qui les unit les uns aux autres.
Outre la structure narrative menée avec brio, on y retrouve une écriture fluide et maîtrisée. Cette dernière regorge de références aussi bien littéraires, qu'artistiques ou encore historiques.
Ce premier roman nous présente une auteure, pleine de ressources, détenant à portée de main une véritable mine d'or culturelle.
Nous avons affaire à un roman au vocabulaire riche et aux métaphores chargées de sens qui donnent corps au contenu. le texte prend ainsi vie et nous émeut.
Je m'attendais, suite à l'annonce de Grasset, à quelque chose d'édifiant, d'exceptionnel. J'ai été surprise parce que je n'en avais pas mesuré le degré. Cela a assurément dépassé mes attentes. J'attends impatiemment la sortie de son prochain roman.
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Ce qui m'a particulièrement plu dans ce premier roman, remarquable notamment par la maîtrise du style, c'est la façon dont l'auteure aborde, au sein d'une famille déchirée , la transmission de la féminité. Celle-ci est déclinée sous divers aspects : la maternité, la fougue, la fugue, la révolte, l'érotisme...Par contraste, on assiste à l'"érosion"des hommes. Ceux-ci sont plutôt déclinants, objets de séduction, reproducteurs... Pourtant le père, Jean, astre en voie d'extinction, reste un soleil dont Albane fuit et cherche la chaleur. Un livre éblouissant que je vous recommande.
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Au départ d'un argument très simple — un père veut revoir sa fille devenue pianiste quinze ans après qu'elle a fui sa famille —, ce roman dévoile progressivement l'univers clos et multiple de chaque personnage. Chaque chapitre explore la forêt intérieure de chacun. À travers l'énigme d'un tableau ou un passage d'Homère, à travers un photomontage, un cauchemar, le problème du reboisement en Éthiopie, les difficultés d'une sonate, se jouent et se déploient le destin de chacun et la fin programmée de l'humanité. Entre enfance et vieillesse, vie et mort, circule la voix d'une mystérieuse narratrice qui poursuit ses propres fins.

Dans ce texte où le féminin sous toutes ses formes domine, l'oeuvre d'un homme occupe une place particulière : la dernière sonate de Beethoven qui viendra couronner l'oeuvre. Ce premier roman d'une virtuosité étourdissante, construit comme une horlogerie fine nous conduit dans quelques villes dont on retiendra sans doute l'extraordinaire Barcelone avec son Palau de la Musica transformé par la magie de l'écriture en temple de la musique et de dieux plus ou moins bienveillants.

Un très bel article est consacré au livre dans le lien ci-dessous.
Lien : https://lesbellesphrases2644..
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Je n'imaginais pas être emportée dans un tel tourbillon en arrivant sur la fin du livre ! Je me suis retrouvée remplie d'émotions, c'était poignant et pourtant je ne suis pas émotive !

5*, en peut conclure que j'ai aimé, beaucoup même ! Les mots me portaient par le biais de Mona, la mère décédée, tour à tour épouse, femme, belle-mère ou grand-mère. Cela peut paraître étrange vu de l'extérieur mais en lisant ça ne l'était pas du tout !

Mona est le fil conducteur de l'histoire et Albane le pivot. 15 ans qu'elle a fui sa famille et pour la première fois vient faire un concert en Europe.

Tour à tour s'expriment : Jean, le père ; Clélia, la soeur ainée ; Yvan, le beau-frère, ex petit ami ; Katia, la nièce adolescente qui idéalise Albane la lointaine et Albane ! Mélodie de la famille et ode à la féminité accompagnées par Nabokov et Homère ; veillées par un tableau de Smargiassi et bercées par Beethoven !

Un beau moment de littérature, plein de finesse et d'humanité ! Et comme à chaque fois que j'aime beaucoup je ne sais pas quoi dire, tellement j'ai la sensation que c'est personnel et intime.

N'hésitez pas à le lire, pour un premier roman c'est un coup de maître !

#Silesdieuxincendiaientlemonde #NetGalleyFrance

Challenge PLUME FEMININE 2021
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•"En cette nuit,
en cet instant de cette nuit,
je crois que même si les dieux incendiaient
le monde,
il en resterait toujours une braise
pour refleurir en rose
dans l'inconnu."

Fragments soulevés par le vent, de Philippe Jaccottet

•L'auteur a choisi la trame de la famille mais tisse un motif bien plus vaste en y insérant des fils variés et parfois très éloignés les uns des autres, et pourtant tous vont être les éléments d'une seule et même composition finale.

Tout s'agence très lentement, l'écriture d'Emmanuelle Dourson est riche, ciselée, ouvragée, pas tant au service de descriptions que de la mise en abyme des personnages : chacun existe bien sûr individuellement mais s'insère aussi dans une distorsion plus vaste. Chaque personnage s'intègre à un plan horizontal, en lien avec ses proches ou des personnes plus lointaines, parfois de parfaits étrangers. Mais chacun fait aussi partie d'un plus vaste plan, vertical, inséré dans l'histoire de l'Humanité, dans l'histoire même du temps.

Emmanuelle Dourson, grâce à une très fine perception, ne nous raconte pas seulement l'histoire troublée et douloureuse d'une famille. Elle pose au centre de sa grande trame un évènement qui fera éclater cette famille. Elle l'utilise comme un noeud central duquel elle va ensuite entrelacer tous les fils, allant des membres de la famille aux personnages de l'Odyssée d'Homère.

•Mona et Jean ont deux filles, Clélia et Albane. A partir de cette structure familiale simple, l'auteur investit chaque recoin de leur relations, nous invite à des retours dans le passé. Et puis survient "l'événement" qui brisera cette unité de façade, déjà ébréchée.
Sur un rythme très lent, Emmanuelle Dourson nous conte cette histoire familiale en la reliant au monde de la musique, à l'écologie, à la mythologie, en se focalisant sur la transmission de femmes en femmes, et en l'insérant dans un ensemble bien plus vaste.
Si le roman est tout d'abord construit lentement, dans un style alangui, voire apathique, Emmanuelle Dourson pousse chaque description jusqu'à l'infime, prenant son temps, pour aboutir à un rythme de plus en plus soutenu, presque oppressant ou haletant, comme une ascension s'achevant dans un dénouement comme une grande explosion.

•C'est un premier roman. Il n'y paraît pas. On sent bien la maîtrise de l'écriture, un style très travaillé. Mais pas uniquement. L'auteur touche à quelque chose de très profond.

Et c'est là que c'est difficilement explicable : je tombe en plein paradoxe, comme dans un piège. Cette lecture est ardue, exigeante. Elle m'a été souvent pénible, j'ai lutté pour la poursuivre, à la façon là encore d'une ascension. La lutte à rentrer dans ce roman qui s'imposait à moi comme un mur qui me repoussait sans cesse, l'impatience à recueillir enfin un fruit, l'agacement souvent face à des disgressions qui me perdaient, la persévérance à poursuivre tout de même... Et puis la mise en place progressive des protagonistes, leurs liens enfin dévoilés, leur place respective dans cette grande toile. Enfin je n'avançais plus à l'aveuglette, à tâtons, enfin un peu de clarté jusqu'à l'éclatement final, atteindre enfin le point culminant de la randonnée, comme un Ulysse égaré qui rentre enfin en son foyer, comme la dernière note d'une symphonie haletante qui vous laisse essoufflé mais contemplatif.
Je reste face à un grand mystère : Emmanuelle Dourson dans certains passages m'a totalement percutée, comme si je ne comprenais pas totalement, comme si je ne pouvais pas intégralement m'approprier ses mots, et pourtant je suis touchée, je sens presque le sacré dans ses lignes, l'inévitable, l'incontournable...
Ce roman mérite une seconde relecture, plus tard, le temps pour les mots de murir. N'est-ce pas là après tout l'enseignement de ce roman ?
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Pour cette rentrée littéraire d'hiver, Emmanuelle Dourson propose son premier roman en racontant la réunion d'une famille déchirée avec un langage poétique étonnant et une construction particulière.
Albane Almafi revient en Europe, et plus particulièrement à Barcelone, pour donner une Sonate de Beethoven au Palau de la Musica . Quinze ans qu'elle a fugué en criant à ses parents « J'irai danser sur vos tombes ».
Ainsi, cette famille bruxelloise va tout faire pour s'organiser et la retrouver, enfin. Tout d'abord, son père usé et vieilli, s'est éteint à force d'attendre. Sa soeur aînée, Clélia, est celle qui a consolé la famille de la souffrance de l'absence. Son mari Yvan est l'ancien ex d'Albane qui n'a jamais oublié. Une de leurs filles, Katia, souhaite ressembler à la fois à sa mère et à sa tante absente.
Mais, Emmanuelle Dourson utilise une narratrice dont on découvrira au cours de la lecture son identité, qui raconte en six jours l'organisation des retrouvailles autour de ce concert devenu si particulier. Elle décrit, pour chacun en un long chapitre, un événement particulièrement important. du coup, les relations entre chacun se dessinent dans toute leur complexité.
De ce vers du poème de Philippe Jaccottet qui forme le titre, Emmanuel Dourson propose un voyage au coeur des secrets et des sentiments qui comme à l'image d'un monde qui s'éteint et renait sans fin sont révélés pour dissiper leurs amertumes et retrouver le miel de leur douceur. Une écrivaine à suivre, assurément !
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/02/09/emmanuelle-dourson-si-les-dieux-incendiaient-le-monde/
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Jean, vieux monsieur grabataire ne recevant plus de visite à part Clélia sa fille ainée et Maria sa femme de ménage, décide de partir à Barcelonne pour revoir Albane sa cadette partie 15 ans plus tôt en claquant la porte. Devenue pianiste virtuose aux Etats-Unis, Albane ne donne plus signe de vie à part une laconique carte de voeux annuelle. La vie de cette famille déchirée nous est contée par Mona, mère disparue trop tôt, restée dans les limbes mystérieux d'un entre ciel et terre, veillant sur ceux qu'elle a aimés. Un très beau roman très poétique, truffé de références artistiques et culturelles. du poème de Jaccottet qui donne son titre au roman à Nabokov, Shakespeare, Homère pour ne nommer qu'eux ainsi que des clins d'oeil à Vélasquez, à Bach, à Beethoven...
Un roman magnifique.
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